Les gendarmes entrent dans le game
- Par Antoine Faure
- Publié le 01 novembre 2022

Du 2 au 6 novembre aura lieu la Paris Games Week, le plus grand salon français du jeu vidéo. Vous pourrez y croiser, sur le stand de la gendarmerie nationale, quelques militaires passionnés. Rencontre avec une représentante de cette communauté, la capitaine Océane.
League of Legends, Call of Duty, Valorant, World of Warcraft, Star Wars : The Old Republic… Si ces noms n’évoquent rien pour vous, alors vous n’en êtes pas un. Un quoi ? Un gamer bien sûr ! Ces titres de jeux vidéo comptent en effet parmi les grands classiques et les plus populaires du moment. Mais même si vous n’êtes pas vous-même un gamer, vous en connaissez forcément. Au sein de votre famille, dans votre cercle amical, et à coup sûr dans votre environnement professionnel. La gendarmerie ne fait pas exception, et compte aussi dans ses rangs un nombre certain de gamers.
La capitaine Océane, actuellement affectée au Service de la transformation de la Direction générale de la gendarmerie nationale, est tombée dedans quand elle était petite. « Je revois mon père et ses amis jouer à Age of Empires, sourit-elle. Il fallait installer tous les ordinateurs dans le garage. » Comme beaucoup de ses camarades, dès qu’elle a du temps libre, elle quitte son uniforme pour se plonger passionnément dans ces univers imaginaires.
« Des gens qui possèdent les codes »
Sur proposition du Service d’information et de relations publiques des armées - gendarmerie (SIRPA-G), Océane et d’autres gendarmes gamers seront présents à la Paris Games Week (PGW), le plus grand salon français de jeux vidéo, du 2 au 6 novembre. « Il semblait évident que la gendarmerie devait y être représentée par des gens qui possèdent les codes, note Océane. Cela faisait deux ou trois ans qu’on voulait faire quelque chose ensemble, et on a profité de ce salon pour lancer le mouvement. Une fois le principe de la présence de la gendarmerie au Paris Games Week validé par le directeur général, le général d’armée Christian Rodriguez, lui-même amateur de jeux vidéo, on s’est rapidement mis en ordre de bataille, en mode très agile. »
Le premier objectif fut d’identifier des joueurs au sein de la gendarmerie, et de les fédérer autour du projet. Cette nouvelle communauté, qui s’est elle-même baptisée Gamegend, compte aujourd’hui une trentaine de membres, mais ne cesse de grandir, grâce au bon vieux bouche-à-oreille. « On se retrouve sur la messagerie Discord pour échanger, apprendre à se connaître et jouer ensemble bien sûr. Pour le moment, ce sont essentiellement des rencontres virtuelles, mais pourquoi ne pas se rencontrer bientôt IRL1 ! »
L’objectif de cette communauté est aussi de constituer des petits groupes de gamers, par préférence de jeu, avec un niveau homogène, et même idéalement un coach. « Certains gendarmes ont déjà un très bon niveau individuel, se réjouit Océane, mais certains jeux sont par essence collectifs, comme League of Legends, et d’autres présentent des aventures à la fois solo et du contenu spécifique pour les groupes de joueurs (comme les MMO2), nécessitant de réunir une équipe pour battre les « boss »3 ! Après, on pourrait imaginer lancer des défis aux équipes d’autres administrations, comme nos camarades des autres corps d’armée. Et même - soyons fous - d’avoir une équipe e-sport de la gendarmerie, comme on a une équipe de rugby, de basket, de volley… »
Sport ou pas sport, le gaming ? Éternel débat sur lequel la capitaine prend position : « Même chez les gamers, la réponse ne fait pas l’unanimité. Selon moi, cela mobilise incontestablement des capacités cognitives et physiques qui en font une vraie activité sportive. Cela demande une bonne hygiène de vie, une bonne condition, une forte concentration, des capacités d’adaptation, le goût de l’effort et du challenge, un esprit collectif… et pour les chefs d’équipe, ou de guilde, de réelles qualités managériales. L’image du gamer de sexe masculin, qui ne bouge jamais de son siège, et qui se nourrit uniquement de chips et de soda, est un cliché totalement éculé ! »
« Venez comme vous êtes ! »
L’univers des jeux vidéo offre d’immenses possibilités aux organismes, privés comme publics, en termes notamment de communication, de recrutement et de formation. C’est ce qu’on appelle, en langage un peu barbare, la « gamification des process ». « C’est-à-dire, tout simplement, le fait d’utiliser les codes des jeux vidéo pour détecter des compétences, les développer, ou pour faire passer un message, décrit Océane. Le jeu vidéo est aussi un univers spécifique au sein du cyberespace4, qui mérite un regard particulier. Pour la gendarmerie, cela peut aussi être un moyen de remplir sa mission de proximité et de prévention. Aller vers les gens, c’est aller là où ils sont, et ils sont de plus en plus nombreux à évoluer dans l’univers des jeux vidéo. Demain, peut-être, il y aura dans la réalité virtuelle des « safe zones » Gendarmerie et des patrouilles de gendarmes, avec des avatars que les gamers pourront rencontrer et questionner, sur n’importe quel sujet, pour évoquer des situations de souffrance, des problèmes de violences, de cyberharcèlement… »
À la Paris Games Week, sera également présentée la poutre de réalité virtuelle du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), afin d’offrir une expérience immersive aux visiteurs. L’entraînement par simulation est l’une des nombreuses applications possibles des jeux vidéo. La gendarmerie s’est d’ailleurs dotée d’un département spécifique consacré à l’ingénierie numérique de formation, avec un directeur de programme dédié à la simulation5.
« La présence de la gendarmerie à la Paris Games Week répond à plusieurs objectifs, résume la capitaine Océane : aller au contact des gamers et leur diffuser des messages de prévention, dans le monde réel comme dans le virtuel, car ces deux mondes ont leurs victimes potentielles, mais également montrer qu’avec plus de 300 métiers, nous avons des perspectives à leur offrir et qu’« Une même flamme nous anime ». C’est un message adressé à tous ceux qui sont un peu geeks et qui hésiteraient à rejoindre la gendarmerie nationale : venez comme vous êtes ! »
1In Real Life (dans la vie réelle)
2Massively multiplayer online
3 Adversaire plus imposant, plus puissant et plus dangereux que les ennemis habituels, rencontré souvent en fin de niveau ou à certains niveaux de difficulté du jeu.
4 La gendarmerie a créé en 2021 le ComCyberGend (Commandement de la Gendarmerie dans le Cyberespace), armé de personnels et de moyens spécialisés.
5 Voir le projet CESCO, développé à l’école des officiers de la gendarmerie nationale.
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