De la physique nucléaire à la gendarmerie nationale : parcours d’un futur officier

  • Par Maud Protat-Koffler
  • Publié le 25 avril 2019
© D.R.

À 27 ans, le sous-lieutenant Bastien Traverse s’apprête à intégrer l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Retour sur le parcours atypique de cet élève officier ligérien.

Quel a été votre parcours académique, puis professionnel, avant d’intégrer l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) ?

J'ai effectué la quasi-totalité de mes études dans la Loire. Après un Bac S au lycée François Mauriac-Forez d'Andrézieux, je suis entré en classe préparatoire (physique technologie sciences de l'ingénieur, puis physique technologie) au lycée Étienne-Mimard de Saint-Étienne.

À l'issue, j’ai intégré une licence de physique-chimie à l'université Jean-Monnet, avant de poursuivre en master, à l'université Claude-Bernard de Lyon 1, en me spécialisant en physique nucléaire en deuxième année (synthèse, vieillissement et caractérisation des matériaux du nucléaire).

Ces deux années m’ont permis d’effectuer mes stages au sein du Centre hospitalier universitaire (CHU) nord de Saint-Étienne, au sein du service de médecine nucléaire. Cela m'a donné l'occasion de poursuivre un doctorat à compter de septembre 2015, au sein du service d'endocrinologie de ce même CHU, en étant rattaché à l’école doctorale sciences, ingénierie, santé de l'Université Jean-Monnet de Saint-Étienne. Ma thèse porte sur l'imagerie cérébrale dans le cadre de certaines addictions comportementales (anorexie mentale et sport). Je suis actuellement en attente de pouvoir soutenir cette thèse.

Pour payer mes études, j'ai travaillé dans l'hôtellerie-restauration en tant que plongeur et commis de cuisine. Puis, de septembre 2015 à juillet 2018, dans le cadre de ma thèse, j'ai servi en tant qu'ingénieur hospitalier au sein du CHU Nord Saint-Étienne.

Et parallèlement à vos études, vous vous êtes engagé dans la gendarmerie en tant que réserviste…

J'ai en effet intégré la réserve opérationnelle de la gendarmerie, au profit du groupement de la Loire (GGD 42), en 2013, après avoir effectué cinq semaines de Préparation militaire supérieure gendarmerie (PMSG), à Saint-Astier. Mes trois premières années en tant que réserviste ont été classiques, mais très enrichissantes, alternant services de surveillance de manifestations sportives, renforts aux unités, patrouilles autonomes de réservistes ou encore transfèrements judiciaires.

Après avoir été gendarme adjoint, brigadier, puis brigadier-chef de réserve, j'ai été promu gendarme de réserve en septembre 2015. Depuis juin 2016, ma vie au sein de la réserve a radicalement changé puisque j'ai intégré la cellule réserve départementale en tant que gestionnaire réserve. À ce titre, j’ai beaucoup appris sur le fonctionnement de notre institution. J'ai également commencé à participer à des actions de communication, notamment sur des forums de recrutement. Un an plus tard, j’ai découvert le service logistique et financier du GGD 42. Puis, en décembre 2017, j'ai été promu sous-lieutenant de réserve. J’ai alors rejoint le service administration du personnel de mon groupement, où je me suis notamment occupé de la gestion de la campagne de notation, tout en continuant à mener des actions de communication et de recrutement, ainsi que des missions sur des événements sportifs en tant que commandant de peloton de réservistes.

J'ai quitté la réserve en août 2018 lors de mon incorporation à l'EOGN, le cœur riche de beaucoup de souvenirs. Mes années en réserve ont été une expérience marquante et enrichissante, au cours desquelles j'ai pris un réel plaisir auprès des personnes que j'ai eu la chance de côtoyer. Je n'ai jamais eu de mal à concilier ma vie civile et ma vie militaire, étant toutes deux cimentées par la passion, même si l'une comme l'autre étaient très chronophages.

Pourquoi avoir choisi de devenir officier de gendarmerie ?

Mon choix de rejoindre la gendarmerie remonte à ma jeunesse. Bien que n'ayant aucun militaire dans ma famille, à l'exception d'une petite sœur actuellement élève-officier au 2e bataillon de l'École spéciale militaire Saint-Cyr, j'ai toujours été attiré par cet univers qui me fascinait. Dès lors que j'ai rempli les conditions, je me suis engagé dans la réserve afin de me faire une première expérience. Rares sont les métiers qui laissent cette possibilité d'avoir un premier aperçu in situ. Cette expérience a été un plein succès et m’a conforté dans mon choix professionnel. Dès lors, je me suis inscrit et préparé, bien aidé en cela par mon commandant de groupement, mon conseiller réserve et tous mes camarades du groupement, pour la session 2018 du concours O.G. (officier de gendarmerie) titres, où j'ai été admis.

Quelle que soit notre dominante ou notre spécialisation en sortie d'école, ce passage à l’EOGN nous permet d'être formés au commandement et solidement acculturé à l'univers dans lequel nous allons évoluer dès les premières années. Ceci s'applique également aux officiers scientifiques recrutés sur titres, qui seront amenés, dès leur sortie d'école, à exercer un commandement en unité ou à l'IRCGN avec toutes les spécificités que cela comporte. D’où la nécessité d'une formation idoine que seule l'EOGN peut dispenser.

Vous avez le profil pour rejoindre l’IRCGN à votre sortie de l’EOGN. Est-ce votre souhait ?

Actuellement il n'y a pas de certitude absolue quant à mon affectation ou non à l'IRCGN, cette information devant nous être diffusée officiellement à la rentrée. Néanmoins, de part mes compétences en imagerie médicale, je pense que je pourrais avoir ma place au sein de la Division criminalistique identification humaine, et plus précisément au sein du Département médecine légale et odontologie pour les autopsies virtuelles. Mais la variété de mon parcours pourrait aussi m’amener vers d'autres branches, voire sur des fonctions plus transverses.

À terme, j'aimerais avoir la possibilité de servir au sein d'une unité telle que la cellule nationale NRBC-E ou l'office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique. Néanmoins, où que j'aille, je serai satisfait, ayant avant tout choisi la gendarmerie pour la richesse des parcours qu'elle propose et non pour une affectation en particulier.

Dans l'hypothèse où je partirais à l'IRCGN, je continue, parallèlement à ma scolarité à l'EOGN, de maintenir mes compétences à jour en suivant notamment l'actualité scientifique et en assurant une veille active sur certains sujets. Les sciences, quelle qu’en soit la branche, sont un domaine en évolution permanente. Dans ce domaine, la capacité de se tenir à jour est, selon moi, primordiale. Cela va de pair avec une nécessaire capacité à innover. Comme le disait Chateaubriand : « Tout ce qui est fixe est fatal. »

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