Le jeudi 19 octobre 2023, le Département ingénierie de la formation numérique (DIFN) a réalisé une démonstration du simulateur 3D pour Gendinfo. Prometteur, le projet développé est innovant. Déjà très correctement avancé après seulement quelques mois de développement, il constitue une façon ludique d’apprendre et permettra, à l’avenir, d’optimiser la formation des gendarmes de tous grades, en école tout d’abord, dans les centres régionaux d’instruction ensuite, puis, dans un horizon plus lointain, dans les unités opérationnelles.

Genèse d’un pari devenu réalité

En mai 2019, les assises de la formation de la gendarmerie ont révélé certaines lacunes, mettant en évidence la nécessité d’envisager des évolutions du dispositif de formation, en s’appuyant notamment sur les possibles dans le domaine du numérique et de la simulation.
La gendarmerie nationale et le Commandement des écoles (CEGN) envisagent alors de recourir à un simulateur tactique. Ils se tournent d’abord vers plusieurs outils existants, testés par d’autres armées et polices, mais ces derniers ne répondent pas pleinement aux attentes de l’institution, en raison de ses besoins très hétéroclites en matière de formation. Le pari est alors fait de développer un outil « par les gendarmes et pour les gendarmes ».

La 2D puis la 3D : le DIFN sur tous les fronts

À compter de l’automne 2020, le chef d’escadron Michaël Petresco et son équipe du DIFN développent alors deux projets.

Tout d’abord, ils n’éludent pas complètement le simulateur 2D « Romulus », développé par l’armée de Terre, qui a vocation à être développé par le DIFN et déployé. Offrant notamment des capacités en termes de planification et de conception de manœuvre, ce dernier est en effet un outil de formation au commandement s’adressant plus spécifiquement à la population des officiers.

Parallèlement, dès février 2023, le DIFN travaille au développement d’un simulateur 3D baptisé « SimuGend », s’adressant cette fois au plus grand nombre des gendarmes. L’analyse préalable des besoins a permis de fixer un objectif pédagogique simple. À partir d’un scénario, le simulateur doit permettre d’apprendre à traiter virtuellement un incident, avant d’y être à nouveau confronté sur le terrain. Intégrant donc un principe d’enseignement reconnu, en l’occurrence l’apprentissage par la répétition, ce projet innovant vise à l’optimiser en s’affranchissant, par le biais du numérique, de certaines contraintes logistiques et matérielles. Les développeurs conçoivent alors intégralement un simulateur 3D, qui intègre plusieurs niveaux, allant d’exécutant à commandant d’unité élémentaire. Pendant plusieurs mois, ils façonnent les graphismes, le gameplay, les effets visuels et sonores, etc. Outre le gameplay, l’objectif est également de rendre le simulateur 3D compatible avec plusieurs systèmes d’exploitation, dont Android, afin de pouvoir l’utiliser sur différents supports (tablette, smartphone, etc.)

Intégralement conçu sur Unreal Engine 5, de Epic Games, le simulateur, qui permet de choisir entre une expérience en vue subjective ou objective, incorpore les armements utilisés et les tenues portées en gendarmerie. Il s’appuie sur un scénario intégrant les procédures et des cas professionnels véritablement rencontrés par les gendarmes sur le terrain. À titre d’exemple : un appel du Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG) conduisant à investiguer une maison ayant potentiellement fait l’objet d’un cambriolage. Le décor, tel que développé à ce stade, est d’ailleurs la copie exacte de plusieurs bâtiments de l’EOGN, utilisés pour la formation en intervention professionnelle.

Un programme capacitaire ambitieux

Pour parvenir à ce résultat, la gendarmerie nationale a créé un « programme capacitaire » placé sous le pilotage du CEGN. Un partenariat a été conclu avec Ynov Campus, afin de recruter plusieurs alternants du « Mastère réalisateur de jeux vidéo ». L’équipe de concepteurs se compose ainsi au total de quinze personnels, « le XV du DIFN », comme se plaît à souligner le chef d’escadron Petresco. Bénéficiant de formations complémentaires, dispensées par Agenium Group, partenaire français d’Epic Games, elle connaît ainsi une montée en compétences collective.

Entrée de la formation dans une nouvelle ère

Après de premiers résultats prometteurs, le chef d’escadron Petresco et son équipe ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. « Pour la rentrée 2024, nous travaillons à avoir des scenarios validés par le CEGN et testés par des gamers, afin de pouvoir intégrer, dans un premier temps, le simulateur 3D à la fois dans la formation au Concept commun du combat terrestre (C3T) et dans la formation en Sécurité publique générale (SPG) des écoles. Celui-ci pourrait devenir un véritable complément à la formation, dans la mesure où le numérique nous affranchit de nombreuses contraintes et des problématiques de distance. Nous allons continuer à développer notre simulateur et à l’optimiser. D’ailleurs, nous concevons actuellement un mode multi-rôles. »

En démonstration à la Paris Games Week

La gendarmerie fera partie des exposants de la 12e édition de la Paris Games Week, baptisée « Next Level », organisée du 1er au 5 novembre 2023 à Paris Expo, Porte de Versailles. À cette occasion, elle présentera ses innovations et notamment « SimuGend ». Le public pourra ainsi faire l’expérience de ce simulateur 3D et échanger avec ses développeurs et Ynov Campus. L’occasion, peut-être, de faire naître de nouvelles vocations en gendarmerie...

Impatient de tester « SimuGend » ? Nous vous proposons déjà de le découvrir au travers d’une première vidéo !