À Kourou, le groupe équestre de la gendarmerie permet de mieux répondre aux enjeux du territoire

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 06 mai 2024
Habitante d'un quartier informel caressant le cheval du groupe équestre.
© GEND/ G.R. / ADC.BOURDEAU

La compagnie de gendarmerie départementale de Kourou dispose du seul poste à cheval de Guyane. Récemment créé sous l’impulsion des acteurs publics locaux, il apporte une réelle plus-value opérationnelle et contribue à renforcer le contact avec la population de manière significative.

Sur le seuil des habitations faites de bois et de tôle, les enfants s’avancent, médusés. Mais que font ces chevaux dans les rues du squat Chili, quartier informel (bidonville, NDLR) de la commune de Kourou ? Composé de chevaux identifiables à leurs tapis de selle flanqués de l’inscription « Gendarmerie de Guyane » et à leurs cavaliers vêtus d’uniformes de couleur bleue et de gilets pare-balles, il s’agit du groupe équestre de la compagnie de gendarmerie départementale. Mis en place il y a seulement quelques mois, sa création est le fruit de la volonté des acteurs publics locaux. Expérimenté avant la pandémie de Covid-19, le projet a été interrompu pendant la crise sanitaire et finalement relancé en 2023. Les premières patrouilles montées ont débuté le 1er janvier 2024.

Une création rendue possible par une convention quadripartite

« Quatre acteurs locaux sont partie prenante à la convention instaurant le groupe équestre, explique le chef d’escadron Nicolas Millery, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Kourou. Celui-ci est financé par la préfecture et la mairie de Kourou. Le centre équestre de la ville met à disposition ses chevaux et ses installations. La gendarmerie est chargée de fournir les cavaliers et d’assurer la formation, tant des gendarmes que des chevaux. La convention prévoit la programmation de deux patrouilles d’une demi-journée par mois. Celles-ci sont toujours composées de deux gendarmes au minimum. Il peut s’agir de patrouilles de prévention de proximité ou d’actions plus spécifiques, visant par exemple à sécuriser des évènements locaux, tel que le carnaval annuel. »

La convention a donné lieu à l’organisation d’une session de formation en octobre 2023 et à la mise en place des premières patrouilles.

Un groupe équestre armé par des gendarmes et chevaux ressource

« La spécificité de ce groupe équestre est qu’il ne s’agit pas d’une unité organique, poursuit le chef d’escadron. Le poste à cheval est armé par des personnels ressources provenant des unités de la compagnie (brigades, Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie/PSIG, réservistes, etc.) le temps des patrouilles. Cinq gendarmes ont ainsi été identifiés et formés. Ils sont actuellement renforcés par une militaire de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 12/9 de Villeneuve-d'Ascq, lequel est positionné temporairement en renfort à Kourou. »

« La création du groupe équestre a donné lieu à un appel à volontaires, détaille le gendarme Pierre-Philippe, affecté au PSIG de Kourou. Les conditions pour pouvoir y prétendre étaient de détenir un galop 4 ou une équivalence, puis d’effectuer des pré-sélections, suivies d’une journée de tests. Les gendarmes retenus ont ensuite bénéficié de deux semaines de formation dispensées par la Garde républicaine. »

Groupe équestre patrouillant sur la plage
© GEND/ G.R. / ADC.BOURDEAU

Le même système a été adopté pour les équidés. Ceux-ci appartiennent au centre équestre de Kourou et sont mis à la disposition de la gendarmerie les jours de patrouille. Quatre chevaux ont ainsi été sélectionnés et formés par des gendarmes du régiment de cavalerie de la Garde. « Ils leur ont par exemple appris à aller au contact de la population afin que leurs cavaliers puissent facilement échanger avec les Kourouciens », précise le commandant de compagnie. En dehors des jours dédiés au groupe équestre, les chevaux sont donc montés par les licenciés du club hippique.

« Afin d’assurer la pérennité du poste à cheval, nous avons favorisé la formation de gendarmes ayant vocation à rester encore plusieurs années à Kourou, souligne l’officier. Nous allons nous attacher à renouveler le vivier de personnels formés afin de toujours disposer d’une ressource suffisante à sa constitution. »

Un groupe équestre tout-terrain

Ce jour-là, les chevaux sont montés par le gendarme Pierre-Philippe et par Estelle, gendarme de réserve. Le groupe équestre déambule à proximité des zones marécageuses découvertes par la marée. Ils poursuivent leur chemin en direction de la plage de la Cocoteraie, puis de la pointe Charlotte. Les équidés ne semblent pas perturbés par la chaleur, ni par leurs sabots qui s’enfoncent dans le sable fin. Leur présence rassure les quelques touristes qui, étourdis par la joie des vacances, ont laissé leurs affaires sans surveillance. La patrouille emprunte ensuite les sentiers étroits menant vers les quartiers informels de la ville. Perchés sur leurs montures, les cavaliers surveillent les mouvements au-dessus des murs dressés de part et d’autre. Leur action permet à la fois de dissuader les faits de cambriolage et les éventuels trafics pouvant se tenir au coin de la rue. Alors qu’ils pénètrent au milieu des logements fabriqués en matériaux de récupération, les gendarmes réduisent l’allure afin de favoriser le contact avec la population. Petits et grands se montrent curieux et se portent au-devant des animaux. Leur compagnie participe rapidement à briser la glace entre les habitants et les forces de l’ordre. Les questions portant sur la mise en place du groupe équestre laissent rapidement place à l’évocation des problématiques locales. Les gendarmes récoltent ainsi du renseignement qui permet d’ajuster au mieux leur patrouille et d’orienter les services des différentes unités de la compagnie.

Groupe équestre patrouillant dans un quartier informel de Kourou.
© GEND/ G.R. / ADC.BOURDEAU

À l’issue de la mission, le chef d’escadron Millery relève l’adaptabilité au terrain du groupe équestre. « Le poste à cheval dispose d’une véritable utilité opérationnelle. Les chevaux permettent d’atteindre des endroits difficilement accessibles avec des vecteurs plus traditionnels. Au cours des services d’ordre, ils offrent à leurs cavaliers la possibilité de surplomber la foule et de participer efficacement aux éventuelles recherches de personnes. À l’avenir, nous les engagerons dans le cadre de l’opération Titan, visant à protéger le Centre spatial guyanais (CSG). Les lancements de fusée attirent habituellement plusieurs centaines de spectateurs sur le littoral. Le groupe équestre participera à sécuriser les plages et à interdire l’accès à certaines zones. » Et de conclure : « Les chevaux favorisent également le contact avec la population. Le rapport au public est exceptionnel. »

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