Les assises de la formation en gendarmerie : état des lieux et perspectives d’évolution
- Par Morgane Jardillier
- Publié le 24 mai 2019
Les assises de la formation se sont déroulées mardi 21 mai, à la direction générale de la gendarmerie nationale, pour proposer d’éventuelles évolutions au dispositif actuel de formation, afin d’être en adéquation notamment avec les besoins opérationnels et la transformation numérique.
L’acquisition et l’actualisation des compétences professionnelles et des valeurs sont généralement considérées comme une condition essentielle d’amélioration, d’efficacité et de la performance professionnelle.
Dans la continuité de la dynamique de modernisation de la gestion des ressources humaines, commencée depuis plusieurs années au sein de la gendarmerie nationale, une réflexion de fond sur le dispositif de formation des personnels de la gendarmerie a été conduite, à la demande du général d’armée Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale.
Une formation en constante évolution
La formation sous ses différents aspects a su évoluer afin de répondre aux transformations de l’environnement de la gendarmerie, de son recrutement et de ses moyens.
Les écoles et centres de formation s’inscrivent d’ores et déjà dans une dynamique visant à améliorer la qualité de la formation dispensée : réorganisation et harmonisation des structures des écoles, contrôle des programmes et évaluation pédagogique, professionnalisation des formateurs.
La qualité de la formation découle par ailleurs d’une intégration toujours plus marquée des moyens numériques, un accent particulier demeurant porté sur les mises en situation pratiques.
Des pistes de réflexion
Ces assises de la formation ont réuni une centaine de personnalités issues de divers horizons, dont les ministères de l’Intérieur, des Armées, de la Justice, de l’Éducation nationale, ou encore des mondes de l’université, de la recherche et de l’entreprise, autour de trois tables rondes thématiques articulées sur « l’éducation aux valeurs », « la transformation numérique » et « la stratégie R.H., GPEEC et intelligence artificielle ».
Elles ont démontré l’évolution du dispositif de formation au cours des dernières années, tant dans la construction des programmes que dans les méthodes pédagogiques, afin de s’adapter aux enjeux et aux évolutions de notre société et accompagner la transformation numérique.
Très riches en réflexions, elles ont permis de porter un regard croisé sur le dispositif de formation de la gendarmerie et de dégager des pistes de progrès pour qu’in fine les personnels de la gendarmerie puissent rendre le meilleur service à la population.
Éducation aux valeurs
Dans le domaine de l’éducation aux valeurs et de l’apprentissage du savoir-être, il apparaît nécessaire de :
• consolider la formation de l’encadrement de proximité à l’exercice de l’autorité et au commandement, et redonner du sens au tutorat pour mieux accompagner les jeunes gendarmes et jeunes officiers ;
• ancrer de manière forte, dans tous les parcours de formation, la formation au contact et l’éducation aux valeurs, constituant le socle de l’identité de la gendarmerie et le fondement premier de la qualité du service rendu à la population ;
• envisager le positionnement de psychologues dans les écoles, afin de développer la notion de « psychologie policière » ;
• préparer davantage les jeunes recrues à la violence de la société à laquelle elles seront confrontées, aux situations traumatisantes, à la confrontation à la mort.
Plus généralement, la formation initiale doit demeurer le temps fort où sont développés chez le jeune élève les éléments de savoir-être, au service de la mission prioritaire de contact, et de robustesse, garante de la résilience des unités de gendarmerie.
La transformation numérique
La numérisation de l’espace de formation ouvre des perspectives très prometteuses, dans lesquelles il semble impératif de s’engager, pour certaines au prix d’un nécessaire investissement humain et financier.
Les pistes de progrès suivantes ont été dégagées :
• le développement de modules d’enseignement à distance adaptés à un usage en mobilité, fractionnés en courtes séquences pour répondre à un temps consenti de formation toujours plus court, et répondant à une ergonomie actuelle ; l’effort à consentir en matière de moyens dédiés à l’enseignement à distance devant s’inscrire dans le cadre des travaux de rationalisation du dispositif global du ministère de l’Intérieur engagés sous l’égide de la DRHMI ;
• le développement significatif des outils de simulation qui permettent, en complément des mises en situation pratique, de développer chez les apprenants leur agilité intellectuelle, leur aptitude au discernement, à l’intelligence de situation et à la prise de décision ;
• la formation de tous les personnels, de tous statuts et niveaux de responsabilités, aux compétences numériques génériques, en leur offrant des parcours individualisés, adaptés à la fonction exercée, et en s’appuyant sur la plateforme d’autoévaluation formative PIX (expérimentée en école de sous-officiers) ;
• le développement de la formation aux outils numériques métier, en école de formation initiale et tout au long de la carrière, en passant à un véritable dispositif de formation en continu.
De tels efforts supposent que le « volet formation » soit pris en compte dès le point de départ de la conception des outils numériques et que les écoles et centres de formation soient dotés d’un environnement numérique adapté.
La stratégie R.H., GPEEC et intelligence artificielle
Les « compétences » doivent aujourd’hui être replacées au cœur de toute politique de ressources humaines. Dans le prolongement des directives ministérielles données en matière de Gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences (GPEEC), et plus généralement de la politique de formation professionnelle tout au long de la vie, les orientations suivantes méritent d’être prises :
• consolider la politique de certification des titres et diplômes délivrés par la gendarmerie, dans un souci de valorisation de l’individu, d’encouragement de sa « promotion sociale » et le cas échéant pour faciliter son retour dans le monde professionnel civil ;
• constituer une équipe de marque pour développer le pilier « formation » du SIRH Agorh@, afin d’exploiter toutes les potentialités du progiciel et permettre une gestion dynamique des compétences ;
• investir dans le développement d’outils d’intelligence artificielle pour analyser et traiter la somme des données figurant dans Agorh@, aux fins, d’une part, de rationaliser l’effort global de formation et, d’autre part, de proposer à chacun des personnels un parcours de formation individualisé tout au long de sa vie professionnelle.
Il s’agit ici de passer de la notion de parcours de carrière à celle de parcours professionnel qui, outre les besoins de la gendarmerie, intègre les aspirations personnelles.
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