Sur le lac de Serre-Ponçon, les gendarmes embarquent pour toute la saison

  • Par le chef d'escadron Sophie Bernard
  • Publié le 29 juillet 2023
La vedette de la BN d'Embrun sur le lac de Serre Ponçon.
Les gendarmes de la brigade nautique d'Embrun naviguant sur le lac de Serre-Ponçon.
© T.DOUBLET / SIRPAG

Avec ses 90 km de rives et ses panoramas majestueux, le lac de Serre-Ponçon figure comme l’un des joyaux des Alpes du Sud. Celui-ci attirant de nombreux touristes durant la période estivale, les gendarmes de la brigade nautique d’Embrun restent à flot pour veiller à la sécurité des plaisanciers et des baigneurs.  

Né de la construction d’un barrage sur la Durance en 1959, le lac de Serre-Ponçon s’avère être la plus importante retenue d’eau artificielle en France, avec un volume de 1,2 milliard de m3. S’il constitue un véritable réservoir hydraulique pour la Provence, il est également devenu le poumon économique de la région, attirant de nombreux touristes français et étrangers durant l’été.

« Les saisonniers de la gendarmerie »

Aussi, dès le mois de juin, alors que les premiers rayons du soleil se reflètent sur le lac et que rouvrent les commerces du rivage, les gendarmes de la brigade nautique d’Embrun embarquent sur leur vedette. « Nous sommes les saisonniers de la gendarmerie ! Nous assurons la sécurité sur le lac et à ses abords au cours de l’été. En hiver, son niveau est abaissé de plusieurs mètres afin de produire l’électricité et de préparer le plan d’eau à recevoir la fonte des neiges. Nous partons alors renforcer la communauté de brigades d’Embrun à la mi-saison, puis nous rejoignons les postes provisoires en station de ski durant les quatre mois d’hiver », explique l’adjudant Hervé.

L'adjudant Hervé pilotant la vedette sur le lac.
© T.DOUBLET / SIRPAG

Pour assurer ces diverses missions, les gendarmes disposent de nombreuses qualifications : Pilote d’embarcation gendarmerie premier niveau (PE1G), Premiers secours en équipe de niveau 1 et 2 (PSE1/2), diplôme d’Officier de police judiciaire (OPJ), mais aussi Certificat élémentaire montagne (CEM), afin d’armer le Groupe montagne gendarmerie (GMG) et de renforcer les Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) dès qu’ils en ont besoin. « Avec cette polyvalence, nous ne voyons vraiment par l’année passer ! Nous avons aussi l’avantage d’entretenir notre réseau de partenaires, puisque parmi la centaine de commerçants présents autour du lac l’été, beaucoup ont une autre activité en station l’hiver. »

Un lac découpé en plusieurs zones

Alimenté à la fois par le cours de la Durance et celui de l’Ubaye, le lac de Serre-Ponçon se situe à la limite de deux départements : les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence. Compétente sur toute la zone de défense, la brigade nautique peut donc intervenir en tout point de la retenue pour faire appliquer l’arrêté inter-préfectoral. Par ailleurs, chaque année, gendarmes, commerçants et élus se réunissent avec les responsables du barrage EDF et le Syndicat mixte d’aménagement et de développement de Serre-Ponçon (Smadesep), afin de discuter du plan de police particulier propre à la concession.

Ce sont autant de règles que font ensuite appliquer les militaires sur l’eau. « Le lac est constitué de plusieurs zones : une zone interdite au plus près du barrage, où il atteint sa profondeur maximum (110 mètres), une zone réservée aux véhicules nautiques à moteur (jet-skis), et des zones de plaisance, qui peuvent ponctuellement être évacuées, notamment lorsque les canadairs viennent écoper », explique le maréchal des logis-chef Grégory.

Les gendarmes approchent un bateau de plaisanciers pour effectuer un contrôle.
© T.DOUBLET / SIRPAG

Sur l’eau de jour comme de nuit

Les gendarmes veillent au respect de ce quadrillage, mais aussi à celui de la réglementation en matière de plaisance. « Il existe près de 1 000 places définies, pontons et mouillages autour du lac, ce qui génère une grosse fréquentation sur l’eau. Lors d’un contrôle, le pilote doit nous présenter son permis, les papiers du bateau, les gilets de sauvetage, ainsi que tous les équipements de sécurité obligatoires. Les touristes étrangers ne peuvent pas ignorer la réglementation, puisqu’elle est rappelée systématiquement par les loueurs, dans leurs locaux et sur le contrat », souligne Grégory. Cela n’empêche pas les militaires d’effectuer certains rappels quand ils abordent les plaisanciers. Une mission de prévention en journée qui se prolonge la nuit, lorsque les embarcations se pressent pour admirer les feux d’artifice hebdomadaires tirés depuis la rive de Savines-le-Lac. « Ils ont lieu tous les mercredis soirs durant l’été. Jusqu’à 2 500 touristes et une cinquantaine de bateaux se concentrent au bord de l’eau et sur le lac pour l’occasion. En lien avec le dispositif de sécurité à terre, nous veillons à ce que les plaisanciers restent à bonne distance et qu’ils allument leurs feux de position, afin d’éviter l’accident dû à un manque de visibilité. »

Les gendarmes de la brigade nautique d'Embrun sécurisant le lac durant les feux d'artifices.
© T.DOUBLET / SIRPAG

La protection d’un environnement précieux

L’afflux massif de visiteurs pendant la saison estivale peut également générer davantage d’atteintes à l’environnement. Aussi, la brigade nautique effectue des patrouilles en lien avec les agents de l’Office national des forêts (ONF) et de l’Office français de la biodiversité (OFB). « Là encore, nous embarquons parfois en soirée pour repérer si certains vacanciers effectuent du camping sauvage et allument des feux malgré l’alerte incendie, explique Grégory. En journée, nous veillons également à ce que les plaisanciers ne s’approchent pas des structures flottantes végétalisées installées par les scientifiques pour observer l’évolution de la biodiversité du lac. »

Gendarmerie/SIRPA/V.MARTIN

Si les gendarmes sont particulièrement vigilants dans ce domaine, c’est aussi parce qu’ils sont directement témoins des conséquences du réchauffement climatique. « L’année dernière, avec la sécheresse, le niveau du lac est descendu de plus de quinze mètres par rapport aux autres années. Parmi les vieux villages engloutis, un pont était à découvert et les touristes pouvaient rejoindre à pied l’îlot Saint Michel. » Durant cette saison en demi-teinte, les militaires ont dû veiller à ce que les usagers n’aillent pas vers les zones dangereuses, où la baignade était interdite.

Cette année, fort heureusement, le lac est de nouveau plein, pour le plus grand bonheur des vacanciers et de nos gendarmes saisonniers, qui n’ont pas fini de voguer !

Deux gendarmes naviguent sur le lac de Serre-Ponçon à bord de la vedette gendarmerie.
© T.DOUBLET / SIRPAG

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