Retour sur la fascinante aventure des hélicoptères en gendarmerie – épisode 1 : une naissance difficile (1950-1951)

  • Par Roger Drouin, lieutenant-colonel (réserviste), ancien des Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN) de 1975 à 1988
  • Publié le 04 septembre 2023
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Des gendarmes et des militaires de l'armée de Terre échangent dans un champ devant un hélicoptère Hiller 360 de la gendarmerie nationale.

Dans le contexte houleux de l’après-guerre émerge l’idée au sein de la gendarmerie de se doter d’un nouvel engin jugé par certains prometteur : l’hélicoptère. Les gendarmes y voient l’occasion d’améliorer leurs performances dans l’exécution de leurs missions. Mais la gendarmerie se heurte dès lors à l’opposition de divers acteurs, tant internes qu’externes, venant contrecarrer ses ambitions.

Au début des années 1950, dans un contexte d’après-guerre, le milieu militaire est marqué par la querelle opposant l’armée de l’Air à l’armée de Terre. La seconde revendique une place que la première ne veut pas vraiment lui concéder en matière « d’aviation de servitude ». Depuis la nuit des temps, l’homme - et particulièrement le militaire - a eu besoin de prendre de la hauteur pour mieux voir, mieux observer, mieux renseigner, mieux décider et, par voie de conséquence, mieux agir... Ce qui n’est pas forcément synonyme d’« agir à bon escient » !

Naissance de l’ALOA, Aviation légère d’observation d’artillerie

On note ainsi que les fantassins (pris au sens le plus large) sont preneurs, avec gourmandise, de ces renseignements pour éclairer leur manœuvre. Et parmi eux, les artilleurs sont au premier rang pour observer les coups au but (ou pas !) de leur canon et en rectifier le tir. De plus, forts de leur science, ils estiment qu’il serait inepte de confier cette mission à un aviateur seul. Un artilleur qualifié « observateur aérien » embarque donc dans l’aéronef. Il en est le chef de bord, le pilote étant cantonné au rôle de chauffeur. De là à imaginer que les artilleurs pourraient utilement se doter de leur propre aviation légère, il n’y avait qu’un pas que d’aucuns à l’État-major de l’armée de terre (EMAT) franchirent allègrement...

À l’autre bout du spectre, la toute jeune armée de l’Air, dont la naissance date de 1933, entend bien défendre bec et ongles son récent pré-carré. Pour elle, tout ce qui vole relève de sa seule compétence. Et même si, dans ses rangs, les puristes regardent avec un dédain de mauvais aloi l’aviation légère, il ne saurait être question pour eux de la concéder à qui que ce soit ! Il en va de même avec la nouveauté qu’est l’hélicoptère. Un machin sans aile, qui ne saurait prétendre à la qualité d’avion… Mais qui vole ! Il serait donc impensable que quiconque autre qu’un aviateur s’approprie sa gestion.

C’est de cette opposition que naîtra en 1951, en Indochine, l’Aviation légère d’observation d’artillerie (ALOA), sorte de mariage de la carpe et du lapin ! Dans lequel les taxis et les personnels techniques appartiennent à l’armée de l’Air et sont détachés auprès de l’ALOA1 dont les unités appartiennent à l’artillerie et sont commandées par des artilleurs. Le plus surprenant étant que, même si cela n’allait pas tout seul tous les jours, cela a fonctionné, et plutôt bien !

L’intérêt grandissant et controversé de la gendarmerie pour l’hélicoptère

En coulisse, discrètement comme à son habitude, la gendarmerie se réforme également pour préserver son indépendance et tenter de gagner son autonomie budgétaire. N’oublions pas qu’à cette époque, c’est encore de l’armée de Terre dont elle dépend, laquelle décide de son budget. Sur les propositions élaborées par les légions de gendarmerie et la Direction de la gendarmerie et de la justice militaire (DGJM) certes, mais la décision en dernier ressort appartient à l’EMAT.

C’est dans ce contexte que la gendarmerie se montre vivement intéressée, elle aussi, par l’aviation de servitude et même - outrecuidance s’il en est ! - par l’hélicoptère, lequel montre le bout de ses pales depuis trois ans. À la DGJM, d’aucuns sont persuadés de tenir là un moyen idoine pour le recueil du renseignement indispensable à la bonne exécution des missions de police administrative et de maintien de l’ordre. Mais ils sont loin de faire l’unanimité, quand ils ne suscitent pas, comme à l’EMAT, de francs éclats de rire !

Dans ce climat de défiance, trois personnages visionnaires joueront un rôle prépondérant pour contribuer à vaincre les oppositions qui s’expriment en interne comme à l’extérieur.

1 : L’ALOA deviendra l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) en 1954.

 

Pour aller plus loin

L’Aventure au quotidien (Tome 1 : La Préhistoire – Tome 2 : Le Temps des Alouettes – Tome 3 : L’Outre-Mer) par le lieutenant-colonel Roger Drouin aux Éditions Complicités (collection L’Art de Transmettre)

 

 

 

 

 

 

 

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