Samedi 22 juillet 2023. À Maignelay-Montigny, commune de 2 700 habitants, située au cœur du plateau picard, dans les Hauts-de-France, un incendie lié à un problème électrique se déclare en fin d’après-midi au premier étage d’un immeuble d’habitation. Alors qu’ils effectuent une patrouille de prévention de proximité sur le secteur, les maréchaux des logis-chefs Alexandre et Arnaud sont appelés par le Centre d'opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG). Ils sont immédiatement projetés sur le lieu du sinistre. Respectivement âgés de 44 et 40 ans, Alexandre et Arnaud sont affectés à la brigade de proximité de Maignelay-Montigny depuis plusieurs années. Ensemble, ils ont mené de nombreuses interventions. « Collègues depuis neuf ans, nous travaillons en parfaite harmonie. Nous nous comprenons en un seul regard », confie Alexandre. Une complicité et une compréhension mutuelle, qui, ce jour-là, seront cruciales. Les militaires sont les premiers à arriver sur les lieux. Engagés sur d’autres interventions, dont un accident de la route, les sapeurs-pompiers arriveront sur site dans un second temps.

Une intervention parfaitement maîtrisée

Tandis que l’appartement du premier étage est en proie aux flammes et que la fumée envahit déjà la cage d’escalier, les gendarmes frappent aux portes de tous les appartements, à la recherche d’éventuels résidents. « À l’issue de cette opération de vérification, nous nous sommes rendus au bas de l’immeuble, où nous avons dressé un cordon de sécurité pour mettre à l’abri du danger l’ensemble des habitants », raconte Arnaud. À cet instant, les résidents s’aperçoivent de l’absence à leurs côtés de la jeune femme occupant l’appartement du dernier étage. Cette dernière, sous l’effet d’un puissant traitement à base de somnifères, dort profondément. N’ayant pas réagi au passage des gendarmes, elle se trouve encore dans son appartement.
Alors qu’ils pénètrent de nouveau dans l’immeuble afin de secourir l’habitante, la cage d’escalier est assombrie par d’épaisses fumées noires, et les flammes gagnent désormais les étages supérieurs. Le temps est compté. Après avoir appelé, en vain, la jeune femme, les gendarmes entreprennent de forcer l’ouverture de la porte, à coups de pied. Réveillée par l’intervention des deux militaires, la résidente se présente, paniquée, dans l’entrée. Alexandre et Arnaud l’aident à s’extraire de son appartement, puis la conduisent en sécurité à l’extérieur de l’immeuble, où elle sera prise en charge par les sapeurs-pompiers.
Mais l’intervention des gendarmes ne s’arrête pas là ! Ils retournent au premier étage de l’immeuble pour sauver deux chats bloqués dans un appartement ravagé par les flammes. Une fois les félins mis en cage, ils quittent l’immeuble pour retrouver les résidents, jusqu’à l’arrivée des sapeurs-pompiers. Au terme d’une intervention parfaitement maîtrisée, tous les habitants sont sains et saufs.

Un moment symbolique

Pour le sens du devoir et le courage exceptionnels dont ils ont fait preuve en cette journée de juillet, les maréchaux des logis-chefs Alexandre et Arnaud recevront la médaille d’or de la défense nationale avec étoile de bronze. La récompense leur sera décernée ce vendredi 16 février 2024, à l’occasion de la cérémonie nationale organisée aux Invalides, en hommage aux gendarmes décédés ou blessés en service, ainsi qu’aux militaires ayant accompli un acte héroïque.
Pour Alexandre et Arnaud, tous deux pères de famille, cette intervention sur un incendie était une première. Une mission qu’ils ont cependant menée comme toute autre, avec méthode et professionnalisme. Ceci en dépit du danger, principalement lié aux fumées toxiques. « Je tiens à féliciter mon collègue pour son action au cours de cette opération de haute intensité, lors de laquelle aucun de nous n’a été blessé », ajoute Alexandre.
C’est ensemble, à nouveau, que les deux militaires pénétreront ce vendredi dans la cour d’honneur des Invalides, où se tiendra la cérémonie d’hommage. « Recevoir une médaille dans ce lieu revêt une signification particulière. C’est pour moi un honneur et une immense fierté », estime Arnaud.
Ancien garde républicain (de 2008 à 2015), Alexandre se dit quant à lui excité de recevoir à son tour les honneurs de l’Institution. « Après avoir connu l’envers du décor, et participé dans le cadre de mes fonctions aux cérémonies d’hommage de la gendarmerie, je serai pour cette fois de l’autre côté. C’est une nouvelle expérience ! », conclut-il.