Des gendarmes sous blindage

  • Par colonel Laurent Vidal, délégué au patrimoine
  • Publié le 16 mars 2018
Automitrailleuse White M3 en Algérie.
© SHD

Moins de 20 ans après son apparition, la gendarmerie adopte le char de combat. Qu’il soit à roue ou à chenilles, le véhicule blindé appartient à l’histoire moderne de l’Arme. Tour d’horizon des montures cuirassées des gendarmes.

Au cours de la soirée du 24 avril 1961, en plein putsch des généraux à Alger, des blindés prennent position devant l’Assemblée nationale et à proximité d’autres bâtiments abritant les organes majeurs de l’État. Douze Sherman passent la nuit devant les marches du Palais Bourbon, face au pont de la Concorde, leur long canon calé sur la chaise de route.

Au matin, toute crainte d’action armée étant écartée, les chars et half-tracks reprennent le chemin de Satory. Ces blindés appartiennent à la gendarmerie nationale et, pendant ces heures de tension, ont physiquement incarné la mission de protection des institutions qui incombe aux militaires de l’Arme.

De l’entre-deux-guerres à la guerre froide

Des blindés dans la gendarmerie ? Pour étonnante qu’elle puisse paraître aujourd’hui, la situation n’est pas nouvelle et constitue même une constante depuis le début des années 1930. Pour être en mesure de réagir à toute menace dépassant le simple cadre du maintien de l’ordre sans nécessiter un recours disproportionné à la troupe, un groupe spécial de la Garde républicaine mobile (GRM) est créé en 1933 à proximité de Paris, à Satory.

Cette unité est équipée de véhicules blindés à chenille (des Renault FT17 issus des stocks de la Grande Guerre) et d’automitrailleuses semi-chenillées Panhard P16. En 1939, le groupe fournit l’essentiel des personnels du 45ème Bataillon de chars de combat (BCC).

Équipé d’abord de chars Renault R35, puis de Hotchkiss H39 (plus modernes et dont le canon de 37 long constitue une arme antichar bien plus efficace), le 45ème BCC est notamment engagé à Stonne et perd tous ses engins dans les combats de mai 1940.

 

Char Hotchkiss H39 équipé du canon de 37 mm SA 38.

© SHD

Après guerre, devenue 2ème groupe de la 23ème légion de GRM, l’unité est dotée de chars Sherman M4A2 et M4A4. Ils sont ensuite remplacés par des Sherman M4A1E8 à la suspension modernisée et au puissant tube de 76 mm long. D’autres unités de gendarmerie se trouvent par ailleurs équipées de blindés.

Des automitrailleuses à six roues d’origine américaine M8 et M20 sont mises en dotation dans des escadrons de gendarmerie mobile. La période des conflits de décolonisation voit la gendarmerie mettre en œuvre des half-tracks et des scout-cars White. Certaines unités sont dotées de chars M24 Chaffee ou M3 Stuart, d’obusiers M8.

On trouve même trace de chenillettes Bren carrier d’origine britannique. Pour faire face dans de bonnes conditions à des situations de maintien de l’ordre, plus particulièrement en Algérie, certains half-tracks sont modifiés par l’ajout de grilles de protection.

Dès 1962, apparaissent des véhicules plus modernes de la famille AMX13. Les gendarmes de Satory disposent de la version canon de 75 (36 exemplaires), du transport de troupe (une trentaine) et de la déclinaison en véhicule de dépannage (cette dernière remplaçant le Sherman M32 Recovery).

Une modernisation … qui commence à dater

Dans le cadre de la défense opérationnelle du territoire, des escadrons blindés de gendarmerie mobile, répartis sur toute la France métropolitaine, se voient par ailleurs dotés d’automitrailleuses Panhard AML en version mortier de 60 mm et canon de 90 mm.

Les AMX13 sont remplacés en 1982 par des VBC 90. Cet engin à roue, produit par Renault en 32 exemplaires, est spécifique à la gendarmerie. Ultramoderne, il bénéficie des dernières technologies du moment avec un canon de 90 mm tirant une munition à grande vitesse initiale (1300 m/s), une tourelle entièrement électrique et une conduite de tir associée à un télémètre laser.

Le VBC 90 est retiré du service en 2004. Les derniers engins de combat acquis par la gendarmerie sont des Véhicules de l’avant blindé (Vab).

Quelques exemplaires de ces transports de troupe blindés, très communs dans l’armée de Terre depuis les années 1980, armés d’une mitrailleuse de 12,7 mm sur une circulaire, ont été achetés pour faire face aux défis particuliers de l’engagement en Afghanistan.

Entièrement remis à neuf, équipés d’un surblindage spécifique, ils ont doté les escadrons de gendarmerie mobile engagés dans la formation et le monitoring des forces de sécurité intérieure afghanes. Ils ont été rapatriés lors du désengagement des troupes françaises.

 

Véhicules de l’avant blindé de la force de gendarmerie en Afghanistan.

© SHD

Par ailleurs, l’État a décidé à la fin des années 1960 de donner aux escadrons de gendarmerie mobile un véhicule spécialement conçu pour l’intervention sur la voie publique. Les premiers Véhicules blindés à roue de la gendarmerie (VBRG) de la firme Berliet sont réceptionnés en 1974.

Leur peinture bleue les identifie immédiatement en tant que véhicules de maintien de l’ordre (les autres blindés sont kaki). Ils se déclinent en quatre versions qui permettent de dégager des obstacles tout en transportant un groupe de 8 militaires (VBRG lame et VBRG treuil) et de disposer d’un poste mobile de commandement (VBRG PC).

Les VBRG disposent d’un lance-grenade et d’une mitrailleuse sous tourelleau ainsi que d’un diffuseur de lacrymogène de grande capacité. Toujours employés aujourd’hui, ils se répartissent désormais entre le Groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM) de Satory, le centre national d’entraînement des forces de la gendarmerie de Saint-Astier et des détachements outre-mer.

Notre tour d’horizon ne serait pas complet si n’étaient pas évoquées les voitures blindées. Ainsi, des Land-Rover bénéficiant d’une protection balistique renforcée ont permis aux gendarmes de mener à bien des missions de protection de personnalités dans des pays en crise tandis que des PVP Panhard (Petits Véhicules Protégés) ont notamment été utilisés lors de la crise géorgienne de 2008. Enfin, le GIGN dispose d’une gamme de véhicules blindés correspondant à ses missions d’intervention et de protection.

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