En Guyane, les gendarmes s’adaptent aux modes d’action des garimpeiros (chercheurs d’or clandestins, NDLR) et aux caractéristiques du terrain, en diversifiant leurs opérations de Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI). Ils agissent ainsi depuis les airs, en organisant des raids aériens dans le cadre de la mission Anaconda, depuis la mer et les fleuves, avec l’opération Vives forces fleuve, ou encore à terre, en menant des infiltrations à pied en forêt équatoriale. Les gendarmes départementaux et mobiles positionnés en mission Harpie et les militaires de l’Antenne du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN) de Cayenne effectuent également des missions en quad en autonomie ou conjointement.

La montagne Cacao, au nord-est de la Guyane (zone de compétence de la compagnie de gendarmerie départementale de Matoury), est grignotée par de nombreuses exploitations aurifères illégales, tant primaires (constituées de galeries permettant d’atteindre les filons aurifères, NDLR) qu’alluvionnaires (or récupéré dans les cours d’eau, NDLR). Au pied de ce sommet, se trouve la brigade de gendarmerie éponyme, dont l’activité est essentiellement tournée vers la LCOI. En coordination avec le Centre de conduite des opérations (CCO), des missions d’infiltration en quad sont fréquemment menées depuis cette unité. Les gendarmes parcourent d’importantes distances en forêt avant de déposer les véhicules. Ils terminent la progression à pied pour plus de discrétion et s’emparent des chantiers clandestins. Du fait de sa forte motorisation et de sa faible masse, le quad est capable d’emprunter des axes inaccessibles aux voitures et aux deux-roues, à l’image de la piste Savon sillonnant la montagne Cacao, connue pour être particulièrement glissante et boueuse, notamment pendant la saison des pluies. Ce véhicule tout-terrain est en mesure d’emporter de lourdes charges et de parcourir de longues distances.

En Guyane, les gendarmes sont spécifiquement formés à la conduite de ces engins, qui s’avère particulièrement technique et dangereuse. Le stage quad, réalisé sur une journée par un moniteur, se décompose en trois modules. Après une instruction portant sur des connaissances générales, les stagiaires sont ensuite formés à des notions de mécanique leur permettant d’effectuer des réparations élémentaires en mission. La majeure partie de la formation est enfin consacrée au pilotage. Les gendarmes, seuls ou en binôme, sont notamment confrontés à la conduite en milieu difficile et s’exercent à franchir des obstacles plus ou moins conséquents (ponts, troncs d’arbre, etc.). En raison du risque d’accident, l’utilisation du quad est subordonnée au port du gilet pare-balles, d’un casque et de gants. Le gendarme qui souhaite devenir moniteur quad doit pouvoir justifier de 40 heures de conduite dans le cadre de la LCOI et avoir été aide-moniteur au cours d’un stage.

« Ces derniers temps, nous multiplions les missions menées en quad, complète le lieutenant-colonel Amaury Le Pape, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Matoury. Nous allons recevoir deux quads supplémentaires prochainement. Les gendarmes du Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) sont quasiment tous qualifiés à la conduite de ces véhicules. L’objectif est de former toute l’unité à court terme. Les quads nous permettent de nous inscrire activement dans la mission de lutte contre l’orpaillage illégal mais aussi d’agir dans les Zones de sécurité prioritaires (ZSP) de Matoury et Remire-Montjoly, en accédant aux quartiers informels inaccessibles en voiture. »