Journée internationale du chien : le flair de Tirock piste les origines des incendies

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 26 août 2023
Maître chien Major Yves accroupi dans l'herbe et son chien Tirock positionné à ses côtés. Le maître chien pointe son doigt vers quelque chose et semble donner ses consignes à son chien qui se montre à l'écoute.
© GEND/ SIRPA-G/ BRI DOUBLET

En 2022, 66 000 hectares de forêt sont partis en fumée en France, selon le Système européen d’information sur les feux de forêt. Accidentels ou criminels, 95 % des incendies sont d’origine humaine. Pour déterminer les causes et circonstances de ces sinistres, la gendarmerie peut s’appuyer sur un certain nombre de technicités, parmi lesquelles les chiens spécialisés en recherche de produits accélérateurs d’incendies. La journée internationale du chien est l’occasion de mettre en lumière cette spécialité méconnue avec le major Yves, chef du Groupe d’investigations cynophile de Beynes, et son chien Tirock.

Tirock est un berger belge malinois tout juste âgé de trois ans. Il se montre fougueux, très joueur et persévérant. « Le profil parfait du chien spécialisé dans la Recherche de produits accélérateurs d’incendies (RPAI) », explique son maître, le major Yves, commandant du Groupe d’investigations cynophile (GIC) de Beynes (78). Maître de chien depuis 1996, le militaire a servi au sein du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Rambouillet (78), avant de rejoindre l’unité cynophile des Yvelines à sa création, en 2006.

Une technicité rare

La gendarmerie nationale s’est dotée de chiens RPAI au début des années 2000, à l’occasion de la refonte de son dispositif canin. Des unités situées dans les pays voisins, comme la Belgique et la Suisse pour ne citer qu’elles, disposent d’ailleurs également de cette compétence.

Aujourd’hui, ils ne sont que sept chiens en gendarmerie à détenir cette technicité et ont vocation à intervenir sur tout le territoire métropolitain et ultramarin en fonction des sollicitations. Outre Tirock, dans les Yvelines, ses congénères se trouvent ainsi à Saint-Quentin (Aisne), Salon-de-Provence (Bouche-du-Rhône), Évrecy (Calvados), Rennes (Ille-et-Vilaine), Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Atlantique) et Gramat (Lot).

Un maillon essentiel de la chaîne criminalistique incendie

Lors d’un incendie, en cas de doute quant à son origine accidentelle ou criminelle, la brigade locale intervient et sollicite le concours d’un Technicien en identification criminelle (TIC). Celui-ci doit alors confirmer ou infirmer le doute et, le cas échéant, déterminer la localisation du départ de feu, afin d’effectuer les prélèvements permettant d’identifier la matière incendiaire à l’origine de l’incendie, dont l’analyse se justifie au regard de la gravité du préjudice causé par le sinistre.

Toutefois, les circonstances et la configuration des lieux (espace naturel, étendue du feu, difficultés d’accès…) peuvent conduire le TIC à demander l’intervention de la cellule de Recherche des causes et circonstances des incendies (RCCI) et/ou d’un chien RPAI.

Les informations recueillies auprès des premiers intervenants vont alors permettre au maître de chien de déterminer sa zone de travail. Les recherches peuvent ensuite durer plusieurs jours. En cas de résultats positifs, le TIC va alors effectuer un prélèvement à l’endroit du marquage du chien et le transmettre pour identification au département Environnement incendies explosifs de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).

Pour autant, comme l’explique le major Yves, « la seule présence de matière incendiaire ne suffit pas à déterminer l’origine criminelle de l’incendie. C’est la localisation anormale de cette matière qui constituera un indice probant dans le cadre de l’enquête. »

Former et se former

Pour obtenir la technicité RPAI, Tirock, à l’instar de ses six autres compagnons à quatre pattes actuellement opérationnels sur cette compétence, a suivi une formation de quatorze semaines dispensée par le Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), à Gramat (Lot).

Une instruction basée sur le jeu et la mémorisation d’odeurs, au cours de laquelle les chiens apprennent à détecter six substances présentes dans 98 % des produits inflammables.

Le chien Tirock tente d'attraper le jouet que le militaire a saisi dans sa main.
© GEND/ SIRPA-G/ BRI DOUBLET

Ce stage se conclut par une mise en situation avec une évaluation portant sur quarante microlitres de produit incendiaire seulement, quantité correspondant à ce qui reste en moyenne sur les lieux après une combustion importante.

Cette capacité opérationnelle, Tirock et son maître l’entretiennent au quotidien, en s’entraînant au cours d’exercices, où le major Yves s’attache tout particulièrement à maintenir le niveau de précision dont Tirock est capable de faire preuve dans le cadre de ses marquages.

Au-delà de leurs interventions opérationnelles (plus d’une quarantaine à l’année), le major et son chien dispensent également des formations au profit des TIC nouvellement habilités, afin de les sensibiliser à la technicité RPAI et de porter à leur connaissance quelques actes réflexes à avoir en présence d’un incendie potentiellement criminel.

Un élargissement récent des sollicitations RPAI

Outre les recherches effectuées après incendie, Tirock et son maître sont de plus en plus fréquemment engagés à des fins dissuasives et judiciaires. Les chiens RPAI sont en effet capables de détecter la présence de produit accélérateur sur les personnes ou les vêtements. Ils peuvent ainsi être sollicités dans le cadre de perquisitions, afin de confondre l’auteur de l’incendie par le biais des vêtements portés lors des faits et qui se trouveraient au domicile.

La gendarmerie adopte...

Dans le cadre des différentes technicités cynophiles, la gendarmerie recherche des chiens (achat ou don), principalement des bergers allemands et des bergers belges. Ils doivent être âgés de moins de 2 ans et se montrer très joueurs.

Contact : CNICG Gramat au +33 (0) 5 65 10 14 30

 

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