Le plan sport de la gendarmerie nationale, une construction globale

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 18 avril 2025
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Une quinzaine de coureurs de dos, vêtus d'un t-shirt bleu et d'un fuseau noir, dans une rue
© SIRPA-G - EG E. Taupin

Afin de mieux répondre aux besoins opérationnels ainsi qu’aux nécessités de santé et d’amélioration de la qualité de vie au travail, la gendarmerie nationale, à l’instar des autres armées, a mis en place un plan sport. Ce dernier se décline selon une politique volontariste visant à remettre les activités physiques et sportives au cœur de la préparation  opérationnelle des militaires de l’Institution.

À travers une politique globale menée par les armées et la gendarmerie, la construction du plan sport vient répondre à un certain nombre de constats, avec l’ambition de redynamiser la fonction sport au sein de l’Institution. À la suite du travail du collège des Inspecteurs généraux des armées, ses enjeux ont été définis par le Comité aux sports militaires (COSM), auquel participe l’Officier sport de la gendarmerie nationale (OSGN), actuellement le colonel Philippe Phavorin, chargé de mission à la Direction des ressources humaines de la gendarmerie nationale (DRHGN). Ce dernier a reçu une lettre de mission du Major général de la gendarmerie nationale (MGGN) en septembre 2023, afin d’assurer le pilotage, le suivi et la coordination de l’ensemble de la politique sportive de l’Institution. Cette mission de la DRHGN est partagée entre plusieurs de ses services. La Sous-direction de la politique des ressources humaines (SDPRH) prend en compte l’aspect doctrinal du plan et la Sous-direction de l’accompagnement du personnel (SDAP) en gère l’animation, ainsi que ce qui concerne le focus sur la Reconstruction des blessés par le sport (RBS). L’aspect QVCT (Qualité de vie et conditions de travail) ainsi que la gestion des Sportifs de haut niveau de la défense–Gendarmerie (SHND-G) sont pris en compte par le Bureau santé sécurité au travail (BSST). Il faut également y ajouter le Commandement des écoles de la gendarmerie nationale (CEGN), qui dispense les formations initiales et continues dans lesquelles la condition physique trouve ses fondements.

Un même plan pour plusieurs constats

Afin de construire le plan le plus juste possible, une phase de constat a d’abord été menée. « L’Institution, et donc ses personnels sont exposés à des crises sociétales de plus en plus récurrentes, qui nécessitent un engagement soutenu, tant dans l’intensité que dans la durée », explique le colonel Phavorin. Par ailleurs, le mode de vie de la société du XXIe siècle apparaît toujours un peu plus sédentaire. Outre ces premiers points, bien que la priorité soit évidemment liée à la mission, l’activité physique ne peut être considérée comme une variable d’ajustement du service.
D’un autre côté, sur le plan qualitatif, une certaine dégradation a pu être constatée, engendrant un affaiblissement non seulement de la force morale mais aussi de la robustesse des militaires. Or, le métier de gendarme relève d’une certaine exigence sur le plan physique et émotionnel, et l’enchaînement des crises sécuritaires, sociales ou sanitaires, ainsi que l’augmentation des agressions physiques à l’encontre des militaires nécessitent force et résilience. Ceci a nécessairement un impact sur la capacité opérationnelle des unités, allant de pair avec l’accroissement du nombre de blessés, et altérant donc la disponibilité des forces.
On assiste en effet à une augmentation constante du nombre de blessés depuis 2016, date à laquelle on en compte 6 700, contre 9 626 en 2023 et 9 995 en 2024, dont presque 30 % relèvent de blessures EPMS (Entraînement Physique Militaire et Sportif) et I.P. (Intervention Professionnelle). Tout en sachant que l’on fait face dans le même temps à une hausse de 24 % des gendarmes blessés à la suite d’une agression.
« C’est alors que l’on touche du doigt l’enjeu, celui de la nécessaire résilience que nous devons tous acquérir et entretenir, ajoute l’OSGN. Et cela passe en premier lieu par la condition physique. » À cet égard, le plan sport apparaît comme une politique volontariste visant à remettre les activités physiques et sportives au cœur de la préparation opérationnelle des militaires de la gendarmerie.

Un plan décliné en 4 axes et 20 lignes de force

Le plan retenu est celui proposé par le général de corps d’armée Christophe Marietti, alors GAMG. Structuré autour de quatre axes regroupant les grandes thématiques, vingt lignes de force y sont développées. Son objectif est d’apporter une réponse pragmatique aux enjeux de renforcement des personnels, de résilience, de préservation de la santé ainsi que d’amélioration de la qualité de vie et de la santé au travail.

« L’enjeu dans cette année olympique est de renforcer le goût de l’effort et du dépassement de soi, qualités nécessaires à l’engagement de haute intensité », résume le colonel Dominique Faré, chef du BSST.
L’axe 1 recouvre la promotion de l’activité physique : « 60 minutes actives » par jour étant préconisées, y compris dans le cadre professionnel, même si la notion de responsabilité et de prise en main individuelles demeure. Les questions d’équipement sont ici abordées, ainsi que la nécessité de s’éduquer sur le maintien en condition physique ou encore la mise en place de pratiques pour s’entretenir en sécurité et prévenir les blessures.
« De manière plus concrète, les gendarmes ont des réductions pour accéder à des salles de sport via IGESA ou la CNG (Caisse Nationale du Gendarme) », précise le colonel Faré. Des applications sportives sont disponibles au téléchargement sur les téléphones personnels ainsi que FitoTrack sur NEO. Des équipements modulaires ont été mis en place dans les casernements, au profit des gendarmes mobiles déplacés, et des bonnes pratiques pour s’entretenir en toute sécurité ainsi que pour adopter une bonne hygiène de vie sont prévues, en lien avec le commandement des écoles, à destination des militaires en formation initiale.
L’axe 2, « Je suis mieux préparé, mieux encadré », s’attache à la nécessaire rénovation et à la densification de la chaîne sport. Cette politique R.H. passe, par exemple, par la formation de nouveaux moniteurs, ainsi  que par la création du Brevet sport gendarmerie (BSG). Un forum sur Resana a été créé pour les moniteurs et les moniteurs-chefs EPMS (Entraînement Physique Militaire et Sportif), leur permettant d’avoir un lien direct, mais aussi la remontée de bonnes pratiques. Le Contrôle de la condition physique du militaire (CCPM) est également rénové.
Le troisième axe, « Je suis dans une institution sportive », travaille sur le renforcement des liens entre la gendarmerie et le sport, par exemple via le lien avec les 438 clubs des fédérations sportives de la Défense. « L’accent est également mis sur le fait de favoriser la pratique de la performance, en valorisant les résultats des sportifs de la gendarmerie et en systématisant les récompenses pour les vainqueurs des championnats de France militaires », ajoute le chef du BSST. C’est également dans cet axe qu’est soulignée la poursuite du rayonnement des SHND-G.
Enfin, dans le dernier axe, « Je suis bien dans mon corps et dans ma tête », sont promues la pratique de l’Optimisation des ressources des forces armées ainsi que la volonté de favoriser les activités  de cohésion autour de la pratique sportive, telles que des challenges sportifs ou des tournois.
« Du côté de la reconstruction des blessés par le sport, les projets déjà existants sont rattachés au plan sport », poursuit le colonel. À titre d’exemple, l’Institution a réservé 30 % des capacités d’hébergement (sur une centaine, NDLR) pour ses personnels militaires au sein du village des blessés, à Fontainebleau, qui devrait être opérationnel à la fin du premier semestre 2025. La conception des stages de RBS se poursuit pour le Bureau de l’action sociale, des blessés et du handicap (BASBH) et le BSST, en lien avec les psychologues cliniciens du Dispositif d’accompagnement psychologique (DAPSY), afin de toujours mieux répondre au besoin.


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