« Jeprêtemesjambesà » : une nouvelle course pour le gendarme Régis Descamps

  • Par Lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 12 novembre 2022
© D.R

211, c’est le nombre de kilomètres que vient de parcourir le maréchal des logis-chef Régis. Pour cette nouvelle course, il a cette fois « prêté ses jambes à » un camarade gendarme, un ami : Franck, père de la petite Pauline, pour laquelle l’association a été créée, et lui-même atteint d’un cancer de la moelle épinière, diagnostiqué l’année dernière. Une cause qui vient rejoindre celle des 15 enfants porteurs d’une maladie rare ou orpheline et de leur famille, dont Régis est devenu, depuis 2014, le porte-drapeau.

Un trajet de 211 km en 29 heures

Il est 6 heures du matin à Limoges. Dans la fraîcheur du mois de novembre, Régis, 50 ans, s’élance, entouré de camarades gendarmes, qui l’accompagnent pour les premiers kilomètres. Son GPS, attaché autour de son cou, lui indique le trajet, minutieusement planifié des semaines en avance. Après 30 kilomètres, les gendarmes de Limoges s’arrêtent, puis trois gendarmes du PSIG (Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie) de Saint-Junien prennent le relais, avant de le laisser à la brigade de Chabanais, au 50e kilomètre.

À partir de là, Régis poursuit sa route seul. Durant 211 km, traversant trois départements et de nombreuses communes, il va ainsi courir, ravitaillé en début de soirée par son épouse et accompagné ponctuellement par d’autres gendarmes, qu’il ne connaît pas forcément, mais qui, portés par son initiative, ont eu envie de le rejoindre. Durant la course, rendue plus difficile à cause d'un vent particulièrement fort, Régis ne fait une pause pour dormir que de 15 minutes, ne mettant au total que 29 heures pour relier Limoges, en Haute-Vienne, à l’école de gendarmerie de Rochefort, en Charente-Maritime.

Limoges, 6h du matin. Régis se prépare à partir, accompagné pour les premiers kilomètres par des collègues gendarmes. 

© D.R

Porter la voix de 15 enfants souffrant de maladies rares

Mais si Régis court, ce n’est pas pour rien. En plus de 8 ans, ce gendarme, qui travaille au Centre de production multimédia de la gendarmerie, a parcouru 5 878 kilomètres (répartis en 14 courses), en métropole, mais aussi en outre-mer (Nouvelle-Calédonie) et en Belgique, associant à chaque fois la cause d’un enfant malade et de sa famille. Des personnes issues de la gendarmerie, mais pas seulement. « La méthode est simple : pendant toute la durée du trajet, je cours avec une bannière, un drapeau ou un tee-shirt d’enfant avec sa photo, son prénom et sa maladie. L’élément est positionné sur mon sac à dos et sur le chariot de course (qu’il n’avait pas avec lui cette fois-ci, ndlr). Il devient alors un outil de communication. Cela éveille la curiosité des gens et les incite à venir discuter, poser des questions et comprendre le but de ma course », explique-t-il.

Auprès du public qui l’interpelle, il raconte ainsi l’histoire de ces enfants. Celle de deux Pauline, l’une de 9 ans, atteinte du syndrome de Pierre-Robin, et l’autre de 24 ans, hypotonique et souffrant de nombreux troubles dont on recense seulement deux cas dans le monde. Le combat de Lila aussi, qui, à 7 ans et demi, est atteinte d’une maladie anti-inflammatoire sévère et sans traitement, de Dylan, d’Illiam et des 11 autres. Il sensibilise la population sur ces maladies et distribue, à ceux qui le veulent, des flyers portant le nom de plusieurs associations. « Comme ça, quand je rencontre des gens, je leur laisse la possibilité de choisir une association pour faire un don. » Des associations triées sur le volet par Régis. La nuit, il court sans interruption pour rattraper son retard, car cette année, Régis est attendu à l’école de gendarmerie de Rochefort le 8 novembre, à 10 h 30, pour assister à la remise des médailles des championnats de France militaire de cross-country.

Arrivée avec l'adjudant David Barnabé, gendarme amputé de la jambe gauche à la suite d'une blessure en service. 

© D.R

« Créer une fête autour de l’enfant »

À travers la sensibilisation du public, ce que recherche Régis, c'est avant tout l’évolution du regard porté par les gens sur les personnes malades et porteuses de handicaps et sur leur famille. « L’objectif est de faire entendre qu’il y a dans notre entourage familial, professionnel ou simple voisinage, des enfants malades. Au-delà des enfants, il y a des familles, des frères et sœurs qui se trouvent parfois isolés, dans l’oubli et dans l'indifférence totale. [...] Le but n’est pas de pleurer sur une situation, mais de s’intéresser simplement aux gens quotidiennement. »

Des enfants qu’il a découverts au fil des ans. « Au début, on a fait ça pour Pauline, la fille de Franck, et pour Clara, ma nièce. Chaque année, je courais pour mettre en avant un ou deux enfants en plus. Cette fois, c’est pour Franck. » Un camarade et des enfants, dont l'énergie donne à Régis le courage de se surpasser. Ce 8 novembre, son arrivée à l’école de gendarmerie de Rochefort, se fait entouré de collègues l’ayant rejoint pour les derniers kilomètres, et notamment de l’adjudant David Barnabé, contribuant à le porter jusqu'à la ligne d'arrivée, où les enfants l'attendent. « Le simple fait de voir les enfants sur la ligne d'arrivée a une portée énorme. L’enfant, on le met en avant à l’arrivée. Il est au centre de tout ça, il comprend qu’il se passe quelque chose. On crée vraiment une fête autour de l’enfant. C’est juste génial à vivre. » Une fête pour célébrer la vie et une course, qui résonnent comme une impulsion pour donner la force d’avancer.

Lors de cette course, Régis a pu récolter la somme de 500 euros, donnée par l'AGPM, et qui sera remise à « Petit cœur de beurre » , une association choisie par Franck, qui lutte contre les défaillances cardiaques des enfants.

Plus d’informations sur le site Facebook : " Jeprêtemesjambesà "

Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser