Les shérifs du lac du Salagou
- Par Pablo Agnan
- Publié le 06 août 2020

Depuis trois ans, la compagnie de Lodève a mis sur étrier un poste à cheval sur les berges du lac du Salagou, dans le centre de l’Hérault. Un dispositif plus agile, qui permet de surveiller efficacement cette zone très prisée par les touristes. Reportage.
Vu depuis le mont Liausson, le lac du Salagou fait figure de lieu préhistorique. Un endroit sur lequel ni le temps ni l’histoire ne semblent avoir eu le moindre impact. C’est d’ailleurs ce site qu’a choisi Alain Chabat pour tourner quelques scènes de son film « RRRrrrr !!! » en 2004. Et on comprend pourquoi en s’approchant des berges : sa roche rouge, appelée la « rufe », qui entoure cette étendue d’eau de 700 hectares, date du Paléozoïque (-298 à -252 millions d'années).
Ce décor de rouge et d’eau pourrait également rappeler celui des westerns, ceux-là mêmes qui auraient inspiré Jean-Michel Charlier et Jean Giraud dans la création de la bande dessinée « Blueberry ». Un sentiment d’autant plus renforcé par la présence de deux majestueux chevaux de selle français, à la robe de couleur bai, appartenant au 2e escadron de la Garde républicaine. Montés par des militaires, ces chevaux sont utilisés par la gendarmerie pour patrouiller sur les rives du lac et ses sentiers sinueux. Ils font partie du poste à cheval créé il y a trois ans pour surveiller cette zone très prisée des touristes.
Chevaux de feu
Ils sont six au total, deux gendarmes territoriaux, deux gardes républicains et deux réservistes, à enchaîner les patrouilles autour du lac. À raison de deux rondes par jour, les militaires se partagent une demi-douzaine de chevaux. Et en cette matinée du dimanche 26 juillet, c’est Valdaney et Hermès qui sont choisis pour parcourir les cinq kilomètres de pistes. « Nous n’utilisons jamais le même cheval deux fois dans la même journée, pour éviter qu’il s’use à cause de la chaleur et des chemins difficiles », précise le gendarme Alexandre.
Chevauchant depuis ses trois ans et « au sein de la garde depuis 2014 », ce militaire de 30 ans est un cavalier chevronné ainsi qu’un fin connaisseur des environs du lac. Il y patrouille depuis la création du poste à cheval. Il ne lui faut donc pas longtemps pour repérer les premières incivilités. Après quelques mètres seulement, Alexandre, accompagné de la gendarme Mathilde, se rendent auprès d’une tente installée sur les berges du lac, tout proche de l’eau.
Les deux badauds vont certainement se souvenir de leur réveil. Il est à peine 7 heures passées quand ils sont appelés par les cavaliers à sortir de leur toile. Deux étalons culminants à plus de deux mètres se dressent face à eux. Certainement impressionnés, aucun ne bronche et tous deux écoutent les gendarmes. Si le camping sauvage est interdit sur le site, ce n’est pas pour cette raison que le couple est verbalisé. Mais pour un autre détail qui a attiré l’œil des militaires.
« S’il y a une chose sur laquelle nous sommes intransigeants, c’est le feu », indique un peu plus tard le gendarme Alex. Le jeune couple s’était en effet fait cuire la veille au soir quelques grillades sur un feu improvisé. Pour avoir bravé cette interdiction, il écope d’une amende de 135 euros.
Quand les chiens aboient, les chevaux passent
Si les feux constituent le point principal de crispation pour les militaires, les amateurs de barbecue ne sont pas la seule problématique que rencontrent les gendarmes. Un peu plus loin sur le sentier longeant le lac, et après quatre campements contrôlés, un berger malinois fonce sur les chevaux de la garde, les crocs à l’air. Les deux montures se cabrent immédiatement, Valdaney manquant même d’écraser le molosse.
Si le chien est immédiatement rappelé au pied du maître, les gendarmes le suivent également sur le lieu du campement de quatre vacanciers bretons. Leur véhicule, un van, est garé sur une petite place aménagée au bord de l’eau, enfoncé dans la végétation, les roues presque dans l’eau. En plus du stationnement interdit, Alexandre leur rappelle que le chien non tenu en laisse constitue une grave infraction et un risque pour tous les autres promeneurs, en particulier les enfants. Si les deux gendarmes n’étaient pas d’expérimentés cavaliers, mais des enfants ne maîtrisant pas leur destrier, la situation aurait pu virer au drame. Et visiblement, cet argument touche le groupe d’amis.
Très récemment, les gendarmes ont rencontré un nouveau phénomène, plutôt inattendu ; celui des trottinettes électriques tout-terrain. Le loueur de ces engins s’est installé dans le camping du lac. Impossible pour la mairie comme pour les gendarmes de le déloger. Le problème, c’est que ses clients utilisent ces machines de manière dangereuse, sur des chemins très fréquentés. Le risque de collision est très élevé. Mais pour l’instant, la seule arme des militaires est la prévention ainsi que leurs imposantes montures, véritable frein aux ardeurs de ces amateurs de trottinettes tout-terrain.
Depuis le début de la semaine, les gendarmes ont dressé au total 82 procès-verbaux en seulement 14 sorties, soit autant que sur tout le mois de juillet 2019.
Si ces patrouilles permettent de lutter contre toutes les formes d’incivilités, elles sont également l’occasion de nouer un contact privilégié avec les touristes et les locaux. Chaque fois qu’Hermès passe dans le coin, il se dirige vers un groupe d’amis plutôt âgés. L’un d’entre eux lui donne quelques morceaux de pain à grignoter, pour sa plus grande satisfaction…
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