Biologiste et Gendarme : Témoignage d'un officier de gendarmerie sur titres

  • Par Contributeur 411117
  • Publié le 03 décembre 2018, mis à jour le 03 septembre 2019

Découvrons ensemble le parcours d’une jeune femme lieutenant affectée il y a deux ans au Service Central d’Analyses Génétiques de la Gendarmerie Nationale après 2 ans de formation au sein de l’École des Officiers de la Gendarmerie Nationale. Quel est son parcours ? Quelles sont ses motivations et ses perspectives de carrière ?

Quel est votre parcours avant d’avoir été affectée à l’IRCGN ?

Passionnée par les sciences criminalistique et les enquêtes judiciaires, je souhaite intégrer l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale depuis l’âge de 13 ans. J’oriente mes études afin d’atteindre cet objectif. Après un bac scientifique, je me tourne vers une licence en Biotechnologies à l’Université Bretagne Sud de Lorient, je bifurque ensuite vers Nantes ou j’effectue une année de Master 1 axée sur l’Immunologie. Davantage passionnée par la génétique et plus en adéquation avec mon parcours de carrière, je réalise un nouveau master spécialisée en Génétique à Brest : le master Génétique, Génomique et Biotechnologies de l’Université de Bretagne Occidentale que j’obtiens fin 2012 avec mention. Ce diplôme spécialisé me permet de disposer des conditions nécessaires pour devenir à terme un expert de justice.

Durant ma formation, j’effectue plusieurs stages dont celui de Master 1 au sein du Laboratoire Universitaire de Biodiversité et Écologie Microbienne de Brest. Ce stage traitant de la mucoviscidose me vaudra d’être publiée dans la revue scientifique Journal of Microbiology en 2014. Cette expérience est très enrichissante, tant du point de vue personnel que professionnel. Elle me permet de mener une étude de façon autonome avec une obligation de résultats ayant des conséquences sur le financement du laboratoire.

N’oubliant pas l’Institut, je poursuis mes études et réalise mon stage de deuxième année de Master au sein du département Biologie de l’IRCGN durant 6 mois. Je suis chargée de tester de nouveaux kits de détection de fluides biologiques permettant la détermination de la nature des traces issues de scènes d’infraction. Je participe également à des dossiers réels avec les techniciens du département. Cette première expérience au sein de l’Institut est un premier signe de l’aboutissement de mon objectif initial et ne fait que confirmer mon désir d’intégrer cette institution.

Parallèlement à mes études, je suis également réserviste opérationnelle en Gendarmerie pendant 5 ans. Cette expérience me permet de découvrir l’Institution et ses missions mais aussi de confirmer si la carrière à laquelle je me destine est celle à laquelle je m’attends. J’ai ainsi le plaisir de travailler durant les vacances scolaires aux côtés de gendarmes de terrain effectuant plusieurs missions (perquisition, audition, patrouille de surveillance, police de la route…). Cela conforte une nouvelle fois mon désir d’intégrer la Gendarmerie.

Après obtention de mon master en 2012, je passe le concours d’officier recruté sur titres. Ce concours allie management et sciences et me donne la possibilité de pouvoir devenir experte en identification par empreintes génétiques. Le concours sur titres a la particularité de n’être basé que sur le dossier des candidats, il n’y a pas d’écrits à part les tests psychotechniques. Ainsi, 100 dossiers sont sélectionnés au national, 25 d’entre eux sont retenus pour l’épreuve orale puis seulement 5 candidats sont retenus à l’issue. Ma candidature est retenue, je peux donc intégrer l’école des Officiers de la Gendarmerie Nationale pour deux ans de formation. J’attends cela depuis longtemps, j’approche du but.

Comment se déroule la scolarité à l’EOGN lorsque l’on est officier recruté sur titres?

L’intégration en école a lieu le 1er août 2013, je suis impatiente de démarrer malgré une légère appréhension. Durant la scolarité, la spécialité des officiers recrutés sur titres est mise entre parenthèses, la formation est identique pour tous les élèves. Nous sommes d’abord des officiers de gendarmerie, puis des spécialistes. La première année est essentiellement consacrée à la découverte du monde militaire, ses règles, la rusticité, le dépassement de soi. Ce n’est pas toujours évident mais la perspective de l’IRCGN me motive. La deuxième année est plus spécifique à notre futur domaine d’activité, la police judiciaire pour ma part. En fin de cycle, je suis directement affectée au Service Central d’Analyses Génétiques de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN) au grade de lieutenant.

Quelle est votre activité au sein de l’IRCGN ?

Depuis le 1er août 2015, je suis affectée en tant qu’officier criminalistique au Service Central d’Analyses Génétiques, chaîne Traces. Ce service a été crée en 2004 afin de répondre à la croissance exponentielle des demandes d’analyses génétiques. Il traite environ 5000 prélèvements standardisés par mois provenant des scènes d’infraction de France métropolitaine et Outre-Mer. Les analyses ont pour but la détermination de profils génétiques à partir de supports issus de scènes d’infraction. Le SCAGGEND est également amené à se déplacer en France ou à l’étranger pour des missions d’identification de victimes de catastrophes (crash de la GermanWings en 2014, vol Egyptair MS804 en 2016, par exemple).

En veille technique et technologique constante, les personnels du SCAGGEND sont également en charge de projets de recherche et développement au sein du laboratoire dans le but d’améliorer au quotidien les performances et la rapidité des analyses.

En parallèle de mon activité d’officier criminalistique, je m’occupe également de la communication de l’Institut à travers Internet et les différents réseaux sociaux. Cette mission me permet faire connaître cette plateforme multidisciplinaire très riche mais également de découvrir d’autres spécialités de l’Institut.

Comment voyez-vous votre avenir en gendarmerie ?

La particularité du domaine de la génétique est que l’expert doit être inscrit en son nom près une cour d’appel pour établir des dossiers. Après une formation accrue en interne et possédant les diplômes nécessaires, la prochaine étape de mon parcours est de devenir expert en identification par empreintes génétiques. Mon dossier a été déposé en début d’année, j’attends le retour pour une éventuelle inscription en 2018.

De plus, la carrière d’officier implique un temps de commandement sur le terrain. D’une durée d’environ 4 ans, il se déroule dans les unités de gendarmerie de terrain, en métropole ou en outre-mer, c’est donc une étape indispensable pour une évolution de carrière. Après ce temps de commandement, si la possibilité m’en est offerte, je souhaiterais éventuellement revenir à l’Institut.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants ou jeunes actifs intéressés pour faire une carrière au sein de l’IRCGN ?

Mon parcours est assez représentatif de ce que je pourrais donner comme conseil. Croyez en vous, restés motivés et vous y parviendrez. Donnez-vous les moyens de réaliser un métier qui vous passionne pour ne pas avoir de regrets.

La gendarmerie, qu’elle soit scientifique ou non, offre de belles possibilités de carrière et d’évolution. L’IRCGN, plus particulièrement, permet d’allier les sciences, l’opérationnel et la recherche fondamentale. Pour rentrer à l’IRCGN, il est indispensable de posséder de bons diplômes et d’être préparé à affronter certaines missions complexes. L’engagement et la disponibilité sont également des paramètres importants, notamment si l’on décide d’embrasser une carrière de gendarme, d’officier comme de sous-officier.

Je recommande aux personnes intéressées par l’IRCGN de se renseigner sur le concours « officier recrutés sur titres » mais également sur le métier de gendarme car les différentes unités de la gendarmerie travaillent ensemble quotidiennement. Pour découvrir la gendarmerie, le meilleur conseil, pour l’avoir fait, est d’intégrer la réserve, c’est le moyen idéal pour découvrir les acteurs de terrain de la gendarmerie. De même, il faut se renseigner dans les brigades de gendarmerie locales ou auprès de centres d’informations et de recrutement pour connaître la multitude de métiers qu’offre la Gendarmerie Nationale.

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