« Programme VMO » : le plan de renouvellement de rames de maintien de l’ordre de la gendarmerie mobile

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 13 novembre 2023
Vue de face d'un véhicule de maintien de l'ordre, encadré par d'autres véhicules
© CPMGN

En 2017, une lettre de mission a été confiée à la Direction des opérations et de l’emploi (DOE) en vue de renouveler le parc automobile de la gendarmerie mobile. Depuis, deux programmes ont vu le jour, et les nouveaux véhicules de maintien de l’ordre se déploient peu à peu sur le territoire national.

On les voit déjà sur des missions de sécurisation, au maintien de l’ordre ou dans les convois : les nouveaux véhicules de la Gendarmerie mobile (G.M.), bleus à la sérigraphie jaune, sont peu à peu perçus dans les unités.

Au temps du centenaire de la G.M., l’heure est au renouvellement intégral de son parc automobile, tant du côté des blindés que de celui des Véhicules de maintien de l’ordre (M.O.). Pour remplir cette mission, deux programmes principaux ont été suivis.

Le premier, le « programme VCT » (Véhicule Commandement et Transmission) est destiné à remplacer le véhicule B110, initialement en dotation auprès des commandants de Groupement de gendarmerie mobile (GGM) et dans les escadrons. Le second est le « programme VMO » (Véhicule de Maintien de l’Ordre), lui-même décliné en deux sous-programmes, pour les Véhicules mobiles d’équipe (VME) et les Véhicules mobiles de groupe (VMG). Ces derniers ont vocation à se substituer aux près des 1 000 Irisbus déployés dans les unités de G.M. et en outre-mer depuis 2004. Après quasiment vingt ans de bons et loyaux services, il est temps pour eux de tirer leur révérence !

Avec la création de sept Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) supplémentaires, 115 unités doivent être équipées pour le maintien de l’ordre d’ici 2024. Au total : 135 VCT et 1 035 VMO. Ces programmes au long cours permettent de travailler en cohérence avec le besoin.

Le capitaine Sophie Cavalier, directrice de programme affectée à la Sous-direction de l’emploi des forces (SDEF) de la DGGN, en précise l’enjeu : « Il s’agit de remplacer le B110 et l’Irisbus par des véhicules modernes, adaptés aux missions de la gendarmerie mobile, en conformité avec le Schéma national de maintien de l’ordre (SNMO) et la doctrine du M.O. Si celle-ci ne peut pas se penser sans regarder le capacitaire, ce dernier est tenu par la doctrine. »

Autre point clé : ces programmes, et donc les véhicules aboutis, sont le fruit d’une coconstruction entre les services centraux de la gendarmerie, le Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) de Saint-Astier, ainsi que les gendarmes mobiles eux-mêmes, qui ont participé à toutes les phases de test.

A gauche, vue de face d'un véhicule de la gendarmerie mobile: à droite, zoom sur un matériel de communication tenue en main par un gendarme
© CPMGN

Le programme VCT

C’est le plus avancé des deux programmes ; la livraison des véhicules dans les unités ayant commencé en juin 2021. À ce jour, 88 véhicules de commandement et de transmission sont déployés au sein des EGM, la cible étant que les 115 escadrons en soient dotés pour les Jeux olympiques de 2024. Pour ce qui est des GGM, ils ne seront pas tous pourvus pour l’événement, mais quoiqu’il arrive, ce sera effectif dans le courant de l’année 2024.

« Le VCT est conçu à partir d’une base Iveco et aménagé à l’atelier central automobile de Limoges, qui est rattaché à l’Établissement central logistique de la police nationale (ECLPN), explique le capitaine Cavalier. Ils ont réalisé un travail minutieux sur ce véhicule pour le conformer aux besoins, c’est-à-dire permettre aux commandants d’unité, aux transmetteurs, etc., de travailler dans de bonnes conditions, sur un véhicule robuste et adapté au M.O. Au fur et à mesure des livraisons, lorsqu’un problème est détecté sur l’un d’eux, non seulement ils le règlent, mais ils s’assurent bien que ce ne sera pas le cas pour les suivants. » Entre le 1er et le 88e VCT, d’importantes évolutions ont eu lieu, et elles se poursuivent au fil des livraisons. Il a parfois fallu rappeler les véhicules, auquel cas le service automobile a travaillé en lien avec les constructeurs locaux, se déplaçant pour résoudre les difficultés au plus vite.

À l’occasion de l’avancement de ce programme, et toujours dans l’idée de doter la G.M. d’une image nouvelle, la sérigraphie des futures rames a été repensée. Elle est le fruit d’un travail commun avec le Service d'information et de relations publiques des armées - gendarmerie (SIRPA-G). Il a alors été choisi d’allouer aux véhicules le bleu constructeur. Quant à la grenade, jaune, elle a été redessinée, et rehaussée, tout comme le reste de la sérigraphie, restant ainsi visible même quand les militaires descendent de leur VMO.

« Nous en avons profité pour uniformiser le marquage tactique des véhicules, sous forme de plaques amovibles, poursuit la directrice de programme, ainsi que le marquage « 3D », sur un support amovible également. Il est disposé sur le toit, en cas d’appui aérien, pour que l’hélicoptère puisse rapidement nous situer, ou donner des indications. Ce marquage est passé devant les gendarmes lors de la commission G.M., puis a été validé par le directeur général de la gendarmerie. Il constitue aujourd’hui l’identité visuelle de la G.M. »

Vue sur la bande gendarmerie en hauteur du véchiule de maintien de l'ordre "Gendarmerie notre engagement votre sécurité"
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

Les VMO : deux sous-programmes pour s’adapter aux besoins de la G.M.

Cette partie du plan de renouvellement, la plus importante en termes de volume, ne se construit pas de la même façon que le programme VCT. Le choix a été fait de produire un véhicule pour les Pelotons d’intervention (P.I.), le VME [NDLR : trois par P.I., de six places chacun], et un autre pour les Pelotons de marche (P.M.), le VMG [NDLR : deux par P.M., de neuf places chacun], de manière à s’adapter à leurs missions.

En 2020, préalablement à toute autre démarche, des prototypes de chaque véhicule ont été aménagés à l’ECLPN afin d’expérimenter différentes solutions. « De 2020 à 2021, pendant un an et demi, les véhicules ont été mis à la disposition du CNEFG et les essais ont été réalisés sur ces démonstrateurs. Tous les EGM venant se recycler les ont testés et cela a donné lieu à de nombreux allers-retours : quand quelque chose ne convenait pas ou pouvait être amélioré, on faisait le point sur le sujet. Et plutôt que d’attendre la fin pour avoir toutes les modifications à faire, on a pris la décision de les renvoyer à Limoges à chaque fois, de faire les aménagements adéquats et de les renvoyer à Saint-Astier pour poursuivre les tests », développe le capitaine Cavalier. Cela a permis de grandes évolutions, comme la suppression du couloir arrière, aménagement qui a décuplé les capacités de stockage. Au-delà de cette capacité d’emport, cela facilite la réversibilité missionnelle, qui est la conséquence directe de la doctrine d’emploi des escadrons. Une unité envoyée sur une sécurisation peut de fait être appelée sur du maintien de l’ordre ou inversement. Le commandant d’unité part ainsi en service avec tout le matériel nécessaire à sa bonne exécution et ses personnels sont en mesure de basculer d’une mission à l’autre.

Enfin, le confort des militaires est recherché, ce qui a orienté les choix en termes de châssis, d’aide à la conduite, d’ergonomie, etc.

Les solutions retenues au cours de cette période sont le fruit du travail collaboratif entre les équipes de la Division formation du CNEFG, la DOE, l’ECLPN et les avis des EGM déplacés à Saint-Astier, de manière à correspondre aux besoins du terrain.

Vue en contre-plongée d'un véhicule mobile de groupe
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

De nombreuses étapes pour des produits aboutis

Vient ensuite le temps de l’élaboration du Cahier des charges techniques et particulières (CCTP), en lien avec le Service de l’achat, de l’innovation et de la logistique du ministère de l’Intérieur (SAILMI). À l’issue, se met en place l’attribution de marché via l’Union des groupements d’achats publics. La production des VME est octroyée à l’industriel Gruau en partenariat avec Iveco, et celle des VMG à Gruau uniquement.

À l’automne 2021, peuvent alors débuter, pendant près d’un an, sur le site de Gruau, à Laval, des essais pour l’aménagement des véhicules mobiles d’équipe. Une fois la tête de série réalisée, et en lien avec les cadres de Saint-Astier qui se sont aussi déplacés, l’EGM 17/3 de Mayenne a participé à de nombreux tests : emport de matériel, embarquement et débarquement en équipement de M.O., etc. « Il s’agit aussi de déceler ce qui pouvait générer des blocages ou des blessures. Par exemple, les marche-pieds ont été rallongés. On entre vraiment dans le détail, dans une approche très technicienne. Il faut que ce soit un outil abouti, qui réponde aux besoins, et ce travail est poursuivi de manière conjointe », ajoute l’officier en charge du programme.

À la fin du mois de novembre 2022, une nouvelle phase de tests commence, cette fois-ci directement sur le terrain. La tête de série VME est mise à la disposition de la gendarmerie, au profit de l’escadron 33/6 de Pamiers, alors déplacé sur la plaque parisienne. L’objectif est d’améliorer l’habitabilité du véhicule, et de se concentrer sur les derniers ajustements. Dans le même temps, elle passe entre les mains du Service national d’aide à la mobilité (SNAM) de Satory, pour anticiper le maintien en condition opérationnelle, soit l’entretien au long cours.

Dernière étape, et non des moindres : l’homologation du véhicule, réalisée au début de l’année 2023 au Centre national de réception des véhicules. Ce dernier juge de sa conformité au Code de la route. « Cela prend un peu de temps, souligne l’officier en charge du programme. Il faut obtenir des dérogations sur certains points, par exemple les dispositifs lumineux [NDLR : un LED en frontal et deux sur les latéraux]. Ils répondent aux exigences du Schéma national de maintien de l’ordre (SNMO), qui ordonne de développer des moyens moins vulnérants, mais ce n’est pas prévu par le Code de la route en raison des risques d’éblouissement, et donc d’accidents. Nous avons dû rédiger un rapport et finalement obtenu une dérogation. »

La tête de série du VME est alors validée sur le plan fonctionnel, et six semaines plus tard, le 5 avril 2023, la livraison commence dans les unités et se poursuit à l’heure actuelle.

Le VMG, quant à lui, bénéficie de tout le travail réalisé pour le VME. Fin septembre 2023, sa tête de série est mise à la disposition de l’EGM 17/1 de Satory pour deux semaines de test en vue d’affiner certains détails, notamment sur son habitabilité.

Devant un véhicule de la Gendarmerie mobile , un gendarme en treillis et deux hommes en civil échange en montrant l'intérieur du camion
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

Une répartition cadencée

La cible considérée est claire : 62 rames complètes de neuf véhicules de maintien de l’ordre livrées avant les prochains Jeux olympiques, soit 54 % du parc de la G.M. renouvelé. Une rame comprend donc trois VME et six VMG, complétés par le VCT.

La répartition des véhicules dans les unités se fait au sein des sept régions zonales et en concertation avec elles. Elle est réalisée proportionnellement au nombre d’EGM par zone, en tenant compte du taux d’indisponibilité des Irisbus, c’est-à-dire de l’état actuel des rames. En outre, la promulgation de la Loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (LOPMI) a confirmé la création de sept EGM supplémentaires, qui ont été intégrés à la manœuvre globale de manière prioritaire, puisqu’ex-nihilo au niveau matériel.

« À ce jour, 44 pelotons d’intervention, répartis dans chacune des sept régions zonales, ont reçu leurs trois véhicules d’équipe, détaille le capitaine Cavalier. Pour les VMG, une fois la ventilation commencée, elle sera plus rapide, puisque 372 camions sur 558 sont attendus sur six mois. »

A gauche, un gendarme mobile de profil devant son véhicule, à droite vue de face d'un véhicule de maintien de l'ordre,
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

Un traitement différencié pour les Irisbus

Les désormais anciens véhicules de la « jaune » font l’objet d’une manœuvre de régénération et de renouvellement selon un ordre logistique. Pilotée par la Direction des soutiens et des finances de la gendarmerie, elle a été rédigée au début de l’année 2023, et a pour objectif de prolonger la durée de vie des véhicules en attendant la perception des nouveaux.

« Un escadron qui perçoit sa rame est supposé libérer huit Irisbus. Ces derniers sont diagnostiqués un par un par des référents zonaux, de manière à effectuer un nivellement au sein des zones. Les Irisbus régénérés vont combler les manques dans l’un des 53 escadrons qui ne percevront pas leur rame tout de suite, mais aussi en outre-mer et en Corse », indique la directrice de programme.

Concernant les Irisbus à l’état dégradé, les pièces utiles seront sauvées pour réaliser la régénération ou le maintien en condition opérationnelle de ceux qui roulent encore.

Ces programmes au long cours, fruits d’un travail commun sur l’ensemble de la chaîne, laissent aujourd’hui voir le jour à des véhicules robustes, performants et adaptés aux besoins d’une gendarmerie mobile en constante évolution.

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