En préparation olympique avec les sportifs de haut niveau de la Défense – gendarmerie

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 02 mai 2025
Montage de plusieurs photos de sportifs de la gendarmerie à l'entraînement
© GEND/SIRPA

De janvier à juillet 2024, nous avons suivi les Sportifs de haut niveau de la Défense – Gendarmerie (SHND-G), qualifiés pour les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), au cours de leur préparation. Journal de bord.

Jeudi 25 janvier 2024, vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines

Sur les lattes en bois de pin de Sibérie, les vélos noirs filent à plus de 60 km/h, semblant presque léviter. À tour de rôle, les membres des équipes masculine et féminine de vitesse du Pôle France se succèdent sur la piste ovale. Le maréchal des logis (MDL) Melvin Landerneau enchaîne les séances de long sprint. « On a besoin de cette émulation pour progresser. On a la chance de pratiquer une discipline dont le seul juge est un chronomètre. Il n’y a pas de place pour le favoritisme. Ceux qui roulent le plus vite iront aux Jeux Olympiques. »

Vendredi 23 février 2024, Club des chevaliers tireurs, à Rumilly

Marraine du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de Haute-Savoie, Gaëlle Edon s’entraîne pour les Jeux Paralympiques dans son club, à côté d’Annecy, six jours par semaine, avec quatre jours de tir au minimum. « Le reste, c’est de la préparation physique et mentale. Je fais notamment de l’ORFA (Optimisation des Ressources des Forces Armées), deux fois par semaine, quand je ne suis pas en déplacement. » Lors de chaque entraînement, Gaëlle tire environ 500 balles de 22 long rifle et 200 plombs. « D’où l’importance d’une bonne préparation physique, puisque, comme je n’ai qu’un bras, je fais tout avec, et donc il faut tenir. »

Mardi 5 mars 2024, Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP), à Paris

Tandis que le volant suit sa courbe ascendante, puis descendante, Thomas Jakobs manie son fauteuil d’avant en arrière, d’une main, l’autre tenant la raquette. Son match est accroché, mais il n’est pas du genre à laisser filer les points, compétiteur dans l’âme. Pour ses deuxièmes Jeux Paralympiques, Thomas ne veut rien laisser au hasard. Outre le jeu, avec ses aspects techniques et tactiques, il se prépare physiquement, avec des séances de musculation spécifiques, mais aussi mentalement. « L’objectif, c’est la qualité de jeu. Ça ne sert à rien de se focaliser sur un résultat. Il faut uniquement se concentrer sur la manière, qui elle seule peut permettre d’obtenir un résultat. »

Mardi 5 mars 2024, INSEP, à Paris

Au centre d’entraînement de tir à l’arc Sébastien Flûte, l’ambiance est calme et concentrée. À chaque flèche, le regard est fixé sur la cible, la respiration calme, le geste précis. Après avoir été numéro un mondiale, championne d’Europe en individuel, vice-championne du Monde par équipe, le MDL Lisa Barbelin se prépare pour les Jeux Olympiques, consciente de cette chance inouïe de pouvoir concourir dans son pays, sous les yeux des siens. « Je veux remporter la médaille d’or en individuel parce que j’en rêve depuis que je suis gamine », glisse-t-elle entre deux salves. Ce sera finalement le bronze, mais l’émotion de Lisa vaudra tout l’or du monde.

Mercredi 6 mars 2024, salle d’armes Christian d’Oriola, à Orléans 

Les duellistes bondissent comme des félins, attaques et ripostes s’enchaînent, dans un ballet incessant, rythmé par le crissement des semelles et le choc des lames. Parmi les tireurs présents pour croiser le fer, le MDL Manon Apithy-Brunet, qui se prépare pour les Jeux Olympiques en alternant séances techniques et physiques. « L’escrime, c’est très physique, on est tout le temps sur les appuis. Le travail musculaire est donc essentiel, à la fois pour éviter les blessures, mais aussi pour avoir de la puissance lors des attaques. » Médaillée de bronze en individuel et d’argent avec l’équipe de France aux Jeux Olympiques de Tokyo, Manon n’a logiquement qu’une ambition : « Je veux être double championne olympique. Je m’entraîne pour ça. » Il n’y aura qu’un seul titre, mais il restera à jamais dans les mémoires.

Jeudi 21 mars 2024, INSEP, à Paris

Sur le mur du dojo, trône le portrait de Jigorō Kanō, l’inventeur du judo, semblant observer ce qui se trame sur les tatamis, comme un maître d’école surveille ses élèves. Il en faut plus pour impressionner celle qui répète ses mouvements. Car l’adjudant Clarisse Agbégnénou a tout gagné en individuel : six titres mondiaux, cinq titres européens et deux médailles olympiques, dont l’or à Tokyo en 2021. « Les Jeux de Paris, c’est mon but ultime, souffle-t-elle. Je suis une compétitrice, j’ai toujours envie de gagner. Je sais que tout le monde m’attend sur la plus haute marche du podium. » Ses priorités ont un peu changé, se portant désormais en grande partie sur une petite fille de deux ans prénommée Athéna. « Elle sera avec moi pour m’encourager, et j’espère que je pourrai lui mettre une belle médaille autour du cou ! » Il y en aura même deux, Clarisse…

Jeudi 4 avril 2024, stade nautique de Vaires-sur-Marne

Il est tout juste 9 heures. La pluie vient de cesser, laissant derrière elle un ciel chargé et menaçant. Mais quel que soit le temps, le MDL Marjorie Delassus, casque sur la tête, harnachée dans son gilet de sauvetage, se dirige d’un pas déterminé vers le bassin d’entraînement de Vaires-sur-Marne, canoë sous le bras et pagaie en main. Après un rapide briefing avec son entraîneur, Nicolas Labat, qui lui fixe les axes d’efforts pour cette séance, elle lance son canoë dans les eaux tumultueuses, le regard déterminé, négociant chaque porte, chaque courant, chaque vague... « Nous avons élaboré un programme pour être fin prêts le jour J, et toute notre vie est un peu organisée autour de ça », confie-t-elle.

Mardi 23 avril 2024, Centre de ressources, d'expertise et de performance sportive (CREPS) de Montpellier

Dans la salle de musculation, pourvue de larges baies vitrées, offrant une perspective sur le parc, il règne une atmosphère tranquille, propice à la concentration. Ces Jeux Olympiques à domicile, les troisièmes de sa carrière, et probablement les derniers, ont une saveur particulière pour le MDL Rénelle Lamote. « C’est une pression supplémentaire, mais c’est surtout un immense privilège. Je suis extrêmement fière de représenter la France civile et militaire. J’ai à cœur de montrer l’exemple sur la piste lors de cet événement grandiose. Pour le reste, je suis sereine. Je connais le chemin ! »

Mardi 14 mai 2024, Centre sportif des Vernets, à Carouge, dans le canton de Genève

Le MDL Charlotte Bonnet apparaît au bord du bassin, qu’elle longe avant de se diriger vers une pièce attenante, aux cloisons vitrées, où les six membres du groupe de nageurs entament leur échauffement sur les tapis disposés au sol. Les sportifs rejoignent ensuite le bassin, où les longueurs s’enchaînent durant deux heures. Pas moins de dix à douze kilomètres sont ainsi parcourus chaque jour. Médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de Londres, en 2012, capitaine de l’équipe de France de natation, Charlotte prépare ses quatrièmes et derniers J.O. « Finir ma carrière sur les Jeux, à la maison, je ne pouvais pas rêver mieux ! »

Jeudi 30 mai 2024, INSEP, à Paris

Au cœur du complexe Christian d’Oriola, trois salles d’armes se succèdent, une pour chaque type de lame : le fleuret, l’épée et le sabre. C’est ici que s’entraîne le maréchal des logis-chef (MDC) Maxime Pauty, fleurettiste. « Le maître d’armes nous fait travailler des actions, des coups, pour répéter, travailler notre technique. À cela s’ajoute le travail avec le préparateur physique, ainsi que la préparation mentale avec une psychologue du sport. » Deux ambitions pour Maxime aux Jeux : rééditer la performance de Tokyo, où il avait été champion olympique par équipe, et gagner en individuel. Il décrochera finalement une belle médaille de bronze avec l’équipe de France.

Mardi 24 juin 2024, Cercle aviron nogentais, à Nogent-sur-Seine 

Les rayons de soleil ont enfin fait leur apparition et paillettent le bras de fleuve. Margot Boulet et son père peuvent sortir le skiff monoplace du hangar à bateaux. L’été a commencé depuis trois jours, mais il a tardé à s’annoncer. Printemps pluvieux, Seine en crue et interdite à la navigation… Pour préparer un événement aussi important que les Jeux Paralympiques, il y a mieux comme conditions ! « Il faut qu’on soit tous individuellement bien préparés pour pouvoir ensuite former un collectif. Ce n’est pas simple, car nous avons des gabarits, des forces et des pathologies qui diffèrent. » Après la médaille de bronze obtenue à Tokyo, l’équipage tricolore espère monter à nouveau sur le podium. « Les Anglais restent les favoris pour l’or mais, pour le podium, on est dans le game ! » Bien vu Margot...

Lundi 1er juillet 2024, CREPS de Bourgogne-Franche-Comté, à Dijon

SHND-G depuis le 27 juin 2024, Hector Denayer s’est qualifié pour les Jeux Paralympiques, où il représentera donc la gendarmerie pour la première fois de sa jeune carrière. « Ce n’est pas rien pour moi. J’ai grandi avec elle. Je sais que, quand je nagerai, je ne serai pas tout seul, il y aura toute la gendarmerie derrière moi. » Hector se rend à Paris avec de grandes ambitions. « Ma priorité, c’est de ramener une médaille d’or sur le 100 mètres brasse. » Ce ne sera finalement pas l’or, mais une belle médaille d’argent, doublée d’une autre en bronze.

Mercredi 3 juillet 2024, Club de tir Provence Nemrod, à Allauch

Le MDC Jean Quiquampoix tire du lundi au vendredi, entre 400 et 500 cartouches par jour, répète inlassablement la même gestuelle « pour l’automatiser, la fluidifier ». Sans oublier de bosser le cardio, parce qu’en compétition, avec l’enjeu et la pression, le cœur monte à plus de 130 pulsations. « Juste avant de tirer, je fais quelques flexions ou un circuit de course très court pour faire monter ce cardio et simuler les conditions de compétition », explique-t-il. Les exercices de gainage jouent également un rôle essentiel. « On tire cinq cartouches en quatre secondes. Il faut être parfaitement stable, ne pas perdre le moindre dixième de seconde pour corriger un léger déséquilibre. »

Vendredi 5 juillet 2024, Centre national des sports de la Défense (CNSD), à Fontainebleau

« Fontainebleau, c’est magnifique, les infrastructures sont dingues ! J’ai la chance d’évoluer dans un autre milieu, où on n’est pas qu’entre sportifs. Il y a les militaires, mais aussi les blessés, c’est enrichissant ! » Le capitaine Élodie Clouvel s’entraîne ici quotidiennement, six heures par jour, sur trois des cinq épreuves du pentathlon moderne. « J’ai envie d’aller chercher le meilleur, je me prépare pour ça. Au-delà de la quête de la médaille, ce qui est un objectif en soi, j’ai aussi vraiment envie de m’exprimer, de donner le maximum, pour n’avoir aucun regret quand je passerai la ligne d’arrivée, et pouvoir me dire que j’ai tout donné, que j’ai été au bout de mes convictions, au bout de moi-même. »


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