La gendarmerie engagée aux côtés d’autres acteurs de l’État dans un exercice de grande ampleur au domaine de Chambord
- Par Pierre Boulay
- Publié le 15 avril 2024
Jeudi 21 mars 2024, le Château de Chambord a été le théâtre d'un exercice grandeur nature. Piloté par la préfecture et dirigé par le commandant du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Loir-et-Cher, l’exercice, rassemblant plus de 200 participants, a testé la mise en œuvre de tous les services de l’État concernés en cas de crise majeure.
Nous sommes un jeudi du mois de mars 2024, c’est le début du printemps, il est 16 heures. Le calme règne au domaine de Chambord, pour le plus grand bonheur des employés et des visiteurs. Mais tout bascule une heure plus tard, à 17 heures, lorsque quatre hommes armés se retranchent dans le château, retenant avec eux de nombreux otages. Aussitôt, sous l’autorité du préfet et du commandant du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Loir-et-Cher (41), les forces de l'ordre et de secours sont massivement mobilisées face à l’urgence de la situation.
C’est le scénario qui a été imaginé dans le cadre d’un exercice interservices, simulant l'infiltration de quatre forcenés armés dans le château de Chambord, blessant par armes lourdes de nombreuses personnes. « L'objectif est de tester la montée en puissance des forces de l'ordre et de secours, ainsi que leur capacité à coopérer dans une situation de crise », explique le colonel Benoît Chevillard, commandant du GGD du Loir-et-Cher.
Une montée en puissance de la force employée
Dès 17 h 30, les Pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Blois, Romorantin et Vendôme ainsi que le Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG) et l’Antenne GIGN de Tours sont alertés. Les forces territoriales de gendarmerie ainsi que la force Sentinelle de l’armée de Terre sont les premières à intervenir. Les soldats de l’opération Sentinelle, les gendarmes du poste à cheval de Chambord, suivis des militaires des brigades départementales à proximité immédiate du domaine font face à la situation. Ils prennent les premières informations cruciales pour la suite de l’opération, renseignent les autorités sur l’ampleur de la crise et bouclent le périmètre.
Le PSIG de Blois, le plus proche du domaine de Chambord, arrive sur les lieux quinze minutes après le début de l’alerte, suivi par les PSIG de Vendôme et Romorantin ainsi que le PSPG, dix minutes plus tard. Équipés de gilets, de casques lourds et d’armes de plus gros calibre, ils prennent le relais des premières unités de gendarmerie sur place et renforcent les militaires de l’opération Sentinelle. Un premier forcené est neutralisé dans le château à 18 heures.
Le lieutenant-colonel Hervé Le Bris, chef de site du SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours) du Loir-et-Cher, coordonne les opérations de secours. « Le SDIS teste son dispositif de secours en situation d'urgence attentat. Le commandement de la gendarmerie ne nous engage que lorsque la situation est entièrement sécurisée et stabilisée, dès qu’on peut intervenir dans des conditions qui lui semblent acceptables », explique-t-il. Une trentaine de sapeurs-pompiers du SDIS 41, dont une équipe spécialisée du Groupe recherche extraction sauvetage (GRES) ainsi que le Service interministériel de défense et de protection civiles de la préfecture (SIDPC), accompagné de ses associations de sécurité civile, sont présents pour prendre en charge les victimes.
Un assaut coordonné et une intervention efficace
À une heure de Chambord, la ville de Tours accueille l’une des sept antennes GIGN de la métropole. Celle-ci se tient prête à intervenir en un claquement de doigts, de jour comme de nuit, dans tout le quart nord-ouest de la France. Trente minutes maximum suffisent aux opérateurs pour s’équiper et prendre le départ.
Déclenché à 17 h 30 dans le cadre de l’exercice, le convoi de l’AGIGN, accompagné d’un négociateur régional, arrive sur les lieux à 18 h 10, après un trajet de quarante minutes. Toutes les informations nécessaires au déroulé de la mission sont rassemblées et étudiées. Une fois le briefing effectué par le chef tactique, les opérateurs vérifient minutieusement leurs équipements, l’intervention est lancée.
En progression dans le château, l’A-GIGN relève le PSPG présent sur place. Après une heure de négociations infructueuses pour tenter de raisonner l'un des deux derniers forcenés, la situation s’envenime et un plan d’assaut immédiat est validé par le préfet. L'assaut est lancé à 19 h 40. L’individu est neutralisé, les lieux sont sécurisés, puis les otages libérés et pris en charge par les services de secours pour recevoir les soins nécessaires.
Un forcené en fuite dans la forêt du domaine est neutralisé par le PSPG, avec l’appui de la force Sentinelle. Le dernier individu, retranché dans la billetterie du château, est neutralisé par les opérateurs de l’A-GIGN à 20 h 10. L’exercice est terminé.
Collaboration et interopérabilité : les clés du succès
Lors du débriefing, le colonel Benoît Chevillard, commandant du GGD du Loir-et-Cher a dressé un bilan positif de l’exercice, tout en soulignant quelques points d’amélioration. « L'exercice de ce jour a été un succès. Il a permis de tester la montée en puissance de la gendarmerie et la bonne coopération de tous les services impliqués, souligne-t-il. Cet exercice nous permet de nous perfectionner et de nous préparer au mieux à une situation réelle. Il a permis de mettre en lumière quelques points à améliorer pour une meilleure efficacité en cas d'intervention. Le maintien d'un échange et d'une remontée d'informations optimaux et fluides s'avère crucial pour la réussite de toute opération. »
Véritable test à grande échelle de la capacité des forces de l'ordre et de secours à intervenir dans une situation de crise complexe, l'exercice du 21 mars 2024 a ainsi confirmé que la collaboration et l'interopérabilité entre les différents services sont les clés du succès.
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