Guyane : la gendarmerie met fin à une mutinerie dans une prison
- Par la capitaine Sophie Bernard
- Publié le 07 avril 2020
Alors que l’épidémie de COVID-19 continue de sévir en France, l’administration pénitentiaire a dû faire face à de multiples incidents dans les prisons depuis le début du confinement. En Guyane, près d’une centaine de gendarmes sont ainsi intervenus, le 1er avril, pour mettre fin à une mutinerie au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly.
D’une part, le coronavirus se propage, de l’autre, les tensions montent au sein des établissements pénitentiaires ! Les mesures de confinement liées à la crise sanitaire ont entraîné la suspension des parloirs et de certaines activités au sein des prisons, une prévention mal vécue qui a éveillé la colère de nombreux détenus.
Différents faits ont ainsi été constatés sur tout le territoire : refus de réintégrer les cellules après la promenade dans plusieurs centres, matelas brûlés sur les toits d’une prison en Corrèze, projectiles lancés sur les forces de l’ordre dans le Nord, etc. Dans la majorité des cas, les Équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) sont engagées. Mais c’est une véritable mutinerie qui a éclaté, mercredi 1er avril, dans un centre pénitentiaire guyanais, obligeant la gendarmerie de Guyane et le GIGN à intervenir !
Dispositif de gestion de crise
Un scénario digne d’un épisode de Prison Break a démarré, dès 8 h 30, quand un groupe de détenus a provoqué une coupure d’électricité pour tendre un guet-apens à l’un des surveillants. Pris à partie, celui-ci s’est retrouvé enfermé dans un local, après s’être fait dérober son trousseau de clés et sa radio.
Dès lors, plus d’une centaine de prisonniers, détenus dans deux bâtiments du centre, ont déambulé dans les couloirs et commencé à dégrader l’établissement. À l’aide de matelas enflammés, ils ont ainsi déclenché plusieurs incendies au sein de leurs quartiers et de leurs cellules.
Un important dispositif a alors été déployé par la gendarmerie de Guyane, comprenant un escadron de gendarmes mobiles, des militaires de la compagnie de Matoury, mais aussi des gendarmes de l’antenne GIGN de Cayenne. Après avoir sécurisé les abords, ces derniers ont progressé au sein de la structure, avec l’appui d’un hélicoptère gendarmerie, mais aussi l’aide des pompiers et de l’administration pénitentiaire.
Ayant fait face, pendant plus d’une heure, aux incendies, aux barricades et même à certains détenus armés de couteaux ou de machettes, ils sont parvenus à mettre fin à la révolte peu avant 13 heures.
Deux enquêtes en cours
Si aucun blessé n’est à déplorer, la directrice de l’établissement regrette ce déchaînement de violence, alors que l’administration prend toutes les mesures nécessaires pour protéger les détenus. Elle explique que le centre ne souffre pas d’un sureffectif carcéral, que les prisonniers disposent de davantage de temps au téléphone pour conserver un lien avec l’extérieur, et que l’administration démultiplie les livraisons de produits d’hygiène.
Quoi qu’il en soit, deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes par le parquet de Cayenne : l’une pour séquestration en bande organisée concernant le surveillant molesté qui, choqué, a été transporté à l’hôpital, l’autre pour dégradation de biens publics par des moyens dangereux.
En attendant que les mutins soient identifiés, le procureur de la République, Samuel Filniez, a prévenu que les sanctions seraient lourdes, à la hauteur des risques encourus par les personnels de l’administration pénitentiaire et les gendarmes.
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