Il fait partie de ceux dont on parle régulièrement. Âgé de 53 ans, Régis Descamps parcourt chaque année, depuis 10 ans, des milliers de kilomètres pour soutenir la cause d’enfants malades. À travers son mouvement « Jeprêtemesjambesà », l’adjudant a ainsi couru en une décennie près de 6 500 km au profit de différentes associations ou simplement pour porter la voix des 19 enfants (et de leur famille) qu’il représente, créant un élan de solidarité autour d’eux à l’occasion de chacune de ses courses. Si ce dévouement pour autrui et cet exploit physique forcent l’admiration, ce type d’action est monnaie courante au sein de la gendarmerie, où le dépassement de soi et l’engagement pour la population sont inscrits dans l’ADN des militaires. Chaque année, dans toute la France, de très nombreux gendarmes accomplissent ainsi des exploits sportifs considérables.

Des gendarmes de tous niveaux, de toutes unités

Il est difficile de quantifier le nombre de militaires qui relèvent chaque année des défis sportifs. Aucune statistique ni aucun décompte ne les répertorient, mais une chose est sûre : ils sont très nombreux. À vélo, à pied, seul ou à plusieurs, via de grandes associations ou dans le cadre d’une initiative individuelle, ils parcourent des milliers de kilomètres pour se dépasser, mais aussi pour récolter des fonds au profit d’une association, de la recherche contre une maladie ou pour soutenir un ou une camarade blessé(e) en service.

Issus des unités d’intervention, des unités de gendarmerie départementale et mobile, de la Garde républicaine, des unités de gendarmeries spécialisées ou encore des écoles de gendarmerie, ils composent un panel assez représentatif de la Gendarmerie. Parmi ces militaires, certains sont de grands sportifs et d’autres moins. Passionné de course à pied, et ayant participé à de nombreuses épreuves telles que les championnats du Monde militaires d’Ironman, l’adjudant Guillaume, déjà doublement médaillé de bronze, s’entraîne environ 20 heures par semaine, avec pour objectif de devenir champion du monde militaire d’Ironman. « Le sport me permet de prendre du recul par rapport à la gendarmerie, et en même temps, dans mon travail, il me donne les moyens d’appréhender plus sereinement et avec confiance les situations. »

Un point de vue que partage la garde Soralia. Depuis 2009, cette militaire affectée à la Garde républicaine parcourt des milliers de kilomètres à vélo chaque année, que ce soit à l’occasion d’ultra ou pour le plaisir. En octobre 2023, elle décide pour la première fois de mettre ses compétences sportives au service d’une cause, en parcourant le Tour de France à vélo, en mémoire d’une camarade décédée et au profit de l’association « Bleu pupilles ». Une expérience qui révèle chez la militaire une nouvelle motivation : « Je réalise maintenant beaucoup plus de choses pour les associations. Par exemple, récemment, nous avons effectué un Paris-Verdun pour les Bleuets de France avec l’association Les chemins de la liberté. »

Le partage de valeurs

Si le sport occupe une place majeure au sein de la Gendarmerie, il incarne avant tout un partage de valeurs, celles de la détermination, du dépassement de soi et de la résilience. Des valeurs communes et un esprit de corps qui poussent les gendarmes à se tirer mutuellement vers le haut, notamment en matière de sport. C’est ainsi que l’adjudant Guillaume s’est mis à l’Ironman poussé par un camarade, et cela a aussi été le cas pour deux autres gendarmes : Mathilde et Mégane. Gendarmes dans l’Isère depuis 2021, elles sont toutes les deux des sportives aguerries. Aussi, lorsque Mégane a proposé à Mathilde de participer avec elle à l’édition 2024 du Raid Amazones, cette dernière (qui avait déjà participé à l’édition 2022) a immédiatement accepté.

Durant plus d’une semaine, dans les décors dépaysants du Cambodge, elles ont parcouru des dizaines de kilomètres à pied, en VTT et en canoë au profit de deux associations : Mécénat Chirurgie Cardiaque (pour laquelle elles ont récolté près de 4 000 euros) et K9Unit Mission retraite (pour laquelle elles ont collecté 800 euros). «Nous avons toutes les deux choisi de suivre le chemin de la gendarmerie nationale, cette grande famille porteuse de valeurs qui nous animent : la discipline, la solidarité, la détermination et la pugnacité. Ce raid sportif et solidaire est totalement en adéquation avec notre métier, tourné vers l’entraide et le don de soi. C’est donc avec fierté que nous représentons la gendarmerie et que nous voulons la mettre en avant dans ce projet », expliquaient-elles lors d’une interview réalisée avant leur départ. Derrière ces exploits sportifs se cache souvent une histoire, celle de rencontres et de combats, notamment menés par les familles. De plus en plus de gendarmes au grand cœur s’engagent et se challengent au profit d’une cause ou simplement par amour du sport. Ces militaires font rayonner l’Institution, incarnant la résilience et la force mentale et physique propres à leur statut et nécessaires pour accomplir chaque jour les missions du quotidien.