Hautes-Alpes : 6 jours à vélo pour se reconstruire
- Par Antoine Faure
- Publié le 18 avril 2021
Le gendarme Nicolas et l’adjudant Frank ont parcouru à vélo les routes des Hautes-Alpes, afin de réaliser un challenge sportif, mais aussi de sensibiliser les unités visitées à l’accompagnement des blessés de l’arme et à leur reconstruction par le sport. Ils nous racontent ce beau projet.
Le gendarme Nicolas et l’adjudant Frank se sont rencontrés pour la première fois l’an dernier, au Groupement de gendarmerie départementale (GGD) des Hautes-Alpes. Le second, affecté à l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 26/6 de Gap, a répondu à un appel à volontaires pour devenir référent régional pour la réinsertion par le sport des militaires blessés. « Un sujet qui me tient personnellement à cœur, explique-t-il. Ma mère, ancienne championne d’Europe de triathlon, a subi plusieurs transplantations, et a pu participer ensuite aux Jeux mondiaux des transplantés. Je connais les vertus du sport pour se reconstruire personnellement et se réinsérer socialement. »
Dans le cadre de sa formation, Frank doit accompagner un blessé durant trois mois, avec la réalisation d’un objectif sportif à la clé. On lui présente Nicolas, et le courant passe entre les deux hommes. « On a parlé longtemps, se souvient Nicolas. Il voulait faire quelque chose de concret pour les blessés en service. Je me suis dit que si je pouvais apporter ma petite pierre à l’édifice, je devais le faire. Je lui ai dit banco ! »
Je suis reparti de zéro
Nicolas s’est blessé en juillet 2009. Alors affecté à la brigade territoriale de Bourg-Madame, dans les Pyrénées-Orientales, il effectue son stage du brevet technique montagne à Chamonix. « J’étais en tête sur une voie de l’aiguille de la République, dans le massif du Mont-Blanc, et j’ai dévissé, raconte-t-il. La lumière s’est éteinte et on l’a rallumée un mois et demi plus tard. » Après son réveil, il apprend que l'un de ses camarades de stage est décédé accidentellement, sept jours seulement après sa chute. Il en est profondément affecté.
De l’avis de tous les médecins, Nicolas est un vrai miraculé. « À force de me l’entendre dire, j’ai fini par le croire. » Après son coma, commence une période de rééducation, physique et neurologique. « Je suis reparti de zéro. Plus rien ou presque ne fonctionnait. » Neuf mois de travail plus tard, il finira par retrouver sa motricité. « Arrivé en rééducation sur un brancard, sous perfusion, j’en suis sorti sur mes deux jambes, les mains dans les poches. »
Mais pour un blessé, la rééducation n’est qu’une première épreuve. La suite sera tout aussi douloureuse. « Bien sûr, j’ai la chance de vivre dans un pays qui m’a permis de me reconstruire physiquement, mais ensuite, on se retrouve un peu seul sur le bord de la route. Je suis entré en gendarmerie avec de vraies convictions, pour être sur le terrain, au contact de la population. Mais on m’a dit que ce n’était plus possible, alors que je m’en sentais capable et que je voulais vraiment retrouver la même vie qu’avant. J’ai été affecté au secrétariat de la compagnie de Céret, dans les Pyrénées-Orientales, dans un bureau où j’avais vue sur les montagnes. Elles étaient belles, mais je ne pouvais plus y aller et en profiter comme avant. À force, plutôt que de continuer à broyer du noir, j’ai préféré changer de décor. » Nicolas demande alors sa mutation à Gap.
Une pièce du puzzle
Lors de leur rencontre au groupement, Nicolas et Frank discutent de leur objectif commun. « Avec la crise sanitaire, on craignait que toutes les compétitions sportives soient annulées, note Frank. Alors, on a décidé de se construire notre propre challenge, un périple de six jours à travers tout le département, à la rencontre des gendarmes dans les brigades. Avec un triple intérêt : réaliser un défi sportif pour Nicolas, me faire connaître auprès des unités comme référent régional, et sensibiliser le commandement à la nécessité de mettre en place des stages de sport pour les blessés et leurs familles. »
Avec une soixantaine de kilomètres par jour, le choix du vélo s’impose. Nicolas utilisera un triporteur à assistance électrique, lui permettant de monter et de descendre de l’engin sans douleur, et de ne pas être obligé de descendre du vélo à l'arrêt. À chaque étape, les deux militaires sont accompagnés de camarades des unités des villes de départ ou d’arrivée, qui pédalent avec eux sur la moitié du parcours.
« L’idée n’était pas forcément de réaliser un exploit, même si c’était physique, relève Nicolas. Ce qui m’a emballé c’est de pouvoir aller à la rencontre des gendarmes, dont deux blessés en service, mais aussi d’autres militaires, comme ceux du 4e Régiment de chasseurs de Gap (4e RCh) sur la première étape, d’échanger et de partager avec eux. Le sport est une forme de réinsertion sociale qu’il faut promouvoir. Ce n’est pas un remède miracle, mais c’est une pièce du puzzle. Je regrette qu’on ne m’ait pas proposé ce type de challenge il y a 10 ans. »
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