La dérive verticale de l’Airbus A330 est parée de traits bleu et rouge, encadrant comme il se doit le blanc de l’appareil. Sur le fuselage, on peut lire « République française ». Sur le tarmac de l’aéroport de Paris-Orly, les militaires du PSIG TA de Paris-Orly sont déjà en place, bien avant l’arrivée de la première Ministre, Élisabeth Borne, seule personnalité de l’État français autorisée à « emprunter » l’avion présidentiel, en partance pour une Visite officielle (V.O.) sur l’île de La Réunion.

Protéger l’autorité : dispositif 360 et multi-capacitaire

Comme il le fait pour tout décollage ou atterrissage d’autorité, le PSIG TA de Paris-Orly met en place une bulle tactique, afin de sécuriser la délégation « côté piste », c’est-à-dire dès la sortie du Pavillon d’honneur, où la gendarmerie prend le relais de la police.

« L’objectif de la bulle est de sanctuariser la zone, en tenant tous les accès, avec des militaires au sol, appuyés par une Équipe cynophile (E.C.), des Tireurs d’élite gendarmerie (TEG) et un dispositif de Lutte anti-drones (LAD), décrit le capitaine Dominique Munier, commandant du PSIG TA. Enfin, un véhicule blindé accompagne l’autorité jusqu’à l’avion. »

Outre le groupe principal, qui sanctuarise la zone, ce sont les moyens en appui qui mettent en évidence l’importance du dispositif global, à la fois 360 et multi-capacitaire.

Les premiers à entrer en action sont le gendarme Charles et son chien Nourk, spécialisé dans la Recherche d’explosifs sur personnes en mouvement (Rexpemo). Leur mission ? Décontaminer la zone avant l’embarquement, en contrôlant la piste, l’intérieur des avions et leurs trains roulants. Le PSIG TA de Paris-Orly réunit cinq équipes cynophiles avec des spécialités différentes : détection de produits stupéfiants, Sambi (Stup-Armes-Munitions-Billets), détection d’explosifs et Rexpemo. Cette force de frappe cynophile du PSIG TA de Paris Orly, recyclée régulièrement, aguerrie par un stage GTA annuel qui rassemble l’ensemble de ses E.C., et bientôt renforcée par une sixième équipe, reflète, à l’échelle parisienne, la montée en puissance de toute la GTA en matière de cynotechnicité.

Alors que Charles et Nourk décontaminent le site, des TEG prennent place sur des points hauts. Leur objectif ? Offrir au commandement une double capacité : d’observation tout d’abord, à des fins tactiques ; ensuite, au besoin, de neutralisation, pour garantir la sécurité de l’autorité. La GTA compte quatorze TEG, qui, après leur formation initiale, poursuivent leur entraînement à un rythme élevé, tirant jusqu’à 4 000 cartouches par an. Répartis en sept cellules, quatre à Orly et trois à Roissy, ils sont projetables sur tout le territoire national. Bientôt équipés d’une nouvelle arme (de calibre .338), ils commenceront très bientôt une formation de tir dédiée, pour être prêts d’ici les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024.

Autre composante essentielle de cette bulle tactique : le dispositif LAD. Son but ? Empêcher tout survol de drone à proximité, car interdit et potentiellement dangereux. Le dispositif LAD est scindé en deux effectifs : le premier, équipé de l’aéroscope (détection et localisation) et du brouilleur (fusil/pistolet ; immobilisation du drone, voire prise de contrôle), doit neutraliser la menace à distance pour permettre au second, sous la forme d’un équipage, d’aller interpeller le pilote et saisir le drone. Cette articulation garantit une prise en compte de la menace, incluant in fine le volet judiciaire. Au-delà des V.O., la LAD constitue par ailleurs une mission quotidienne, à des fins de surveillance et de protection permanente des emprises aéroportuaires.

Être prêt : se former, s’équiper, s’engager

Outre ses missions de surveillance et d’intervention sur la plateforme, le PSIG TA renforce également, dans le cadre d’opérations judiciaires, les unités de recherches de la GTA, mais aussi celles des Groupements de gendarmerie départementale (GGD) limitrophes. Par ailleurs, récemment, les PSIG TA d’Orly et de Roissy sont venus épauler les GGD de l’Essonne et du Val-d’Oise dans le cadre des émeutes et des violences urbaines.

« Cette projection opérationnelle en dehors de nos plateformes contribue pleinement au maintien en compétences et à la robustesse, car elle consolide notre faculté d’adaptation et durcit nos modes opératoires. Ainsi, nous nous aguerrissons pour, le cas échéant, intervenir en zone aéroportuaire sur le haut du spectre, explique le colonel Jean-François Pedegert, chef d’état-major de la GTA. Un aéroport est une caisse de résonance médiatique considérable. Dès lors, la probabilité qu’un événement majeur et dramatique se produise reste élevée. En plus de l’engagement régulier sur le terrain, ce sont l’organisation, la formation et l’équipement qui permettent de disposer de PSIG TA robustes et en capacité d’être engagés immédiatement, aux niveaux de compétences et de responsabilités attendus. »

Sur la plateforme, tout le monde a encore en mémoire l’attaque à caractère terroriste du samedi 18 mars 2017, au cours de laquelle la GTA a été engagée quelques minutes seulement après la fusillade et a contribué en très grande partie à la sécurisation du site.

Comme les autres PSIG Sabre, le PSIG TA de Paris-Orly a été entièrement densifié fin 2022, et celui de Paris-Charles-de-Gaulle le sera au premier trimestre 2024, avant les Jeux olympiques de Paris.