Mayotte : les gendarmes à pied d’œuvre pour sécuriser la distribution alimentaire

  • Par Le capitaine Tristan Maysounave et Antoine Faure
  • Publié le 20 décembre 2024
Chaîne pour décharger les denrées lors d'une distribution à Sada, à Mayotte, après l'ouragan Chido.
© GEND/SIRPA/GND R. CULPIN

Après le passage du cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte, samedi 14 décembre 2024, les gendarmes ont notamment été déployés pour des missions de sécurisation de l’aide humanitaire, à laquelle ils ont pris part activement. Exemple à Sada, avec l’escadron de gendarmerie mobile 35/3 de Saint-Nazaire.

Commune de Sada, Grande-Terre, jeudi 19 décembre 2024. Sur le stade de football municipal, les marchandises du camion commencent à être déchargées. Le capitaine Cédric Mademann, commandant de l'Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 35/3 de Saint-Nazaire, engagé pour sécuriser la distribution, sollicite les jeunes présents sur le terrain de foot pour donner un coup de main. Une chaîne se met en place pour décharger les denrées alimentaires, dans la bonne humeur malgré les difficultés extrêmes. « Les gens n'ont plus grand-chose à manger, plus d'eau, alors ils sont très contents de nous voir, décrit le gendarme Charlie, affecté à l’unité. On est là pour les aider, et il y a une solidarité entre militaires et civils. C'est une mission agréable, ça nous change du maintien de l'ordre. »

Amada a 15 ans. Il habite à Sada et a pris place dans cette chaîne. « On était venus pour jouer au foot, mais les gendarmes nous ont demandé de les aider, on n’allait pas dire non ! Il faut se serrer les coudes, parce qu’en ce moment, c’est difficile. On souffre. J'ai eu très peur quand le cyclone est arrivé. On pensait que ce serait comme les cyclones à La Réunion, qui passent sans faire trop de dégâts… J’ai encore ma maison, mais j’ai des amis qui n’en ont plus. Je suis désolé pour eux. On est allé les voir pour les réconforter, nettoyer, mais c’est tout ce qu’on peut faire pour l’instant. Il n’y a plus d’électricité. L'eau, ça coupe et ça revient… Et la nourriture, faut en trouver. Là, chez moi, il ne reste plus que des sardines. Du coup, le matin, je prends juste des feuilles de thé, de l'eau, et après je sors. Cette nourriture va beaucoup nous aider. »

Le capitaine Cédric Mademann, commandant de l'Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 35/3 de Saint-Nazaire, engagé pour sécuriser la distribution alimentaire à Sada, à Mayotte, après le passage du cyclone Chido.
© GEND/SIRPA/GND R. CULPIN

Le capitaine Cédric Mademann a pris la tête de l'EGM 35/3 le 1er septembre 2024. Le 29 septembre, l’unité est arrivée à Mayotte, avec pour mission la sécurisation du sud de l’île. « Lorsque le cyclone est passé, les militaires ont d’abord dû faire face aux éléments, se protéger et essayer de retrouver une situation stable, raconte-t-il. Certains étaient isolés, comme à la brigade de Sada, où ils étaient quatorze, et à la brigade de Mzouazia, où ils étaient dix. Je n’avais plus aucune communication, ni avec mes militaires, qui ont dû gérer seuls, main dans la main avec les gendarmes départementaux, ni avec mes chefs. On a pu retrouver une communication au fil de l’eau. Notre priorité a été de dégager l'axe d’Hajangoua jusqu’au CHU de Mamoudzou pour, dans un premier temps, que les secours puissent passer, mais également pour que l'ensemble des moyens qui sont dans le Nord puissent être acheminés vers le Sud. Parallèlement, les militaires ont aussi fait preuve d'ingéniosité et de beaucoup de volonté pour renforcer la sécurité des casernes, dont celle d’Hajangoua, qui est très sensible. »

La mission de ce jeudi 19 décembre consiste donc en une escorte alimentaire. Les camions mis à disposition par la préfecture ont été chargés dans un entrepôt et se rendront dans six points, au profit d’une population en souffrance. « Notre mission est de sécuriser les axes, puis d’escorter les véhicules vers chaque destination prévue, poursuit le commandant de l’escadron. Ensuite, c’est le bon sens paysan qui nous guide. On sait très bien que, dans un premier temps, il va falloir qu'on sécurise, parce qu'on sait l'importance de l'alimentation, aujourd'hui, sur Mayotte, et les convoitises que ça pourrait susciter. Une fois qu'on a sécurisé, si bien évidemment on peut aider à charger et à décharger, on le fait. »

L’EGM 35/3 devrait en principe reprendre assez vite ses missions socle, à savoir appuyer les brigades dans leurs missions du quotidien, notamment la lutte contre les atteintes aux biens et aux personnes, et éviter les pillages, avec une attention particulière sur les stations essence.

GEND/SIRPA/MDC R. DURAND

Témoignage : Adjudant-chef Alban, affecté à la Cellule de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) de la Section de recherches (S.R.) de Saint-Denis de La Réunion

« Je suis arrivé à Mayotte mardi 17 décembre, avec 35 personnels du Commandement de la gendarmerie de La Réunion (COMGENDRE), pour une mission de 15 jours. Nous sommes positionnés à Sakouli, mais nous sommes projetés sur l'ensemble de l'île en fonction des besoins de nos camarades. Notre mission aujourd’hui a été de participer à la distribution de colis alimentaires et logistiques avec l'escadron de Saint-Nazaire. Nous avons donc mélangé les équipages entre les pelotons de marche, qui sont constitués de militaires du COMGENDRE, et les gendarmes mobiles. Nous avons assuré la réception, la gestion de l'approvisionnement, puis l'accompagnement du convoi jusqu’au déchargement sur le stade de Sada.
C'est important pour moi d’être ici, parce que je pense que c'est ce à quoi on aspire lorsqu'on s'engage en tant que gendarme. Quand on voit l'événement climatique qui a touché Mayotte, ça ne peut laisser personne indifférent. C'est pourquoi je me suis porté volontaire dimanche. Je suis là pour aider la population mahoraise et nos camarades qui ont payé un lourd tribut. Alors, bien sûr, je vais passer les fêtes loin de ma famille, mais c'est pour une bonne cause. Celui qui s’engage en gendarmerie est conscient qu’il s'engage au service de la population.
 »


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