Doubs : un conseiller patrimonial soupçonné d’avoir détourné plus de 500 000 euros
- Par la capitaine Sophie Bernard
- Publié le 11 juin 2020
Après avoir spolié des personnes âgées ou vulnérables pendant plus de dix ans, un banquier a été interpellé et mis en examen, fin mai, pour escroquerie aggravée. Opérant par petites sommes, le préjudice total lié à ses agissements s’élèverait à plus de 500 000 euros.
À force de gérer les comptes bien fournis de ses clients, ce banquier sexagénaire s’est transformé en un véritable « Picsou » !
La poule aux œufs d’or
Tout commence en 2008, alors que le conseiller exerce à Seloncourt. Cette année là, il tombe sur la première cliente au profil idéal : une femme vulnérable, âgée et sans enfant. Au fil du temps, il est parvenu à gagner la confiance aveugle de cette dernière, qui « lui remettait des chèques qu’il remplissait lui-même, jusqu’à imiter sa signature », décrit Margaret Parietti, vice-procureur de la République à Besançon. Le professionnel, diversifiant ses stratagèmes pour ne pas se faire repérer, réalise également des virements frauduleux. Il n’hésite pas à utiliser les comptes bancaires de membres de sa famille pour faire transiter l’argent en toute discrétion.
Rapidement, le conseiller patrimonial est pris dans l’engrenage du gain d’argent facile. Sans scrupule, il détourne régulièrement l’argent de cette personne âgée et ce, jusqu’à son décès en 2015. Mais pourquoi se contenter d’une seule victime ? Possédant un portefeuille de 533 clients, il agit de la sorte avec plusieurs d’entre eux. Agissant méthodiquement, il cible les personnes les plus fragiles de la liste, dont un couple et trois personnes âgés, empochant l’argent par petites touches, pour finalement atteindre la belle somme de 500 000 euros !
Le renard débusqué
Au bout de quelques années, pris par la folie des grandeurs, le banquier va commencer à être moins rigoureux. Il ne résiste pas à l’envie, par exemple, de détourner plusieurs dépôts d’espèces, rendant ses malversations plus visibles. Quand il se fait prendre, il prétend qu’il s’agit d’une erreur et renfloue le compte de la victime avec celui d’une autre. « On a, par exemple, le cas d’une femme déposant 7 000 € à quatre reprises, sans que son compte ne soit crédité. Quand elle l’a remarqué, le mis en cause a procédé à la régularisation en utilisant l’argent d’un autre compte pour éviter toute réclamation », relate la magistrate.
En 2016, le sexagénaire est à court de stratagème pour cacher ses méfaits. Sa première victime, décédée en 2015, a désigné ses petites cousines comme héritières testamentaires. Or, en analysant les comptes de la défunte, celles-ci remarquent certaines irrégularités, et pas des moindres, puisqu’elles correspondent tout de même à un trou de 160 000 euros ! La brigade de recherches de Montbéliard est alors saisie du dossier.
Double enquête au long court
Tandis que les gendarmes entament une enquête particulièrement ardue, « parce qu'elle nécessite de longues investigations pour démêler cette pelote particulièrement complexe », explique Margaret Parietti, la banque employant le conseiller fait des recherches de son côté. Au-delà des malversations financières, l’organisme découvre alors que son employé a enfreint l'une des règles de l’établissement. Ayant quitté l’agence de Seloncourt pour rejoindre celle de l’Isle-sur-le-Doubs, il a en effet emporté avec lui une grande partie de la clientèle. En 2018, le suspect se voit donc licencié pour faute grave et la banque porte plainte à son tour.
Auditionné par les gendarmes, l’individu reconnaît en partie les faits, mais ne donne pas « d’explications réelles sur le motif de ses agissements », indique le parquet. Dans le cadre de la perquisition à son domicile, les enquêteurs découvrent une importante quantité de matériels coûteux, relevant du hi-fi ou de l’outillage. Un banquier passionné de musique et de bricolage ? Difficile à croire lorsque ces équipements occupent 90 m² de la résidence et que leur valeur est estimée à 40 000 euros !
Fin mai, l’ex-conseiller patrimonial est finalement mis en examen pour escroquerie aggravée, abus de confiance, abus de faiblesse, faux et usage de faux. Il est placé sous contrôle judiciaire, tandis que les investigations se poursuivent pour déterminer le nombre exact de victimes et le montant total du préjudice.
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