80e Anniversaire du Débarquement en Normandie : le groupement du Calvados mobilisé

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 07 juin 2024
Un gendarme de dos regarde la plage où vient de se dérouler la reconstitution du débarquement. En fond, on observe deux bateaux ainsi que des militaires en tenue.
© Sirpa-G . GND B. Lapointe

À l’instar de la Manche, et dans une moindre mesure de l’Orne et du Morbihan, le département du Calvados est le théâtre d’un vaste parcours mémoriel célébrant cette année le 80e Anniversaire du Débarquement en Normandie. Outre la trentaine de cérémonies majeures, nationales, binationales et internationales, une multitude de cérémonies de plus petite ampleur, de reconstitutions et autres festivités viennent émailler ce mois de juin 2024, impliquant un engagement quotidien de tous les gendarmes, d’active et de réserve, du groupement, à l’instar de ceux de la compagnie de Bayeux, pour assurer la gestion des flux et la sécurisation des sites.

C’est une période d’activité et d’affluence particulièrement intense qui s’est ouverte le 30 mai dernier dans le département du Calvados, avec le passage du Relais de la Flamme, et qui va se poursuivre jusqu’au 9 juin au soir, date des élections européennes. Tout au long de cette période, ce ne sont pas moins de 159 événements festifs, mémoriels ou sportifs qui seront ainsi à sécuriser sur l’ensemble de la zone de compétence du Groupement de gendarmerie départementale du Calvados (GGD14).

Cette séquence est marquée par trois temps forts, le premier s’étant déroulé le week-end des 1er et 2 juin, au cours duquel l’illumination de la côte, le samedi soir, a notamment connu une affluence record, avec potentiellement un million de personnes rassemblées sur la côte normande.

La deuxième séquence concerne évidemment les grands événements mémoriels du 80e anniversaire du Débarquement, et pour la gendarmerie plus particulièrement la sécurisation des cérémonies officielles étalées sur les 5, 6 et 7 juin principalement, avec le déplacement de près de 25 chefs d’État, dont le président américain Joe Biden, en visite d’État, et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en visite officielle.

La troisième séquence concerne le week-end des 8 et 9 juin, qui va également connaître un pic d’affluence considérable sur la côte normande, dans le cadre de l’ensemble des festivités : rassemblements de véhicules, reconstitutions d’événements du Débarquement, et quelques cérémonies majeures encore, comme celle d’Arromanches, où le passage de la Patrouille de France attire chaque année près de 100 000 personnes.

Reconsitution du débarquement sur une des plages de Normandie
© Sirpa-G . GND B. Lapointe

Pour mettre en place la manœuvre de sécurisation de l’ensemble de ces séquences, le Commandant des forces de gendarmerie (COMFORGEND), le général de corps d’armée Hubert Bonneau, a piloté la planification de l’opération depuis près de dix mois, avec l’appui du GGD 14. Une zone d’intérêt, placée sous l’autorité exclusive du COMFORGEND le temps des commémorations, a ainsi été définie sur une bande de 80 km par 30 le long de la côte. « En dehors de cette zone d’intérêt, c’est-à-dire sur 80 % du département, la sécurisation des diverses manifestations est organisée par le GGD14, dont les 735 personnels, civils et militaires sont mobilisés du 30 mai au 9 juin, renforcés par les 487 réservistes du groupement », précise le colonel David Cazimajou, commandant du GGD 14.

Gestion de flux et sécurisation d’événements

Trois grandes priorités s’imposent ainsi au groupement du Calvados pendant cette période. « Il s’agit avant tout de garantir la continuité des missions des unités territoriales sur l’ensemble de notre zone de compétence, mais aussi de sécuriser l’ensemble des cérémonies situées en dehors de la zone d’intérêt et, enfin, d’appuyer le COMFORGEND dans sa manœuvre globale de contrôle de zone et de gestion des flux dans la zone d’intérêt », précise le colonel. Dans cette manœuvre de flux, l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR), avec à sa tête le Groupement opérationnel mouvement (G.O. MOUV), piloté par la commandante en second du GGD14, joue un rôle crucial. Ses militaires, renforcés par des effectifs venus de toute la France, soit 450 motocyclistes de la gendarmerie, ont pour mission d’escorter l’ensemble des convois des autorités, des vétérans et des spectateurs, lesquels se déplaceront en bus depuis des hubs où les véhicules auront été préalablement déminés. « C’est donc l’ensemble des capacités du groupement qui est mobilisé : toutes les unités territoriales, bien évidemment l’EDSR, qui joue un rôle prépondérant, le poste à cheval de Deauville, la brigade nautique, la cellule départementale d’observation et de surveillance, les drones, ainsi que la section opérationnelle de lutte contre la cybercriminalité, poursuit le colonel Cazimajou. La mise en œuvre de ce dispositif a fait l’objet d’un important travail de préparation en amont, en lien avec les acteurs locaux, les maires, les associations, pour faciliter l’organisation de ces cérémonies, dans un département qui accueille favorablement ces événements, etc. »

Dans le cadre de ce 80e anniversaire du Débarquement, un effort particulier a d’ailleurs été consenti dans le domaine cyber, avec la mise en place d’une task force cyber sur la base des effectifs des GGD du Calvados et de la Manche, afin de réaliser des pré-diagnostics cyber sur l’ensemble des sites identifiés comme sensibles à l’échelle du département (95 pré-diagnostics ont été réalisés). Des sensibilisations ont également été dispensées au profit de 704 personnes dans le cadre de 34 formations.

À Bayeux, des groupes dédiés à la sécurisation des événements secondaires et périphériques

Concentrant sur son ressort la grande majorité des cérémonies officielles du 80e Anniversaire du Débarquement en Normandie, la compagnie de gendarmerie départementale de Bayeux doit également gérer une multitude de cérémonies annexes, d’une ampleur moindre mais accueillant toutefois un public nombreux (l’accès à ces cérémonies étant souvent facilité, voire libre, NDLR), nécessitant par conséquent la mise en place d’un dispositif de sécurisation au regard du contexte actuel.

La compagnie s’est donc mise en ordre de marche, mobilisant toutes ses unités : brigades territoriales, brigade de recherches, pelotons de surveillance et d’intervention de gendarmerie. Pour ce faire, il a donc fallu revoir le régime des astreintes et des repos au cours de cette période, s’étendant sur plus d’une douzaine de jours pour la compagnie de Bayeux. Le commandant de la compagnie, le chef d’escadron Pierre Thoumelin, a également mis en place une organisation particulière afin de disposer au quotidien des ressources suffisantes pour sécuriser les différents événements, tout en conservant la capacité de service de ses unités au quotidien.

Sa solution ? Un système de Groupes tactiques de sécurisation (GTS), armés par des militaires issus des différentes unités de la compagnie, en fonction des ressources le jour J, permettant de gérer la simultanéité d’événements. « Ces GTS vont au quotidien prendre en charge la sécurisation des cérémonies, des sites de reconstitution, des bals et autres festivités. Ils sont ainsi engagés tous les soirs jusqu’à minuit et doivent en moyenne sécuriser entre 6 et 10 événements périphériques, sachant que l’ensemble des cérémonies majeures se déroule par ailleurs sur le ressort de la compagnie de Bayeux : Ver-sur-Mer, Bayeux, Colleville, Omaha, Pointe du Hoc, Juno Beach, impliquant en amont une gestion des flux de personnes et des matériels, explique le chef d’escadron Pierre Thoumelin, commandant de la compagnie. Sachant qu’il nous faut également assurer la sécurisation et la gestion des flux, notamment afin de faciliter la montée en puissance du dispositif général gendarmerie pour la journée du 6 juin, et plus particulièrement les missions de reconnaissance. »

Les 120 militaires de la compagnie sont renforcés quotidiennement par des réservistes opérationnels, qui sont intégrés au sein des GTS, participant ainsi pleinement au dispositif de sécurisation. Depuis le 29 mai dernier, des pelotons de gendarmerie mobile ont également été déployés sur le ressort de la compagnie, en appui de l’action des gendarmes départementaux.

Enfin, la compagnie a également fait appel à des renforts européens. Une policière allemande et un policier néerlandais sont ainsi présents le temps des commémorations, dans le cadre des brigades européennes, permettant aux gendarmes français de prendre en compte de la meilleure des façons les différentes situations impliquant des ressortissants étrangers, présents en très grand nombre. « Le système, conçu tel un pot commun dédié à la sécurisation de site, est pensé pour ne laisser aucun point du territoire dépourvu, résume le commandant de compagnie. À ces GTS vont ensuite venir s’agréger des moyens spéciaux, comme les gendarmes mobiles ou encore les effectifs du poste à cheval de Deauville. »

Illustration ce mardi 4 juin au matin lors de l’exercice amphibie organisé par l’armée française sur la plage d’Omaha, à proximité du monument des Braves. La présence d’une foule de spectateurs (civils, militaires français et étrangers, enfants, journalistes…), massés sur la promenade surplombant la plage, mais aussi de matériels militaires rendait indispensable la mise en place d’un dispositif de sécurisation pour interdire l’accès à la plage le temps de la manœuvre et gérer la circulation aux abords. C’est donc un GTS, armé ce matin-là par des militaires de la communauté de brigades d’Isigny, de la brigade territoriale de Bayeux ainsi que du PSIG, qui est en charge de la mission, appuyé par quatre cavaliers du poste à cheval, des gendarmes mobiles, les deux policiers allemand et néerlandais, mais également des gendarmes maritimes.

Les missions des GTS vont ainsi s’enchaîner tout au long de la journée et les jours suivants, d’une escorte de bus à l’approche du cimetière américain à la sécurisation de petites cérémonies à Colleville, Vierville, Ver-sur-Mer…, en passant par les bals et autres festivités, avec en point d’orgue les grandes cérémonies des 5, 6 et 7 juin, au cours desquelles les effectifs de la compagnie de Bayeux viendront appuyer le dispositif global de sécurisation à la main de Groupements tactiques de gendarmerie dédiés.

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