1984 : L'affaire Grégory, un tournant majeur pour les sciences forensiques

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  • Publié le 21 août 2017, mis à jour le 13 juin 2023

Ce n’est qu’à partir de 1957 que d’autres missions sont confiées à la Gendarmerie suite à une réforme du Code de Procédure Pénale autorisant les enquêtes judiciaires. La Gendarmerie ressent alors le besoin de disposer d’outils dédiés à la criminalistique.  En 1970, le Service Technique de Recherches Judiciaires et de Documentation (STRJD – actuellement SCRC : Service Central de Renseignement Criminel) voit le jour. En 1984, il s’installe au fort de Rosny-Sous-Bois au sein du Centre Technique de la Gendarmerie Nationale (CTGN) qui regroupera plus tard, à la fois le STRJD et l’IRCGN (Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale).

Rappel des faits

Le 16 octobre 1984, un petit garçon est porté disparu dans un village des Vosges. Son corps est retrouvé quelques heures plus tard, pieds et poings liés, gisant dans la Vologne. La scène de crime est piétinée par les intervenants directs mais aussi par badauds et journalistes. Le lendemain du drame, la famille reçoit un message provenant d’un mystérieux corbeau. Celui-ci ne sera malheureusement jamais formellement identifié malgré les avis d’experts en comparaison d’écriture. Le cousin du père du petit garçon est finalement dénoncé aux gendarmes puis relâché trois mois plus tard. Le père l’abat alors d’un coup de fusil deux mois après sa sortie de prison. Accusé, jugé et emprisonné pour ce meurtre, celui-ci verra alors sa femme soupçonnée puis accusée du meurtre de leur petit garçon. Il faudra attendre huit années avant que la justice ne rende définitivement un non-lieu faute de charge à son encontre.

 

 

En 1985, la Gendarmerie est dessaisie de l’affaire au profit de la Section de Recherche de la Police Judiciaire de Nancy. Ce meurtre reste non élucidé et le dossier est classé en 2003. La justice peut cependant rouvrir le dossier, en cas de découverte d’un fait nouveau dans les dix ans suivant la clôture. 

Ainsi, fin 2008, de nouvelles analyses sont entreprises suite à une demande des parents de Grégory. Ces analyses concernent notamment des recherches d’ADN, l’expertise d’un enregistrement vocal des voix des corbeaux, et un foulage sur la lettre anonyme reçue par les parents. Les résultats obtenus sont négatifs.

A l’heure actuelle, cette affaire subit encore de multiples rebondissements avec notamment l’interpellation des époux Jacob, oncle et tante de Grégory en juin 2017, suivi de la confrontation entre Murielle Bolle et son cousin, à propos de l’accusation de Bernard Laroche faite à la gendarmerie peu après le meurtre, et sur laquelle elle était revenue.

 

Prise de conscience collective

 « On constate par rapport à ce qui se fait aujourd’hui de précautions en matière de protection de scène de crime, que tout le monde circulait librement, les journalistes étaient très proches des lieux, magistrats, policiers et gendarmes évoluaient dans la zone. S’il y avait eu des empreintes des pneus de la voiture venue déposer l’enfant, cela aurait été constaté. Malheureusement à l’époque ce n’était pas un réflexe. Lorsque l’on retrouve l’enfant, et qu’on le sort de l’eau, tout le monde piétine la scène. Un photographe a réussi à venir sur la berge, il photographie l’enfant. Il sera évacué par les gendarmes. Mais il n’avait rien à faire là ! La notion de gel des lieux n’existait pas. Aucune méthodologie criminalistique n’est appliquée. Les gendarmes de l’époque sont en vareuse et en baudrier avec l’arme à la ceinture.

Il y a bien sûr eu des polémiques sur l’enquête, mais en dehors de ces aspects-là, on prend conscience, à ce moment-là, que ce ne sont pas de bonnes conditions de travail. Nous sommes quand même au milieu des années 80, cela n’est pas acceptable.  Aujourd’hui tout cela nous semble évident, la tresse, le bandeau jaune et noir… L’interdiction de pénétrer sur le périmètre… A l’époque, la brigade ou la section d’enquête ne dispose pas de tous ces éléments, cela n’est pas intégré au processus d’enquête.

C’est pourquoi l’affaire Grégory, en dehors du fait qu’elle donne lieu à cette prise de conscience d’un point de vue scientifique, nous incite aussi à réfléchir à la manière de construire une enquête… » Paroles du Général Jacques Hébrard en 2011, directeur de l’IRCGN.

 

 

Révolution de la criminalistique

La réforme de la police scientifique est en marche. Elle fut la priorité de Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur. Les laboratoires de criminalistique existant sont transformés, les budgets alloués sont augmentés et un laboratoire de gendarmerie voit le jour en 1987 : le Service Technique d’Identification Criminelle de la Gendarmerie, rebaptisé plus tard, Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.

Sur le terrain, les équipes sont dorénavant dotées de combinaisons stériles et de mallettes contenant du matériel permettant d’effectuer tous les prélèvements nécessaires. Des fichiers de renseignements sont créés ainsi que des bases de données et la notion de gel des lieux deviendra une étape essentielle lors de la découverte d’une scène de crime.

 

Aller à 1987 : La naissance de la Section Technique d'Investigations Criminelles de la Gendarmerie Nationale

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