Salon de l’agriculture : la gendarmerie agit sur tout le spectre aux côtés des exploitants agricoles

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 02 mars 2024
Un gendarme référent sûreté tient un dépliant sur la sécurisation des exploitations agricoles.
© GEND/SIRPA /GND B. LAPOINTE

La gendarmerie est présente, cette année encore, au Salon international de l’agriculture, du 24 février au 3 mars, à la fois pour conseiller les agriculteurs sur la protection physique de leur exploitation, mais aussi pour les sensibiliser aux risques d’attaques cyber, qui peuvent avoir de graves conséquences en termes de souveraineté alimentaire et de sécurité économique.

Le Salon international de l’agriculture (SIA), dont la 60e édition se déroule cette année du 24 février au 3 mars, est un peu un Tour de France indoor, sans les vélos. On y visite toutes les régions, tous les départements, de métropole comme d’outre-mer. On y marche beaucoup, on y danse parfois, on y mange et on y boit, trop dans les deux cas, mais c’est aussi ça, la France !

Par son maillage territorial, au cœur des territoires, qui correspond à l’implantation du milieu agricole, la gendarmerie nationale est traditionnellement un interlocuteur privilégié des exploitants. Dans certaines brigades, pour le jeune gendarme nouvellement affecté, il n’est pas rare que la première patrouille de contact passe par un certain nombre d’exploitations.

Protéger physiquement les exploitations

Depuis 2019, la gendarmerie participe au SIA, par le biais de plusieurs de ses référents sûreté, qui déambulent dans les allées. Ces gendarmes, présents au sein de chaque Groupement de gendarmerie départementale (GGD), ont tous suivi une formation qualifiante, qui leur a permis de devenir des experts de la sûreté et de conseiller les collectivités, les directeurs d’établissements scolaires et hospitaliers, les chefs d’entreprise, etc. Ils s’appuient sur un réseau de correspondants sûreté, implantés au sein de chaque brigade, afin d’assurer notamment des consultations de sûreté au profit des artisans, commerçants et dirigeants de petites entreprises. Dans le cadre de leurs missions, référents comme correspondants sont donc amenés à interagir régulièrement avec des exploitants agricoles. Leur présence sur le salon de l’agriculture s’inscrit dans le cadre de cette relation de confiance construite au fil des ans.

Deux gendarmes référents sûreté (de dos) échangent avec un agriculteur.
© GEND/SIRPA /GND B. LAPOINTE

Ils étaient douze cette année, venus de toute la France, à déambuler par binômes dans les allées, afin d’échanger avec les agriculteurs et de faire connaître, si besoin, ce dispositif d’accompagnement proposé par la gendarmerie nationale. « Nous nous déplaçons le plus souvent à leur demande, en suivant un programme établi par la Chambre d’agriculture du département, afin de nous permettre de rendre visite à plusieurs exploitations, généralement entre six et huit sur une journée », décrit l’adjudant Jean-Luc, référent sûreté de Vendée. « Nous pouvons aussi intervenir d’initiative en fonction de faits constatés, voire d’un éventuel phénomène sériel, complète l’adjudant-chef Grégory, référent sûreté depuis quatre ans au GGD du Nord. Comme cela a par exemple été le cas dans notre département avec des dégradations et des vols d’animaux au préjudice d’éleveurs de porcs. »

Ce rôle de conseil comporte bien sûr une dimension technique, pour l’installation d’un système de vidéosurveillance par exemple, mais va en réalité bien au-delà. « Nous appelons cela HOT, précise l’adjudant-chef Grégory : H pour humain, O pour organisationnel et T pour technique. C’est la combinaison de ces trois aspects qui se révèle efficace. » Pour les gendarmes, l’intérêt de participer à ce salon est donc de rappeler aux agriculteurs l’existence de cette action préventive, un service évidemment gratuit, qui profite non seulement aux agriculteurs, mais aussi aux gendarmes des unités territoriales. « Soit on évite un fait, et donc une plainte, soit on a un fait avec un préjudice moindre, résume Grégory. Tout le monde y gagne. »

Dans leurs échanges avec les exploitants, les gendarmes insistent aussi sur l’importance de déclarer tous les faits. « Les agriculteurs sont victimes de nombreux vols, qu’il s’agisse de carburant, en augmentation en raison de la hausse des prix, d’outillage, de produits phytosanitaires, détaille l’adjudant Ludovic, référent sûreté depuis l’été 2023 au GGD de Charente. Nous les incitons à porter plainte systématiquement, afin de détecter les phénomènes sériels et faciliter le travail d’enquête. » L’adjudant-chef Patrice, référent sûreté du GGD des Pyrénées-Atlantiques, confirme : « Trop souvent, ces faits ne sont pas signalés. Or, nous avons besoin de ces informations, qui vont notamment permettre aux commandants de brigade d’orienter les patrouilles et de procéder à des contrôles de véhicules ou d’individus suspects. »

Les référents sûreté profitent également de cet événement pour rencontrer les acteurs et les décideurs, le plus souvent sur le stand de leur département : présidents des chambres d’agriculture, avec lesquelles la gendarmerie développe des partenariats sur tout le territoire, de fédérations et de confédérations, élus, préfets… « C’est l’intérêt principal du salon, estime l’adjudant-chef Patrice. Cela permet de faire connaître le dispositif au plus grand nombre grâce à ces relais. »

Rondache de référent sûreté sur une manche de'un gendarme.
© GEND/SIRPA /GND B. LAPOINTE

Protéger contre les risques d’attaques cyber

Si la gendarmerie protège physiquement les exploitations agricoles, elle prend également en compte les cybermenaces qui pèsent de plus en plus sur leur activité. La numérisation des exploitations agricoles augmente avec l’agriculture dite de précision, l’automatisation de la production, les systèmes de gestion et les outils de traçabilité. Une exploitation sur cinq a déjà été victime d’une cyberattaque, mais elles sont encore trop peu à avoir conscience du risque. Car si plus de la moitié des agriculteurs disent ne pas se sentir concernés, ils sont en réalité presque tous menacés, par des cybercriminels, des concurrents, des « hactivistes » (hackers activistes), voire même par des États. C’est là qu’entre en jeu la gendarmerie, qui entreprend des actions de sensibilisation et d’acculturation, sur le terrain, auprès des agriculteurs, mais aussi des écoles d’agriculture et des associations, et donc également lors de ce salon.

« C’est très important pour nous d’être présents ici, souligne l’adjudant Frédéric, chef du Bureau prévention et protection de l’Unité nationale cyber (UNC). Nous voulons accompagner les agriculteurs sur la montée en puissance du cyber, avec de plus en plus de fermes connectées, voire autonomes, utilisant parfois des outils d’intelligence artificielle. Tout comme ils vont faire appel aux référents sûreté pour protéger physiquement leur exploitation, nous voulons qu’ils aient le réflexe de solliciter aussi les gendarmes de l’UNC, qui pourront les accompagner comme ils le font pour les entreprises, les collectivités, etc. »

D’autant qu’il y a derrière ces éventuelles attaques, et la nécessité de s’en protéger, des enjeux importants en termes de souveraineté alimentaire. « Il faut bien comprendre que les agriculteurs français sont potentiellement des cibles de cyber-attaques du fait de leur seule nationalité, indique l’adjudant Frédéric. Nous leur rappelons les attaques majeures que viennent de subir des producteurs de blé, avec le blocage par un hacker de tracteurs connectés entre eux, puis l’attaque contre des silos de stockage régulés par informatique, visant à faire pourrir le blé, heureusement déjouée à temps manuellement. »

Protéger les intérêts fondamentaux de la Nation

De manière complémentaire à cette démarche des gendarmes cyber, qui vont s’intéresser à la prévention technique des attaques, la gendarmerie nationale travaille donc également sur ce qui se cache derrière, sur une éventuelle volonté de déstabilisation d’une filière agricole, par une autre filière, voire par un État étranger. « Lors de ce salon, nous dispensons des messages de sensibilisation auprès des entreprises du secteur agricole et agroalimentaire, en matière de sécurité économique, et plus spécifiquement sur la protection de leur patrimoine immatériel, que constituent notamment la réputation et les brevets de propriété intellectuelle », décrit l’adjudant Stéphane, adjoint au Centre sécurité économique et protection des entreprises (CSECOPE).

La gendarmerie s’appuie sur plus de 300 référents en sécurité économique, présents dans les GGD et les Régions, qui sont en mesure de sensibiliser les acteurs de ce secteur agricole, et de faire remonter les informations. « Ces informations sont ensuite synthétisées et transmises, dans le cadre d’une politique de sécurité économique interministérielle visant à protéger les intérêts fondamentaux de la Nation en matière économique, industrielle et scientifique, précise l’adjudant Stéphane. L’agriculture est un secteur particulièrement sensible, avec des enjeux de souveraineté alimentaire, notamment en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Dans la législation européenne, transposée en droit français, sur le contrôle des investissements étrangers, ce secteur doit être protégé au même titre que d’autres secteurs stratégiques tels que ceux de l’énergie, de l’armement, des transports ou de l’espace. »

Qu’il s’agisse de la protection physique et cyber de leur exploitation, mais aussi de leur patrimoine immatériel, les gendarmes sont présents aux côtés des agriculteurs, pour les accompagner, les conseiller et les préserver des menaces.

Retrouvez ici le guide réflexe "Sécuriser mon exploitation agricole" 2024.

  • Deux gendarmes d'une équipe cynophile qui sont entrain de faire une démonstration avec un chien. Autour d'eux, une foule de personnes les regardant.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Un gendarme d'une équipe cyniphile aux côtés de son chien.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Un chien d'une équipe cynophile lors d'une démonstration. 4 valises sont posées au sol, le chien les reniffle.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Un chien en compagnie de son maître fait une démonstration. Plusieurs personnes du public ont été choisies pour monter sur l'estrade et y participer. Ils se tiennent tous debout, en ligne.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Deux gendarmes sont entrain de parler avec un agriculteur. Dans le fond, on voit plusieurs autres personnes, discuter entre elles.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Deux gendarmes de dos sont entrain de parler avec deux agriculteurs.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Deux gendarmes de dos sont entrain de parler avec un agriculteur.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Deux gendarmes sont entrain de parler avec un agriculteur.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • 4 gendarmes de la Garde Républicaine, en démonstration. Autour d'eux une foule de personnes les regardent.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Un gendarme de la Garde Républicaine en démonstration; Dans le fond, on voit une foule de personnes le regardant.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Une gendarme de la Garde Républicaine à cheval.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Deux gendarmes d'une équipe cynophile qui sont entrain de faire une démonstration avec un chien. Autour d'eux, une foule de personnes les regardant.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Un gendarme d'une équipe cyniphile aux côtés de son chien.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Un chien d'une équipe cynophile lors d'une démonstration. 4 valises sont posées au sol, le chien les reniffle.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Un chien en compagnie de son maître fait une démonstration. Plusieurs personnes du public ont été choisies pour monter sur l'estrade et y participer. Ils se tiennent tous debout, en ligne.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Deux gendarmes sont entrain de parler avec un agriculteur. Dans le fond, on voit plusieurs autres personnes, discuter entre elles.
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  • Deux gendarmes de dos sont entrain de parler avec deux agriculteurs.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Deux gendarmes de dos sont entrain de parler avec un agriculteur.
    © SIRPA-G/GND B.LAPOINTE
  • Deux gendarmes sont entrain de parler avec un agriculteur.
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  • 4 gendarmes de la Garde Républicaine, en démonstration. Autour d'eux une foule de personnes les regardent.
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  • Un gendarme de la Garde Républicaine en démonstration; Dans le fond, on voit une foule de personnes le regardant.
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  • Une gendarme de la Garde Républicaine à cheval.
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