Etre motocycliste en gendarmerie
- Par la capitaine Gaëlle Pupin
- Publié le 18 juin 2016
L'adjudant Renaud Limonier se confie sur son métier, né d'une véritable passion.
Son premier guidon, il l’a tenu à l’âge de 5 ans. Un peu moins de 30 ans plus tard, il conjugue « moto et boulot » en rejoignant les rangs des motocyclistes de la gendarmerie, au sein d’une unité de sécurité routière. Un objectif défini depuis son entrée dans l’Institution, quatorze ans plus tôt.
Mais avant d’atteindre son but, il s’impose un passage en gendarmerie mobile puis en brigade. « Au-delà de la découverte du panel des missions, cela permet de se forger une expérience, de prendre du recul sur l’exercice du métier. » Lorsqu’il évoque ses missions quotidiennes, il ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire.
« Servir en unité routière ne se résume pas seulement à réprimer les comportements dangereux des usagers. C’est avant tout rester au cœur de la G.D., avec toutes ses missions, mais avec des moyens différents. »
Sur la piste des infractions routières
Pour lutter contre l’insécurité routière, son outil principal reste bien évidemment la moto. Alliant maniabilité, accélération et réactivité, elle offre des capacités supplémentaires d’action, notamment en matière de contrôle de vitesse, de recherche des conduites addictives ou encore de contrôles coordonnés ciblés.
« Plus discrète, elle permet de se fondre dans le décor, de détecter les comportements à risque ou les infractions accidentogènes (téléphone, ceintures, etc.). Son utilisation au quotidien reste le principal attrait de servir en unité de sécurité routière », reconnaît l’adjudant Limonier.
En tant que gradé d’encadrement, il a toute latitude pour diversifier les contrôles et cibler sa délinquance. « Au sein de notre unité, il n’y a pas de course au numéro, ce qui permet de faire preuve de discernement et d’orienter principalement notre action sur les zones à risque. »
Prendre la trajectoire du judiciaire
Planques pour lutter contre les vols de carburant sur les aires d’autoroute, prises de garde à vue lors des remises douanières, utilisation efficiente du Lapi… S’il reconnaît que la police judiciaire n’est pas la vocation première des motocyclistes, son expérience d’ancien brigadier l’encourage à dépasser l’image les réduisant à de simples agents verbalisateurs. Il apprécie ainsi à sa juste mesure les prérogatives octroyées par sa qualification d’officier de police judiciaire.
« Tout passe par la route. C’est un moyen de lutte efficace contre toutes les formes de délinquance, pour peu qu’on veuille s’en donner la peine. » Il prend pour exemple un récent contrôle routier.
Un test salivaire positif. Le conducteur remet alors spontanément quelques grammes de résine de cannabis. « J’ai voulu aller plus loin, gratter un peu plus. » L’initiative se révèle payante : la perquisition au domicile du délinquant permet la découverte de 300 grammes de résine de cannabis. « L’enquête qui a suivi a démontré que ce jeune majeur alimentait les collèges et lycées des environs. Sa copine mineure servait de contact… »
Satisfait du résultat de ces investigations, il admet que « ce type d’enquête peut être approfondi en unité de sécurité routière, ce qui est plus délicat en brigade territoriale, faute de temps. »
Lutte catégorie poids lourds
Lors de son passage au sein du Centre national de formation à la sécurité routière (CNFSR), son « meilleur stage en gendarmerie ! », il découvre également un métier différent, « une spécificité par rapport au travail en brigade » : la coordination des transports. « La législation est plutôt complexe mais le Centre nous donne des clés lors de la formation initiale. »
Dès lors, la réglementation relative aux interdictions de circulation, au temps de conduite, à la vitesse, aux équipements obligatoires ou encore le contrôle du respect des règles relatives aux conditions du transport, en particulier lorsqu'il s'agit de voyageurs, d'animaux vivants, de matières dangereuses ou nécessitant des aménagements spécifiques (transport frigorifique de denrées alimentaires), ou encore de transports exceptionnels font partie de son quotidien.
Une expertise qui entraîne la compétence systématique des unités de sécurité routière en cas d’accident impliquant un poids lourd sur le ressort de la compagnie. « Cette spécificité nous amène également à travailler de concert avec les administrations concernées, à l’instar de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) ou de la Direction des services vétérinaires (DSV). »
Guide de bonne conduite
Qu’il s’agisse de former les « piétons » nouvellement affectés dans son unité, d’effectuer une remise à niveau des motocyclistes en relayant des éléments de formation dispensés au sein du CNFSR ou de participer aux journées sécurité routière, l’adjudant Limonier est dans son élément. « L’année dernière, nous avons ciblé les conducteurs de deux-roues contrevenant à la réglementation sur l’équipement ou auteurs de comportements à risque. Nous les avons invités à participer à une journée pédagogique. » Une alternative aux poursuites organisée en lien avec les services de la préfecture.
Au programme : conférences, simulations, parcours de maniabilité… « Beaucoup arrivent en se prenant pour des Valentino Rossi. Après quelques minutes sur le parcours, ils déchantent. Une vraie prise de conscience ! » Un dialogue se noue alors autour d’une passion commune. « C’est l’occasion de délivrer des conseils avisés et de transmettre une autre image de la gendarmerie. »
Cette expérience le conforte dans l’orientation de son parcours professionnel. Conscient des nécessaires évolutions à apporter dans le cadre de la conduite motocycliste en gendarmerie (amélioration de la communication entre binômes, définition d’une doctrine pour l’intervention professionnelle en deux-roues, etc.), il est persuadé de l’utilité de l’action du motocycliste dans l’ensemble du spectre missionnel.
Il passe alors la vitesse supérieure et répond à un appel à volontaire pour intégrer le CNFSR. Ayant réussi les tests avec succès, il a rejoint le Centre en tant qu'instructeur. Prochaine étape ? « Chaque chose en son temps », répond-il posément. Pour le moment, sa ligne de conduite est orientée sur sa future mission : « Transmettre ma conception de la pratique motocycliste. Et par la même occasion ma vision de la gendarmerie… »
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