La BGTA de Paris-Orly sur tous les fronts

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 26 juillet 2023
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Sûreté, sécurité aéroportuaire, police route, police judiciaire et renseignement, telles sont les missions de la Brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) de Paris-Orly, qui monte également en puissance sur la lutte anti-drone.

C’est presque une ville à part entière, située à 10 kilomètres de Paris, construite sur un plateau à 88 mètres d’altitude. On l’appelle communément « Orly », bien que ses 1 528 hectares se répartissent en réalité sur sept communes, dont celle d’Orly, et deux départements, le Val-de-Marne et l’Essonne. On y dénombre plus de 270 entreprises, où travaillent 28 000 salariés, ainsi que 70 000 m² d’entrepôts et 15 000 places de parking.

Pour œuvrer à la sécurité de l’aéroport de Paris-Orly, la Gendarmerie des transports aériens (GTA), formation spécialisée de la gendarmerie nationale placée pour emploi auprès de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), dispose d’une brigade, armée par 54 personnels, et d’un Peloton de surveillance et d’intervention gendarmerie (PSIG) Sabre, qui compte 38 militaires, désormais tous sous-officiers, puisque la densification de l’unité a été achevée à la fin de l’année 2022. Ils peuvent aussi compter sur le renfort de cinq équipes cynophiles Rexpemo (Recherche d’EXplosifs sur PErsonnes en MOuvement).

L’aéroport « côté piste »

« C’est une petite circonscription en dimension, mais avec une forte densité de population, décrit le major Yannik, adjoint au commandant de la Brigade de gendarmerie des transports aérien (BGTA) de Paris-Orly. Nos missions sont au nombre de cinq : la sûreté, la sécurité aéroportuaire, la police route, la police judiciaire et le renseignement. Notre périmètre d’action, c’est l’aéroport « côté piste », dans une zone délimitée, à l’intérieur de laquelle ne peuvent pénétrer que les personnes dûment habilitées, de manière permanente ou temporaire. » La Police de l’air et des frontières (PAF) gère, quant à elle, la zone ouverte au public. Elle prend en charge les passagers des avions jusqu’aux passerelles d’embarquement, tandis que la GTA est compétente sur les zones de tri des bagages et les trajets menant jusqu’aux soutes des aéronefs.

C’est en effet l’une des particularités d’un aéroport de se situer à la fois en zone police et gendarmerie. Mais policiers et gendarmes ne sont pas les seuls acteurs de la sécurité. Il y a bien sûr les douanes, mais aussi les compagnies privées de sécurité aéroportuaire, prestataires de la société ADP (Aéroports de Paris). Ce sont elles, notamment, qui préviendront la compagnie si un bagage pose problème au moment du passage aux rayons X, si cette technologie ne permet pas d’écarter l’existence d’une menace. Il faudra alors procéder à la levée de doute, en interrogeant le passager, en faisant appel à une équipe cynophile, et, le cas échéant, à une équipe de déminage. Auquel cas la BGTA sera engagée pour établir un périmètre de sécurité.

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Un écosystème avec de nombreux interlocuteurs

Avec 600 mouvements quotidiens en moyenne - départs ou arrivées - l’activité commerciale impacte bien sûr fortement celle de la gendarmerie, mais la brigade est présente H24 sur la plateforme aéroportuaire, avec a minima un planton et une patrouille de deux gendarmes, parce qu’Orly ne dort jamais. « Même en dehors des heures de trafic, il y a constamment une activité, confirme l’adjudant Éric, enquêteur de la BGTA de Paris-Orly. Et à tout moment, un avion peut toujours être dérouté et atterrir ici en urgence. »

En zone aéroportuaire, la gendarmerie est donc intégrée à un écosystème, avec de nombreux interlocuteurs. « Avant de comprendre comment ça se passe sur le terrain, il faut un peu de temps, souligne le colonel Jean-François Pédegert, chef d’état-major de la GTA. Les gendarmes interagissent avec des pilotes, des mécaniciens, des ingénieurs en aéronautique, des contrôleurs aériens. Il faut pouvoir se mettre à leur niveau, montrer qu’on comprend leur langage. Les gendarmes de la GTA possèdent ce niveau, parce qu’ils ont déjà, pour certains, un « vernis aéro », et parce qu’on les forme pour les faire monter en compétences»

Tous les militaires des BGTA ont au moins le niveau « contrôleur », acquis après un stage de deux semaines, avec une application sur le terrain. Certains ont le niveau « inspecteur sûreté », qui suppose d’avoir déjà travaillé au moins un an ou deux sur une plateforme aéroportuaire. Ils sont 150 dans ce cas à la GTA. D’autres, enfin, ont le niveau « auditeur sûreté », c’est-à-dire qu’ils participent à des audits interministériels sur l’état de la sûreté dans les aéroports, au profit de la DGAC.

La lutte anti-drones, un enjeu important

Comme les unités de gendarmerie départementale, la BGTA intervient sur le volet police judiciaire, avec une expertise reconnue dans le domaine des accidents d’aéronefs. Si la GTA s’est dotée, depuis 2004, d’une Section de recherches (S.R.) compétente à l’international, pour faire face notamment aux enquêtes judiciaires majeures liées à l’aéronautique civile ou aux accidents graves, les brigades restent susceptibles d’intervenir sur les quelque 300 accidents par an, en moyenne, qui surviennent sur les aéroports français. « La plupart concernent des petits avions de tourisme ou des ULM (Ultra légers motorisés), et tous ne sont pas mortels, mais tous nécessitent de procéder aux constatations, explique l’adjudant Éric. Les gendarmes vont s’occuper du volet pénal, et le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) pour la sécurité de l'aviation civile va gérer le volet technique du dossier, mais les deux aspects se complètent et se rejoignent. »

Les militaires de l’unité participent également à la lutte contre le trafic de stupéfiants. « La marchandise transite beaucoup par cet aéroport, en provenance d’outre-mer, et au départ de Cayenne surtout, précise le major. Elle voyage soit en soute dans les valises, soit in corpore avec des mules. Après ciblage par la S.R. de Paris-Roissy, on interpelle le suspect au débarquement de l’avion, avec nos camarades de la Brigade de recherches (B.R.) de Paris-Orly, on gère la garde à vue et la récupération des produits stupéfiants pour saisie. »

Enfin, une autre mission a pris dernièrement de plus en plus d’importance dans l’activité de la BGTA, mais aussi du PSIG de Paris-Orly : la lutte anti-drones. Jusqu’ici, seuls quelques personnels de l’unité étaient formés à l’utilisation des appareils de détection et de neutralisation par brouillage d’ondes. Prochainement, tous le seront. L’utilisation d’un drone fait l’objet d’une autorisation obligatoire. Si un drone non déclaré apparaît sur l’écran du détecteur, la BGTA envoie aussitôt une équipe sur le drone, afin de brouiller son signal et de neutraliser le vol. Une autre se projettera sur l’emplacement du télépilote. En fonction de la programmation du drone, celui-ci va soit s’immobiliser jusqu’à épuisement de sa batterie, et tomber, soit revenir vers son point de départ.

Cette lutte anti-drones constitue un enjeu important de sécurité aéroportuaire, dans la perspective notamment des Jeux Olympiques de Paris en 2024.

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