Val d’Isère : une brigade sur les sommets de la Tarentaise

  • Par Lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 18 mars 2023
Sous le soleil dans la station de Val d'Isère, deux gendarmes de la brigade réalisent une patrouille pedestre.
© SIRPAG - GND B.Lapointe

Perchée à 1 800 m d’altitude, la brigade territoriale autonome de Val d’Isère est la plus haute de France. Dix gendarmes sont présents à l’année dans cette unité au double visage, celui de l’été et celui de l’hiver, qui doit faire face à de multiples enjeux, notamment liés à son isolement.

Tout au fond de la vallée de la Tarentaise, se trouve la commune de Val d’Isère. Au bout de cette commune, sur le dernier rond-point menant au fond de la vallée, se trouve la Brigade territoriale autonome (BTA) de Val d’Isère. Dans ce grand bâtiment à l’architecture typique des stations de montagne, la chaleur et la douceur du lieu contrastent avec le froid saisissant de l’extérieur. Ici, vivent et travaillent au quotidien dix gendarmes, dont sept sous-officiers et trois gendarmes adjoints volontaires. Leur circonscription, composée à 80 % de domaine montagneux, couvre les communes de Val d’Isère et de Tignes.

Une petite commune familiale en été…

Dans la brigade de Val d’Isère, les missions, tout comme la météo, changent de visage au fil des saisons. D’une station de ski très fréquentée en hiver, notamment par une clientèle internationale de plus en plus huppée, Val d’Isère se transforme en été en un village de montagne prisé par un public majoritairement familial. Deux statuts bien différents qui impactent directement le travail des gendarmes et les obligent à s’adapter.

En été, lorsque la population passe de 3 500 habitants (vivant sur place en permanence) à 15 000, les missions des gendarmes de la brigade se tournent principalement vers le contact et la prévention (notamment sur les risques liés à la montagne), la gestion des flux routiers (avec le col de l’Iseran, col routier le plus haut d’Europe) et d’autres actions telles que les enquêtes et les constatations judiciaires, communes à toutes les brigades de France. En plus de cela, ils réalisent de façon ponctuelle et conjointement avec l’Italie, située à quelques kilomètres de là, des opérations de Lutte contre l’immigration clandestine (LIC). Pour être le plus compétents possible et agir au mieux face à tous types de situation, la quasi-totalité des militaires de la brigade sont formés au Certificat élémentaire montagne (CEM)

© SIRPAG - GND B.Lapointe

une station de ski à la renommée internationale en hiver

En hiver, les deux communes changent de visage. Avec l’arrivée de plus de 65 000 personnes, le domaine de Tignes - Val d’Isère, qui associe les deux stations, devient l’un des plus grands et des plus cotés de la Tarentaise. Les hôtels étoilés, en sommeil depuis des mois, rouvrent leurs portes. Les magasins de luxe éclairent leurs vitrines et les villes de Val d’Isère et de Tignes s’animent d’un nouveau souffle. Un réveil qui sonne pour les gendarmes de la brigade de Val d’Isère, le début de la saison mouvementée. Les tapages, mais aussi les phénomènes de violences et d’agressions, peu constatés les autres mois de l’année, explosent. Les conduites sous l’empire de stupéfiants ou d’alcool sont courantes, et d’autres phénomènes, comme les escroqueries au logement, se multiplient, ainsi que l’explique le commandant de la brigade, le major Christian : « Il y a des gens qui ont fait des réservations, qui ont versé une avance et qui, en arrivant, ont soit un studio, alors qu’ils avaient réservé un chalet, soit carrément pas de logement du tout. »

Avec une clientèle à 60, voire 80 %, internationale (Scandinaves, Britanniques, Israéliens, Brésiliens, Américains,…), les militaires doivent faire face à une autre problématique : le suivi judiciaire des faits commis par des touristes étrangers sur le sol français. « Je dirais qu’ici, la plus grosse particularité qui complique les choses, c’est qu’on a une clientèle qui est là à la semaine. Donc quand les faits se déroulent en début de semaine, cela nous laisse sept jours pour travailler, mais quand ça se passe le mercredi ou le jeudi soir, ça nous complique la tâche. Après, quand les faits sont importants, comme des atteintes aux personnes ou aux biens, le parquet peut réaliser un transfert de procédure », précise le major.

Sur la route, l’hiver apporte là aussi son lot de travail pour les militaires de la brigade. « Nous sommes énormément impactés par les flux routiers les jours de chassé-croisé, surtout selon les conditions climatiques. Cela demande alors de grosses amplitudes horaires et une très grosse mobilisation, qui nécessite d’ailleurs l’appui des policiers municipaux, avec lesquels nous avons de très bons contacts. »

Pour faire face à tous ces phénomènes, la brigade bénéficie chaque année de renforts dans le cadre du DHPP (Dispositif Hivernal de Protection des Populations, déployé par la gendarmerie dans les zones de forte affluence touristique saisonnière, pour lequel il existe d’ailleurs un pendant estival, NDLR). Mis en place de décembre à mai, ce dispositif permet le déploiement de renforts mobiles, une vingtaine au total, sur la station de Val d’Isère, mais également à Tignes, où ils viennent armer un poste provisoire ouvert durant toute la période hivernale. Une activité soutenue donc pour cette brigade qui, été comme hiver, doit composer avec une particularité : son isolement géographique.

Un gendarme devant la folie douce à Val d'Isère
© SIRPAG - GND B.Lapointe

Un territoire isolé

Dans la brigade de Val d’Isère, hiver comme été, l’anticipation des manœuvres d’intervention n’est pas un besoin organisationnel, mais une nécessité. Située à plus de 45 minutes de la brigade la plus proche (Bourg-Saint-Maurice) et à plus d’une heure et demie du PSIG (Peloton de Surveillance et d’Intervention de Gendarmerie) et de la B.R. (Brigade de Recherches), tous deux implantés sur l’emprise de la compagnie de rattachement, Albertville, la brigade n’est accessible que par deux routes. La première, passant par le col de l'Iseran, est fermée plusieurs mois par an, et la seconde, celle de Bourg-Saint-Maurice, dessert les deux stations (Tignes et Val d’Isère), en longeant le lac du Chevril. Une route départementale longue et sinueuse qui, en hiver, peut également être bloquée. « C’est une route traversée par de nombreux couloirs d’avalanche. Il n’est donc pas rare que l’on soit coupé du monde pendant un ou deux jours. Le plus long a été la dernière fois pendant cinq jours », explique le major.

Pour faire face à cet isolement, qui peut être total ou juste limité par la distance, la brigade a développé plusieurs stratégies, notamment concernant les besoins en unités d’intervention. « Quand il s’agit de quelque chose de prévisible, comme des interpellations ou des opérations, on les cale suffisamment en amont, mais si c’est vraiment de la dernière minute, en intersaison, c’est plus compliqué. Après, en hiver, avec le DHPP et le volume des renforts, on arrive à jongler avec les deux stations en mutualisant les moyens, donc il n’y a pas de souci », précise-t-il, avant de poursuivre : « les grosses interventions, ça arrive, mais on parvient à les gérer en interne. En hiver, par exemple, on nous affecte toujours des militaires de pelotons d’intervention de la mobile sur les deux stations, ce qui nous est très utile. »

Si l’isolement impacte les interventions, il impacte aussi le recrutement. Avec des magasins situés à 45 minutes de route pour les plus proches et des emplois de conjoint ou conjointe restreints, la brigade rencontre régulièrement des problèmes d’attractivité. « Pour les sous-officiers, on a souvent des sorties d’école, mais c’est pour les gradés que ça se complique. Quand ils sont volontaires, pas de souci, mais on sent parfois une certaine hésitation. » Pour le major, en poste à Val d’Isère depuis 2013, la question ne se pose plus. Dans cette brigade du bout des Alpes, il a trouvé une unité aux missions variées et aux multiples facettes, une brigade où on ne s’ennuie jamais !

Logo de la brigade de Val d'Isère, accroché sur le mur de celle ci.
© SIRPAG - GND B.Lapointe

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