Mère, gendarme et experte en milieux aquatiques

  • Par Contributeur 315046
  • Publié le 26 février 2020, mis à jour le 04 mars 2020

A. a 42 ans et déjà 17 ans de carrière en Gendarmerie. Elle appartient à l’unité d’expertise Milieux Aquatiques du département Faune Flore Forensiques de l’IRCGN. Affectée depuis septembre 2015, elle est expert inscrit près la Cour d’Appel de Versailles depuis cette année. A titre personnel, elle est mariée depuis 15 ans et mère de jumeaux de 11 ans et demi.

Quel a été votre parcours avant d'intégrer le PJGN ?

Avant mon affectation au PJGN en septembre 2015, j’ai d’abord été aspirante issue du volontariat pendant 2 ans et demi. A la sortie de l’école de sous-officier, j’ai choisi de servir en Gendarmerie Départementale en Ile de France afin me rapprocher de mon époux qui était affecté à la Garde Républicaine. Après 4 ans de brigade périurbaine, technicien en identification criminelle puis officier de police judiciaire, j’ai choisi de poursuivre ma carrière à la Cellule d’Investigation Criminelle 95 que j’ai quittée en septembre 2015 pour l’IRCGN.

Qu'est ce qui a motivé ce choix de carrière dans le domaine judiciaire ?

L’attrait pour la criminalistique et pour la mise en œuvre de toutes les techniques nécessaires à la recherche et à la matérialisation de la preuve.

Quelles sont les missions de votre service ? Vos activités quotidiennes ?

Le département Faune et Flore Forensiques traite plus particulièrement de tous les indices d’origine naturelle au service de l’enquête judiciaire. Mon travail consiste à la recherche de diatomées dans les prélèvements effectuées sur les victimes découvertes dans un milieu aquatique afin de confirmer ou d’infirmer un processus de noyade.

Pensez-vous que votre profession vous contraint dans votre féminité ?

Quelques soient mes affectations ultérieures, ma profession ne m’a jamais contrainte dans ma féminité. Il y a 17 ans, j’ai fait le choix de devenir gendarme tout en gardant à l’esprit que le fait d’être une femme ne devait être ni un frein ni un avantage pour ma carrière.

Quelles sont les compétences nécessaires pour exercer ce métier ?

L’exercice du métier de gendarme, de TIC puis d’expert, nécessite de la rigueur, de l’honnêteté tant professionnelle qu’intellectuelle, de la disponibilité, de la persévérance, une ouverture d’esprit mais aussi une remise en question permanente.

Quels sont les défis que vous avez du relever en tant que femme lors de votre prise de fonction ?

Le seul défi que j’ai du relever n’est pas en tant que femme mais plutôt en tant que mère. En effet, quand j’ai postulé à la CIC95, il y a bientôt 10 ans, il m’a été demandé dixit « ce que j’allais faire de mes enfants de 2 ans et demi quand j’allais partir en intervention ».

J’ai répondu qu’affectée depuis leur naissance dans une brigade à forte activité et avec un époux absent 1 jour sur 2, « personne ne s’en était inquiété jusqu’alors et qu’il fallait que cela continue ainsi ». Cette question aurait-elle été posée à un postulant masculin ? J’en doute mais cela ne m’a pas empêché d’intégrer cette unité en tant que TIC.

Pensez-vous qu'être une femme soit un désavantage ou une force ?

Être une femme ne doit être ni un désavantage ni une force. Sur le terrain, il y a quelques années, la présence d’une femme lors d’une intervention « musclée » pouvait être, à tort, prise comme un désavantage, un point faible. Je pense que cette vision a évolué et que la formation en intervention professionnelle renforcée et les moyens mis en œuvre ont gommé ces aspects. De plus, a contrario, la présence d’une femme parmi les intervenants permet, dans certains cas, de calmer une situation tendue.

Une affaire vous a-t-elle plus particulièrement marquée, notamment en tant que femme ?

Certaines affaires (violences intrafamiliales, affaires de pédophilie) nous marquent plus particulièrement en tant que femme mais surtout en tant que mère. Parmi toutes les affaires traitées pendant mes années de TIC, le seul nom de victime dont je me souviendrai tout au long de ma carrière est celui d’un jeune garçon de 9 ans qui n’avait trouvé comme seul échappatoire que le suicide.

Comment voyez-vous votre avenir ? Pensez-vous qu’il aurait été différent si vous aviez été un homme ? 

Je ne pense pas que ma carrière aurait été différente si j’avais été un homme. J’ai toujours fait la part des choses entre ma vie professionnelle et ma vie privée, en essayant, dans la mesure du possible, que ma vie professionnelle n’interfère pas trop dans ma vie privée et vice-versa. J’ai la chance d’avoir un époux compréhensif qui a toujours pris le relais auprès de nos enfants quand j’étais en intervention ou en déplacement.

Auriez-vous un conseil à donner aux jeunes femmes actives ?

Si je n’ai qu’un conseil à donner aux jeunes femmes actives, c’est de foncer et ne jamais vous laisser dire que c’est impossible. Il y a 40 ans, les femmes n’avaient pas encore accès à la Gendarmerie et aujourd’hui, il y a des femmes sous-officiers en gendarmerie mobile. Heureusement, les mentalités évoluent mais, au final, seule la valeur intrinsèque du militaire, homme ou femme, doit être reconnue.

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