Climat interne 2020 : connaître les attentes des personnels et y répondre (3/3)

  • Par Lucas Melissent et Stéphanie Silvestre
  • Publié le 07 mai 2021

Depuis sa rénovation, en 2017, le sondage sur le climat interne, véritable baromètre social de la gendarmerie, est accompagné d’un volet thématique. En 2020, celui-ci portait sur les « gendarmes et leur famille », avec en toile de fond la question de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Lucas Melissent, démographe, et Stéphanie Silvestre, adjointe de la section sociologie-démographie, en détaillent les principaux constats.

La famille : une préoccupation centrale

La conciliation vie privée-vie professionnelle ressort dans diverses études (cohortes, climat interne) et cristallise d’importantes attentes chez les personnels. En effet, la société française a connu un certain nombre d’évolutions au cours des dernières décennies, et les gendarmes n’y ont pas échappé.

L’augmentation de la bi-activité au sein des couples (notamment du fait de l’arrivée des femmes sur le marché de l’emploi), du nombre de séparations et de divorces, et donc de familles monoparentales et recomposées, ainsi que l’évolution de la parentalité (vers une implication plus forte des parents) ne sont pas sans incidence sur les parcours de carrière.
Les familles se trouvent alors au cœur des préoccupations des personnels, avec notamment les problématiques liées à l’emploi des conjoint(e)s, à la scolarisation des enfants et au logement.

Les caractéristiques principales des familles

La très grande majorité des personnels sont en couple (78 %) et ont au moins un enfant (67 % avec en moyenne 1,4 enfant). Le PACS et le mariage forment le cadre le plus répandu de la vie de couple, puisque 3 personnels sur 4 ont vécu au moins l’un de ces deux événements. Toutefois, la rupture de PACS et le divorce sont fréquents (1 personnel sur 4). Si les familles sont majoritairement nucléaires, les familles recomposées et monoparentales ne sont donc pas rares (respectivement 13 % et 8 % des personnels).                                                                                         

Les trajectoires familiales particulières des femmes

À âge égal, les personnels féminins sont plus fréquemment célibataires, séparées ou divorcées, ou à la tête de familles monoparentales. Elles ont aussi en moyenne moins d’enfant(s) que leurs homologues masculins.

La conciliation vie privée-vie professionnelle semble alors moins évidente pour elles. Les sujétions liées à leur statut pèsent en effet probablement davantage sur elles, quand, dans notre société, il est aussi attendu d’elles qu’elles prennent en charge une part importante du travail domestique et parental. Les femmes militaires ajustent alors leur trajectoire familiale à leur engagement. On peut même affirmer que si les personnels font un choix de carrière en entrant en gendarmerie, les femmes, elles, font un choix de vie.

Les mutations, un enjeu pour les carrières et les familles

Les mutations conditionnent souvent l’avancement et sont particulièrement régulières pour les officiers. Elles jouent alors un rôle majeur dans les parcours de carrière.
Pour autant, leur impact sur la vie de famille n’est pas anodin, les mutations annonçant souvent beaucoup de changements. Avec 83 % des couples bi-actifs, on imagine facilement l’effet des mutations sur l’emploi des conjoint(e)s.

De fait, 51 % des conjoint(e)s ont quitté leur poste à la suite de la dernière mutation du militaire avec déménagement de la famille. D’une façon générale, 35 % des personnels en couple jugent que leur carrière a freiné celle de leur conjoint(e). Enfin, il ne faut pas négliger l’impact des mutations sur la scolarisation des enfants et le logement.

Certains personnels font alors le choix du célibat géographique. C’est le cas de 24 % des personnels en couple ; 40 % de ces célibataires géographiques vivant à plus de 100 km de leur famille.

L’action sociale

53 % des personnels estiment que l’aide sociale est satisfaisante. La fondation Maison de la Gendarmerie et l’Institut de gestion sociale des armées (IGESA) sont les deux acteurs les plus connus (par respectivement 96 % et 87 % des personnels). Enfin, le plan famille 2018-2022, mis en place par le ministère des Armées, est connu par 12 % des personnels. S’ils identifient peu le plan famille, ils sont plus nombreux à connaître certaines actions clés du dispositif, comme la carte SNCF Famille, connue par 61 % des personnels.

Lorsqu’ils expriment leurs attentes, les gendarmes reviennent en priorité sur trois facteurs clés de la conciliation vie familiale-vie professionnelle : le logement, l’emploi du conjoint et les enfants.

Quels enseignements tirer de cette étude ?

Cette étude a permis de montrer que les gendarmes sont aussi des parents et des conjoint(e)s qui peuvent avoir à ajuster leur carrière ou leur vie de famille en fonction des sujétions de ces deux pans de leur vie.

En plus de décrire les situations familiales des gendarmes, l’étude permet de mettre en lumière des champs d’action possibles pour accompagner les gendarmes vers une meilleure conciliation vie privée-vie professionnelle (anticipation des mutations, emploi des conjoint(e)s, amélioration de l’offre de garde d’enfants, accès et qualité du logement…).

Par ailleurs, au-delà du cercle familial restreint, un certain nombre de personnels ont déclaré aider régulièrement un proche (essentiellement des ascendants). Avec le vieillissement de la population, cette dimension d’aidant familial pourrait prendre plus d’ampleur dans les années à venir.

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