Place Nette 42, conception et mise en œuvre d’une opération coup de poing

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 25 mars 2024
Deux gendarmes mobiles de dos sur le quai devant un train de la région AUvergne Rhône Alpes
© Gendarmerie de la Loire

Entre le 11 et le 18 mars 2024, les gendarmes du département de la Loire ont conduit leur première semaine « Place Nette ». Retour sur une opération réussie.

 

C’est du 11 au 18 mars 2024, que Place Nette 42 a été menée par les gendarmes dans la Loire. Une semaine présentant un volet stratégique décliné en plusieurs objectifs pour lutter contre la délinquance locale. Si sa mise en œuvre opérationnelle ne dure que quelques jours, avec des moyens humains et matériels supplémentaires, les militaires la préparent depuis plusieurs semaines.

Une opération, trois axes

À travers cette semaine labellisée Place Nette, le colonel Sébastien Jouglar, commandant du Groupement de gendarmerie départementale de la Loire (GGD 42), a pour objectif de créer un impact psychologique fort sur la partie de la population qui trouble la tranquillité publique. Son but est à la fois de les neutraliser mais aussi de dissuader de nouveaux passages à l’acte, tout en rassurant le citoyen par son action.
Il s’appuie dès lors sur les aspects principaux de la délinquance constatée par ses gendarmes sur le département : infractions à la législation sur les stupéfiants, atteintes aux biens et trafics d’armes.
« Nous nous sommes appuyés sur des procédures judiciaires en cours liées aux stupéfiants, pour avoir du bilan et motiver l’attribution de moyens nationaux sur ces opérations, expose l’officier. Nous avions plusieurs enquêtes préliminaires et une commission rogatoire, qui nous ont permis de réaliser des interpellations et de saisir de la drogue et des cigarettes de contrebande. »
Le deuxième axe d’effort recouvre les atteintes aux biens, le GGD 42 étant confronté à une recrudescence de vols liés à l’automobile, concernant surtout les accessoires. « La particularité est que les vols sont perpétrés sur commande, par Snapchat ou via les réseaux sociaux, le voleur n’ayant pas de stock. Nous avons donc regroupé nos procédures sur les vols d’accessoires automobiles mais aussi celles relatives au maquillage de véhicules », ajoute le colonel. Dans ce dernier type d’affaires, le délinquant achète à l’étranger des cartes grises de véhicules accidentés qui ne circulent plus, vole le même véhicule en France, puis le maquille et lui attribue la carte grise achetée pour une bouchée de pain à l’étranger. Il n’a alors plus qu’à le revendre.
Le troisième sujet sur lequel les militaires choisissent de porter leur effort, à savoir la lutte contre les trafics d’armes, est une particularité de ce territoire, qui possède une forte culture de l’armement. « Pour l’anecdote, Saint-Étienne a été rebaptisée Armeville pendant la Révolution, sourit le colonel Jouglar. Cette fois-ci, nous nous sommes appuyés sur une procédure concernant le démantèlement d’une armurerie clandestine en fin d’année dernière sur le territoire de la compagnie de Roanne. Nous avions retrouvé le registre des clients de l’armurerie et nous avons profité de l’opportunité de disposer d’un escadron Guépard pour aller perquisitionner chez tous les clients d’un coup. Une petite quarantaine d’armes à feu ont été saisies dans des conditions de stockage qui n’étaient pas du tout satisfaisantes. »
Le GGD 42 dispose donc d’un socle important d’opérations judiciaires qui nécessitaient l’engagement de moyens importants, et que la semaine Place Nette a permis d’emmener efficacement à leur terme. « Nous avons pu conduire les phases opérationnelles de ces dossiers grâce à la mise à disposition des moyens nationaux dans un temps très court. C’est tout l’intérêt de le faire au cours de cette semaine Place Nette : on peut interpeller plusieurs cibles en simultanée, en particulier dans des secteurs urbains un peu sensibles qu’on peut avoir sur Saint-Étienne ou en périphérie de Lyon », déclare le commandant de groupement.

 

Combiner le judiciaire et les contrôles sur le terrain

Le mot d’ordre de cette semaine, comme pour chacune des Places Nettes, est la répression. Le seuil de tolérance est donc très bas lors de la constatation des infractions. Il ne s’agit plus de faire de la prévention mais de sanctionner.
D’un point de vue tactique, le choix est fait de positionner les opérations judiciaires les plus sensibles en début de semaine afin de garantir l’effet de surprise et des perquisitions positives. Car l’activité particulièrement dense des gendarmes durant cette semaine ne peut qu’attirer l’attention des délinquants, qui risquent de faire profil bas et ne pas conserver à leur domicile ce qui pourrait les mettre en défaut.
« Nous avons pu réaliser des opérations d’envergure un peu atypiques, ce qui a été payant, souligne l’officier. Grâce à l’escadron, on peut boucler tout un quartier et faire passer les chiens stupéfiants dans quinze cages d’escalier pour qu’elles ne soient pas nettoyées avant notre passage. Après les opérations judiciaires matinales, l’escadron Guépard étant toujours sur zone pour contribuer à la lutte contre la délinquance, nous avons programmé des contrôles de flux et de zones durant les après-midis et la seconde moitié de la semaine. »
Une dizaine d’espaces urbains présents sur le territoire de la gendarmerie de la Loire sont ainsi contrôlés par les militaires.
Le département 42 est traversé du nord au sud par le fleuve auquel il doit son nom, ce qui fait de chacun des ponts qui le traversent un point de passage obligé. Aussi, durant Place Nette 42, les gendarmes les tiennent de manière simultanée pour procéder à de nombreux contrôles des flux. « Le résultat a été là. Nous avons notamment arrêté un « uber-shiteur » qui détenait de la drogue et des cigarettes de contrebande. Dans ce système, assez développé dans le département, le dealer livre sur commande et tout est très compartimenté entre la commande et la livraison », poursuit le colonel.
En parallèle de cette manœuvre sur les axes routiers, les gendarmes se rendent dans les trains, où ils arrêtent des étrangers en situation irrégulière et délivrent des amendes forfaitaires délictuelles liées aux stupéfiants.

 

Au cours d’une perquisition, un perroquet gris du Gabon est découvert par les gendarmes. L’animal appartient à une espèce protégée. Retenu dans de mauvaises conditions, il est remis à un zoo.

 

 

Une opération préparée en coordination avec de nombreux partenaires

Pour planifier une opération de cette envergure, les gendarmes de la Loire, une fois les moyens nationaux attribués, s’organisent à l’avance avec leurs partenaires habituels, pour faire converger leurs moyens et travailler de concert. Ce travail de conception est réalisé plusieurs semaines en amont de l’opération.
Du côté de la gendarmerie, des renforts, comme celui de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Moulins, du détachement à résidence de l’EGM de Roanne et des équipes cynophiles de la région de gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes (RGARA), augmentent la marge de manœuvre du GGD 42. C’est grâce à ces moyens alloués aux niveaux national et régional que le département peut bâtir la semaine Place Nette.
La structure de cette dernière se construit tout d’abord autour des enquêtes et de leur phase opérationnelle. « Cela a impliqué un travail conséquent de la part des directeurs d’enquête en amont, en lien avec les magistrats, pour que les opérations soient prêtes la bonne semaine. Le tout en sachant que nous avons deux parquets sur le département, et qu’il y avait aussi une information judiciaire dans les dossiers concernés. »
Outre les procureurs de Saint-Étienne et de Roanne, c’est aussi avec la préfecture de la Loire que les gendarmes se concertent pour identifier les thématiques ainsi que les secteurs sur lesquels ils vont procéder aux contrôles.
« Ce lien se fait aussi en transparence avec les élus pour ratifier les lieux où ces contrôles s’avèrent le plus nécessaires. Nous devons adapter la réponse de la gendarmerie pour que cela réponde aux besoins du terrain. Les actions sur les secteurs identifiés sont ensuite menées en lien avec les polices municipales et les bailleurs sociaux », explique le commandant de groupement.
C’est ainsi qu’à la manœuvre globale de la gendarmerie se sont également greffées les douanes pour les contrôles aux barrières de péage et les CODAF, la Sûreté ferroviaire (SUGE) pour ceux dans les trains, la Société de transport de l’agglomération stéphanoise (STAS) dans les bus, l’Urssaf pour les contrôles sur les chantiers, la Direction départementale de protection des populations dans les commerces et la police nationale pour les actions en périphérie de Saint-Étienne.

Des membres de la gendarmerie et de l'URSSAF sur un chantier en contrôle
© Gendarmerie de la Loire

Un temps fort pour les gendarmes ligériens et un bilan positif

Le colonel Jouglar ne manque pas de souligner le professionnalisme avec lequel ses militaires ont conduit la mission, de ses prémices à sa fin. « Les gendarmes du groupement se sont investis et émulés encore plus que d’habitude pour mener leur service au mieux. Ils ont bien intégré l’aspect répressif de la manœuvre en vue d’avoir un bilan important en fin de semaine. Cela a vraiment été un temps fort sur le département. »
C’est grâce à cet investissement que l’opération s’avère être une réussite. Toutes les interpellations ont été faites, et plusieurs enquêtes judiciaires ont été ouvertes de manière incidente à la suite des nombreuses perquisitions menées. L’objectif des enquêteurs est maintenant de les traiter autant que possible dans le temps de la flagrance. Même bilan pour les contrôles de flux et de zone qui ont été efficaces.
Le colonel et ses personnels avaient également travaillé, en amont et en conduite, sur l’aspect communication de Place Nette 42. Cette dernière est essentielle, tant pour expliquer que pour relayer l’action des gendarmes ligériens. Ces derniers ont été accompagnés par le bureau communication de la RGARA et le service communication de la préfecture, dans la conception et sur le terrain.

  • Sur un parking devant une alpine vue de dos un camion embarque une moto
    © Gendarmerie de la Loire
  • Deux images d'équipes cyonphiles gendarmerie, à gauche dans un train  et à droite en haut d'un escalier
    © Gendarmerie de la Loire
  • Onze fusil sous scellé sur un carrelage
    © Gendarmerie de la Loire
  • Deux gendarmes mobiles devant un véhicule de maintien de l'ordre au pied d'un immeuble
    © Gendarmerie de la Loire
  • Saisie d'un pistolet et d'argent liquide ainsi que de réine de cannabis conditionnée
    © Gendarmerie de la Loire
  • Sur un parking devant une alpine vue de dos un camion embarque une moto
    © Gendarmerie de la Loire
  • Deux images d'équipes cyonphiles gendarmerie, à gauche dans un train  et à droite en haut d'un escalier
    © Gendarmerie de la Loire
  • Onze fusil sous scellé sur un carrelage
    © Gendarmerie de la Loire
  • Deux gendarmes mobiles devant un véhicule de maintien de l'ordre au pied d'un immeuble
    © Gendarmerie de la Loire
  • Saisie d'un pistolet et d'argent liquide ainsi que de réine de cannabis conditionnée
    © Gendarmerie de la Loire

 

Bilan Place Nette 42
- Une vingtaine d’opérations judiciaires, contrôles de zone, contrôles des flux et CODAF sur la semaine ;
- environ 150 gendarmes engagés chaque jour grâce au déploiement de l’EGM Guépard de Moulins, du détachement de personnels de l’EGM de Roanne et d’équipes cynophiles de la région de gendarmerie Auvergne Rhône-Alpes ;
- 30 interpellations, 5 comparutions immédiates, 4 détentions provisoires, 4 contrôles judiciaires, 260 infractions constatées (dont 23 AFD stupéfiants) et 60 faits d’atteintes aux biens résolus ;
- 39 armes, 9 véhicules, 61 cartouches de cigarettes, du stupéfiant et 1 animal protégé saisis ; - présence de la préfecture (préfet, directeur de cabinet et sous-préfets sur plusieurs opérations), de nombreux partenaires (police nationale, douanes, DDPP, SUGE, URSSAF, PM…)
- plus de 20 articles de presse quotidienne régionale sur la semaine ainsi qu’une dizaine de posts sur les réseaux sociaux.​

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