Savoie : les gendarmes sécurisent les Championnats du Monde de ski alpin

  • Par la lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 03 mars 2023
En amorce sur l'image se trouve en flou des personnes, dans le fond, sur les gradins, se trouve le public avec noté dans le fond, "Courchevel -Méribel 2023"

Tous les deux ans, les championnats du Monde de ski alpin se déroulent dans un pays différent. Organisés en 2021 à Cortina, en Italie, c’est cette année en France, et plus précisément sur les domaines de Courchevel et Méribel, qu’ils ont eu lieu. Pour sécuriser cet événement, qui a duré 15 jours et réuni plus de 120 000 personnes, près de 240 gendarmes ont été déployés.

Avec 60 stations de ski alpin installées sur son secteur, le département de la Savoie devient chaque hiver, de décembre à mars, le département le plus touristique de France. Située non loin d’Albertville, la vallée de la Tarentaise est de celles qui comprennent le plus de stations et qui se trouvent de fait les plus impactées par l’afflux massif de vacanciers.

Pour y faire face, d'importants dispositifs de sécurisation sont mis en place chaque hiver par la préfecture et le Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de Savoie (73). Mais cette année, un autre événement d'ampleur est venu se greffer à un dispositif hivernal déjà bien complet : les championnats du Monde de ski alpin.

Se déroulant du 5 au 19 février sur les domaines de Méribel et de Courchevel, ces championnats ont fait attiré sur le secteur, en plus des vacanciers déjà très nombreux, plus de 150 000 visiteurs (120 000 pour le côté sportif et 30 000 pour le côté festif), 1 800 médias accrédités et 7 500 athlètes et membres des délégations. Plus de 500 millions de téléspectateurs aux quatre coins du monde ont pu suivre l’événement. Une retransmission dont la sécurisation a aussi été l’une des missions de la gendarmerie. Pour répondre à ces enjeux, l’institution a mis en place un important dispositif qui a nécessité des mois de préparation.

Devant la grande estrade de la piste de l'Eclipse à Courchevel, deux gendarmes vont entrer à l'intérieur de la raquette, le lieu d'arrivée des skieurs, où se trouvent beaucoup de monde.
© SIRPA-G - GND B. LAPOINTE

Une manœuvre anticipée

Si les stations de Courchevel et de Méribel sont habituées à recevoir des épreuves internationales de ski alpin, c’est en revanche la première fois qu’elles accueillent un tel championnat sur une durée aussi longue (15 jours). Pour pouvoir apporter une réponse sécuritaire adaptée et évolutive, le comité d’organisation, la préfecture et le GGD de Savoie ont donc réalisé, ensemble et en amont, un important travail de planification, visant à anticiper tous les potentiels risques et problématiques.

Et ce, sans peser sur les forces de gendarmerie départementale et mobile présentes pour gérer l’afflux habituel de touristes, comme l’explique le colonel Frédéric Allamand, commandant du groupement de Savoie : « La particularité ici, c’est qu’il s’agit d’un événement qui prend place dans un environnement qui continue à vivre à « 200 à l’heure ». Pendant cette période de vacances scolaires, la vie de tous les jours continue : les touristes, mais aussi les gens du coin, montent skier à la journée. On fait face à l’augmentation du nombre d’interventions et de faits judiciaires grâce à une surcouche de sécurité appelée le Dispositif hivernal de protection des populations (DHPP). Ainsi, la sécurisation des Championnats du Monde de ski alpin (CMS), même si elle devient clairement prioritaire, ne doit pas perturber la vie « normale », ni l’activité socio-économique des stations. C’est un événement qui, selon moi, est inclusif au sens où la vie continue au sein des stations. On rajoute cette « sur-surcouche » de sécurité publique pour faire en sorte que les CMS se passent bien. »

Pour anticiper la tenue de ce rendez-vous sportif international, un comité de pilotage et un comité technique ont été mis en place dès le mois de mars 2022, par la préfecture, réunissant l’ensemble des acteurs impliqués, dont la gendarmerie, représentée par le lieutenant-colonel Alain Jacquet, officier adjoint commandement et « officier de marque ». Ces deux comités ont permis d’élaborer un plan complet, répondant à quatre objectifs : assurer la sécurité des personnes et des biens pendant toute la durée de l'événement, protéger les personnalités les plus exposées contre les atteintes malveillantes, assurer la sécurité des usagers sur les axes routiers menant des vallées aux stations, et, enfin, assurer le bon déroulement de l’événement et sa bonne retransmission médiatique.

Pour appuyer le GGD 73 dans ces travaux de planification, un outil très précieux, créé il y a un an et demi par la gendarmerie au sein des sept régions zonales, a été activé : le CZO, ou Centre Zonal d'Opérations.

SIRPA-G - V. MARTIN

Dès le début des championnats, et afin de poursuivre le travail réalisé en amont, un poste de commandement gendarmerie, positionné juste à côté du Poste de commandement interservices (PCIS), a été mis en place. Composé de tous les acteurs majeurs du dispositif (commandement du GGD 73, commandants des unités impliquées, CZO…), il a permis de coordonner l’action des 240 gendarmes présents, issus d’unités de gendarmerie départementale, mobile et spécialisée. Un dispositif fort, basé sur la sécurisation, la prévention, le contact et le renseignement, déployé aussi bien sur les axes routiers que sur les sites des épreuves.

Sécurisation des sites

Durant les championnats, 600 skieuses et skieurs se sont affrontés sur six disciplines, réparties en treize épreuves qui se sont déroulées sur la piste de l’Éclipse, au Praz, à Courchevel, et sur la piste du Roc de Fer, à Méribel. Deux lieux situés à 15 minutes de route l’un de l’autre et qu’il a fallu sécuriser. Pour ce faire, deux types de dispositifs ont été mis en place.

Sur le lieu accueillant la compétition du jour, de nombreux militaires ont été engagés. Positionnés sur les bords de la piste, des gendarmes du peloton montagne de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 25/6 de Digne-les-Bains ont veillé, durant toute la durée de l’épreuve, au dégagement complet de la piste, en s’assurant qu’il n’y ait aucune intrusion.

Au bas des pistes, dans les gradins ou dans la « fan zone », au milieu de la foule venue observer la compétition, plusieurs militaires du même escadron ont réalisé des patrouilles, parfois en binômage avec d’autres forces de gendarmerie européennes venues prêter main-forte sur cet événement de dimension internationale. « Nous avons six personnels de brigades européennes (deux de la Bundespolizei allemande, deux de la Guardia Civil espagnole possédant la spécialisation montagne et deux carabiniers italiens, NDLR). Ils peuvent faciliter une première approche avec des touristes étrangers ou nous aider dans le cadre d’une première audition », précise le colonel Allamand.

Sur le site de Courchevel le Praz, les gendarmes mobiles sécurisent la zone acceuillant du public. Pour les accompagner sur cet événement de portée internationale, ils sont appuyés par des carabiniers italiens, des gendarmes de la Garde civil et des policiers de la Polizei allemande. Tous patrouillent ensemble sur la neige au milieu du public avec en toile de fond la montagne savoyarde.
© SIRPA-G - GND B. LAPOINTE

Sur le site réservé aux entraînements, le dispositif était plus restreint, avec seulement une patrouille de gendarmerie mobile et, parfois, non loin des athlètes, de drôles de gendarmes en civil, brassard au bras. Issus de l’EGM 25/6 de Digne-les-Bains, ces gendarmes endossaient le rôle de TSLO (Team Security Liaison Officers). Détachés de leur escadron durant toute la durée de la compétition, ils ont assuré un lien direct entre la gendarmerie et les 78 délégations sportives étrangères présentes, réparties selon leur sensibilité entre neuf TSLO choisis pour leurs compétences linguistiques.

Faire face aux risques cyber et terroristes

Lors de la planification du dispositif de sécurisation, un autre point a appelé la vigilance du groupement de gendarmerie et du CZO : les risques terroristes et cyber. Si sur le premier point, aucune menace n’a été identifiée par les services de renseignement, sur le second, en revanche, des actions souterraines de déstabilisation de l’événement ont été plus fortement envisagées.

Pour contrer la menace terroriste, des gendarmes de l’Antenne GIGN de Dijon ont donc été positionnés aux abords des gradins ou directement à l’intérieur. Renforcés par quelques militaires de l’Antenne GIGN de Nantes, ils ont observé et scruté tout comportement potentiellement suspect afin de pouvoir intervenir si nécessaire.

Pour compléter leur action, une équipe cynophile, composée de Fracx, un jeune Malinois spécialisé en Recherche d'explosifs sur personne en mouvement (Rexpemo), et de son maître, un maréchal des logis-chef du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie des transports aériens (PSIGTA) d’Orly, a été employée.

Deux gendarmes mobiles d'un peloton d'intervention accompagnent un jeune Malinois, Fracx et son Maitre-chien. Ensemble, ils avancent au milieu des touristes afin que le chien puisses repérer d'éventuels traces d'explosifs.
© SIRPA-G - GND B. LAPOINTE

Concernant le risque cyber, c'est le Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend) qui a été pré-alerté avec, sur place, un échelon local et particulièrement important de cette grande chaîne : la SOLC (Section opérationnelle de Lutte contre les Cybermenaces). Grâce à un repérage réalisé sur les deux sites et au renforcement des équipements radio, les personnels de cette unité ont permis de couvrir l’intégralité de la zone en moyens RUBIS robustes et autonomes, permettant, même en cas d’attaque cyber, de continuer à émettre.

Dans les airs aussi, la surveillance a été renforcée. Pour pallier tout risque d'événement majeur ou mineur induit par un drone, une équipe de Lutte anti-drone (LAD) de la SOLC du GGD 73, avec l’appui de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a fait le déplacement. Installés sur l’un des points hauts d’un des sites, en lien direct avec le P.C. situé à Courchevel, ils ont scruté le ciel et observé les radars pour s’assurer qu’aucun drone ne vienne troubler la fête. Au total, deux engins ont été interceptés.

SIRPA-G - V.MARTIN

Un dispositif de gestion des flux à trois niveaux

Sur la route, les deux problèmes principaux identifiés étaient le risque d’accident et celui de saturation des flux, particulièrement redouté durant les week-ends, en raison de la forte affluence due aux vacances scolaires et aux grandes épreuves de la compétition. Pour anticiper et limiter ces risques, tout en laissant un libre accès aux personnes venant simplement skier ou monter en station, l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) de la Savoie a mis en place un dispositif s’appuyant sur trois niveaux d’action.

Le premier est la prise en compte des flux au niveau départemental. Pour cela, le groupement a armé, aux côtés de la préfecture et des responsables départementaux des routes, le P.C. Osiris, un poste central basé à Albertville et activé lors des grands chassés-croisés, afin de voir arriver les flux routiers en provenance de Chambéry, Grenoble ou même Lyon, et de pouvoir anticiper la manœuvre.

Le deuxième levier d’action se situe au niveau de la vallée de la Tarentaise et permet de réguler l’ensemble du trafic, notamment lors des périodes de chassés-croisés, où des dizaines de milliers de véhicules s'engouffrent dans la vallée. Pour faire face à ce phénomène, accru pendant les championnats du Monde, l’EDSR a mobilisé, pour la journée du samedi, 28 personnels, et, sur décision du préfet, activé le plan RECITA, de régulation de la circulation de la Tarentaise.

Le troisième et dernier niveau de manœuvre se trouve au plus proche de l’événement, sur la zone « Méribel- Courchevel ». Sur cette partie-là, des points de contrôle fixes ont été mis en place à des endroits stratégiques, comme le rond-point de l’Europe, à Moutiers, passage obligatoire pour accéder aux deux stations, ou encore le point de séparation des deux routes, l’une partant vers Méribel et l’autre vers Courchevel. « On est en mesure, si besoin, de bloquer et de privilégier l’un des deux axes en fonction du lieu de l’épreuve », précise le chef d’escadron Régis, commandant de l’ESDR de la Savoie.

Sur la route entre Courchevel et Méribel, une voiture de gendarmerie arreté dans la neige sur le bas côté, a devant elle un drôle de radar, relié à la voiture et qui permets de vérifier les plaques des automobilistes que l'on voit passer en fond. Le ciel est bleu et les montagnes se détache en fond.
© SIRPA-G - GND B. LAPOINTE

Pour compléter cette action au plus proche de la zone, le matin, douze gendarmes de l’EDSR, et six l’après-midi, ont réalisé des patrouilles mobiles, permettant d’assurer une présence gendarmerie sur le secteur, et de pouvoir intervenir rapidement en cas d’accident de la route ou de contrôle inopiné. Un effectif pouvant être renforcé, si besoin, par 22 motocyclistes. Grâce à ces trois niveaux d’action, répondant à trois objectifs - « contrôler, filtrer et fluidifier » -, aucun accident lié aux championnats du Monde n’a été constaté.

Cet événement, vu par certains comme un « entraînement » pour les futures grandes échéances sportives (coupe du Monde de rugby et Jeux olympiques de Paris 2024), a donc pu, grâce au travail conjoint de l’ensemble des militaires présents, mais également grâce à la coordination et au travail de préparation, se dérouler en toute sécurité. Un pari réussi donc et des championnats qui ont permis à l’enfant du pays, Alexis Pinturault, de grimper sur le podium avec deux médailles : l’une en or au combiné hommes et l’autre en bronze au super-G hommes.

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