Aux côtés des Sportifs de haut niveau de la Défense (SHND), qui composent l’Armée de champions, de nombreux militaires des trois armées et de la gendarmerie nationale défendent également les couleurs de la France dans des compétitions internationales. Ils forment les trois quarts des Équipes de France militaires (EFM), au nombre de 46 en 2024, masculines et féminines, dans trente disciplines, individuelles et collectives. Le dernier quart étant composé de réservistes, détectés en lien avec les différentes fédérations, ainsi que des SHND eux-mêmes, qui peuvent venir renforcer les équipes en fonction de leurs disponibilités. En 2023, la gendarmerie contribuait aux effectifs de ces équipes de France militaires à hauteur de 29 %, en deuxième position derrière l’armée de Terre (43 %).

Le Centre national des sports de la Défense (CNSD), à Fontainebleau, est au cœur de cette organisation, baptisée Sport Élite. C’est là qu’est élaborée la planification des rassemblements, au nombre de 150 environ dans l’année, concernant un peu plus d’un millier de militaires.
La détection de ces sportifs se déroule lors des Championnats de France militaires (CFM), compétitions interarmées organisées par chaque force à tour de rôle, et lors du Tournoi sportif des grandes écoles de la Défense (TSGED), qui réunit 700 élèves des douze écoles de la Défense, dont l’Académie militaire de la gendarmerie nationale (AMGN). Vingt-et-un CFM ont été organisés en 2024. L’ensemble de ces compétitions forme ce que le CNSD nomme le Sport pour tous, considéré comme un outil essentiel du maintien de la condition physique, d’épanouissement de soi et de cohésion sociale.

De la saine émulation qui règne dans ces rencontres émergent donc les sportifs pouvant prétendre aux EFM. Avec un seul critère pour sélectionner les membres des équipes et de l’encadrement : la compétitivité ! Aucun quota par force armée n’est en effet mis en place. Il faut dire que l’enjeu est réel. La France ambitionne en effet de faire partie des trois meilleures nations militaires, et de bousculer la hiérarchie jusqu’ici dominée par trois nations : la Russie, le Brésil et la Chine.

Des gendarmes Conseillers techniques militaires

Pour monter une structure solide et efficace, le CNSD s’appuie sur des Conseillers techniques militaires (CTM), un pour chaque discipline, et envoie pour cela un message de prospection précisant les pré-requis techniques, notamment le fait de posséder un Diplôme d'État ou un Diplôme d'État supérieur de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (DESJEPS), ainsi que la nécessité d’avoir un bon réseau au sein de la discipline concernée. Ce message rappelle en outre qu’il s’agit d’un fort engagement, impliquant un important travail à réaliser en plus de sa fonction militaire. Le CTM s’occupe ainsi de tout l’aspect administratif et logistique, formant un binôme avec le Directeur sports Défense (DSD), qui joue le rôle d’officier de marque et gère notamment la communication.

Le major Philippe Poder, affecté à l’École de gendarmerie de Fontainebleau, est l’un des trois gendarmes CTM, en charge du basket-ball. « Les CTM sont généralement des militaires d’active, parfois des anciens de l’arme devenus réservistes, mais ayant conservé cette fonction, décrit-il. Le CTM a notamment pour rôle de choisir les membres du staff de chaque EFM : un entraîneur, un ou deux adjoints, un préparateur physique, éventuellement un préparateur mental. Pour cela, un autre message de prospection est envoyé tous les ans dans toutes les unités et aux militaires en sortie d’école. C’est ensuite l’entraîneur qui choisit les joueurs, essentiellement au sein des sélections nationales de chaque force armée. »

Lui-même ancien joueur, le major Poder coiffe également la casquette d’entraîneur de l’EFM masculine de basket-ball. C’est donc lui qui choisit les joueurs, des militaires d’active et de la réserve opérationnelle, parfois renforcés par des quelques joueurs professionnels, ou anciens professionnels, à qui on propose un contrat de réserviste opérationnel. Ces derniers sont recrutés grâce au réseau, en lien avec la fédération concernée, ou par le bouche-à-oreille. « Sur un groupe de douze joueurs dans la sélection de basket, on compte généralement deux ou trois pros », précise-t-il.
Pour choisir ces joueurs, les entraîneurs d’EFM s’appuient donc sur un réseau de Conseillers techniques sportifs (CTS), à la tête de chaque sélection nationale des quatre forces armées.

L’adjudant Vincent Poize, affecté à la Brigade territoriale autonome (BTA) de Villeneuve-Loubet, est le CTS de la gendarmerie pour le volley-ball (il occupe également les fonctions de CTM pour le beach-volley). À ce titre, il organise les stages de détection pour composer les deux équipes, masculine et féminine. « Il y a un stage par an, où sont mélangés anciens et nouveaux joueurs. Puis, les joueurs retenus doivent suivre un stage de préparation par an, avant les CFM », explique-t-il. Avec d’excellents résultats, puisque les deux équipes, masculine et féminine, de la gendarmerie ont réussi le doublé en 2022 et en 2023 ! L’équipe masculine de la gendarmerie a également terminé sur la première place du podium lors du CFM de beach-volley, en juin 2024, à Salon-de-Provence.

Et le volley n’est pas la seule discipline dans laquelle la gendarmerie brille. En handball, lors du CFM qui s’est déroulé du 19 au 21 mars 2024, à Cherbourg-en-Cotentin, hommes et femmes ont conservé les deux titres acquis en Gironde en 2023. En basket-ball, à Mont-de-Marsan, l’équipe masculine est devenue championne de France pour la 4e année consécutive. En rugby, le XV masculin a remporté, en juin 2024, son premier titre de champion de France militaire depuis 2019, en s’imposant 27 à 25 face à l’équipe de l’armée de Terre, double tenante du titre. Enfin, les filles de la gendarmerie se sont imposées en 2024 lors de la toute première édition du CFM féminin de futsal, pendant que les garçons étaient également sacrés, pour la sixième fois et la deuxième fois consécutive.

Les 5^e Jeux mondiaux militaires d’hiver en mars 2025 en Suisse

Régulièrement, la France organise des Championnats du Monde militaires (CMM), sous l’égide du Conseil international du sport militaire (CISM), et sous la responsabilité du CNSD. Ainsi, à l’été 2023, la Bretagne a accueilli le tournoi de rugby à XV, remporté par la France contre les Fidjiens, juste avant la Coupe du Monde. Quelques semaines plus tôt, au mois de mai 2023, s’était disputé le championnat du Monde militaire de triathlon sur le site du Lac de Causse, à côté de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze. L’année d’avant, la France avait organisé les épreuves d’équitation, à Fontainebleau, de rugby à 7, à Agen, ou encore de voile, à Brest. En mai 2024, c’est le CMM de sauvetage sportif que la France a eu l’honneur d’accueillir, à Montpellier et au Grau-du-Roi.

Le dernier étage du sport Élite, ce sont les Jeux mondiaux militaires (JMM), compétition omnisports réservée aux forces armées du monde entier. Ils sont organisés par le CISM, sur le même principe que les Jeux Olympiques, avec une alternance entre les Jeux d’été et les Jeux d’hiver. Lors des derniers JMM d’été, en Chine, en 2019 (l’édition 2023 ayant été annulée), près de 10 000 athlètes de 110 pays avaient participé à 329 épreuves dans 27 disciplines. La France s’était hissée à la 4e place au classement des nations, comptabilisant 82 médailles, dont 26 en or, établissant ainsi un record sans précédent. Dix gendarmes étaient montés sur les podiums, dont trois sur la plus haute marche. Les 5^e Jeux d’hiver auront lieu du 23 au 30 mars 2025, en Suisse, et les 8^e Jeux d’été en 2027 (le lieu de compétition n’est pas encore connu).