Bretagne : des huîtres sous haute protection
- Par la lieutenante Floriane Hours
- Publié le 25 décembre 2020
Depuis trois ans, en partenariat avec les producteurs et les élus locaux, la compagnie de gendarmerie de Saint-Malo met en place un dispositif pour lutter contre les vols d’huîtres et de matériels (moteurs de bateau, tracteurs…) ainsi que contre les dégradations de biens dans les parcs ostréicoles de Cancale, de Nielles et de Saint-Méloir-des-Ondes. Un plan d’action qui, cette année, s’est étendu au port de Vivier-sur-Mer, l’une des plus grandes étendues conchylicoles d’Europe.
Visant à réduire le nombre de vols durant la période des fêtes, la plus importante pour les ostréiculteurs, le dispositif, lancé en 2017, a été construit autour de trois grands axes : surveiller, contrôler et informer.
Des moyens de surveillance accrus
Un Détachement de surveillance et d’intervention réservistes (DSIR) a ainsi été mis en place par le groupement de gendarmerie départementale d’Ille-et-Vilaine, afin de lutter contre les vols de poches d’huîtres, mais également de matériels, véritable fléau pour les producteurs. Il comprend dix gendarmes réservistes, commandés par un officier réserviste, souvent ancien de l’arme. Avec l’aide des élus, une convention a été signée entre les professionnels et un propriétaire de gîtes pour les héberger.
Cette équipe, qui possède une très bonne connaissance des lieux, patrouille jour et nuit pour surveiller les différents points stratégiques. Équipés de jumelles à vision nocturne, ils sont capables de voir, sans se faire remarquer. Un véritable atout selon le chef d’escadron Emmanuel Aubry, commandant la compagnie de Saint-Malo : « Les vols se déroulent le plus souvent de nuit, donc c’est très intéressant de pouvoir travailler de façon discrète. »
Dans le viseur des gendarmes se trouvent certains sites sensibles, comprenant les parcs ostréicoles ainsi que les lieux de stockage et de conditionnement. Le travail de ces réservistes s’effectue en majorité lorsque la marée est basse, moment où le risque de vols est le plus important.
Des contrôles réguliers
Pour protéger les parcs ostréicoles, les gendarmes ont aussi renforcé les contrôles. L’identité des conducteurs de tracteur travaillant sur les parcs est régulièrement vérifiée. Les gendarmes notent aussi le tonnage prélevé et les références des parcelles prélevées. Depuis fin novembre 2020, l’ensemble des tracteurs qui circulent sur les exploitations ostréicoles doivent être marqués avec des chiffres et des lettres, pour identifier la parcelle à laquelle ils sont rattachés.
Bons réflexes et mauvaises pratiques
Au-delà de la partie surveillance et protection, l’objectif des gendarmes à travers ce dispositif est aussi de sensibiliser les producteurs aux bonnes pratiques permettant de limiter les risques de vols ou de dégradations. Pour que leur action soit plus efficace, elle s’effectue en étroite collaboration avec les professionnels.
Un référent sûreté du groupement de gendarmerie d’Ille-et-Vilaine est aussi désigné pour accompagner les différentes zones d’activités. Il informe et sensibilise sur les bonnes pratiques à avoir, tels que : protéger les stocks, bien éclairer et bien fermer les bâtiments sensibles, mettre des alarmes et, pour ceux qui le peuvent, s’équiper en vidéo-protection. L’appui apporté par ce référent gendarmerie concerne également la gestion informatique de l’exploitation (cyber-malveillance, faux ordres de virement…)
Si la mission première des gendarmes déployés sur ce dispositif est de protéger les exploitations, ils doivent aussi veiller à ce que les règles soient bien respectées, notamment en ce qui concerne les obligations légales de l’employeur.
Auparavant un peu anarchique et favorisant ainsi les trafics, les nuisances mais aussi les comportements à risque, l’hébergement des saisonniers a été entièrement revu ces deux dernières années, avec l’ouverture d’une aire de camping-cars, pour que ces employés puissent être accueillis dans de bonnes conditions.
La gendarmerie en action sur l’ensemble des zones conchylicoles
L’ensemble du dispositif mis en place par la compagnie de Saint-Malo est aujourd’hui une réussite. Depuis son lancement en 2017, après le vol de plus de 3 tonnes d'huîtres, plus aucun fait n’a été déploré dans la baie de Cancale.
Des mesures de protection et de surveillance qui s’étendent à l’ensemble des côtes françaises concernées par l’activité conchylicole, de la Normandie à la Méditerranée, en passant par la Bretagne, la Vendée, la Loire-Atlantique, la Charente-Maritime ou encore le bassin d’Arcachon, chaque commandant de groupement et de compagnie adaptant son action aux besoins spécifiques de son secteur.
Des dispositifs parfois impressionnants, comme à Étel, dans le Morbihan, où cinquante militaires sont déployés, ainsi que des gendarmes à moto, un hélicoptère et des moyens nautiques.
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