L’OCLAESP organise la formation des futurs enquêteurs environnement de la gendarmerie

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 04 juin 2023
Rondache de l'OCLAESP sur la manche de l'un des formateurs.
© GEND/SIRPA/A. FAURE

D’ici la fin de l'été 2023, en métropole comme en outre-mer, plus de 3 000 gendarmes deviendront des enquêteurs environnement. Pour les former, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et la santé publique (OCLAESP) va s’appuyer sur des formateurs relais, issus du vivier des 500 Enquêteurs « atteintes à l’environnement et à la santé publique » (EAESP).

Dans la salle de cours mise à disposition par le Centre national de formation à la sécurité publique (CNFSP), au sein de l’école de gendarmerie de Dijon, 41 gendarmes, venus des six coins de l’hexagone et d’outre-mer, écoutent attentivement le discours surréaliste de l’ancien Premier ministre britannique, Boris Johnson, perdu dans ses notes et lancé dans une digression digne d’un sketch parodique. Une démonstration par l’absurde de ce qu’il ne faudra pas faire, dans les semaines qui viennent, lorsqu’ils devront prendre la parole devant les futurs enquêteurs environnement de la gendarmerie nationale, qu’ils sont chargés de former.

Tous les militaires participants ont sensiblement le même profil : officiers de police judiciaire, ils font aussi partie du contingent des Enquêteurs « atteintes à l’environnement et à la santé publique » (EAESP). Ce module dédié aux fondamentaux de la communication et de l’andragogie (formation pour les adultes) s’inscrit dans le cadre d’un parcours de formation de trois jours, destiné à prendre en main une mallette pédagogique abordant les principales thématiques de la lutte contre les atteintes à l’environnement : les déchets générés par les Installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) et les Ouvrages de travaux publics (OTP) ; les pollutions ; les trafics d’espèces protégées ; la maltraitance animale ; les produits phytosanitaires ; la prévention contre les incendies.

À l’issue de cette remise à niveau, plus de 80 gendarmes EAESP coifferont donc leur nouvelle casquette, celle de formateur relais enquêteurs environnement. « Cette formation a été mise en place pour atteindre rapidement l’objectif fixé de 3 000 enquêteurs environnement, à raison d’un ou deux par brigade territoriale et au moins un par unité dite de milieu, à savoir les Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM), les Escadrons départementaux de sécurité routière (EDSR), les brigades nautiques et fluviales et les unités de la gendarmerie maritime, détaille le capitaine Antony, chef du Groupe animation et prospective (GAP) de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et la santé publique (OCLAESP). Et ce n’est qu’un début. C’est un effort qu’il faudra poursuivre pour obtenir un maillage territorial plus important et efficace. »

Embarquer toute la gendarmerie

Ces enquêteurs environnement vont donc venir renforcer un réseau qui comprend déjà les enquêteurs de l’OCLAESP, ceux des dix détachements créés en métropole et en outre-mer, et les 500 EAESP, nombre qui sera porté à 700 à l’horizon 2024.

« L’environnement est, avec le cyber, une des premières priorités fixées par la feuille de route du Directeur général de la gendarmerie nationale, le général d’armée Christian Rodriguez, rappelle le général de brigade Sylvain Noyau, chef de l’OCLAESP. Dans un premier temps, nous sommes montés en puissance avec la création des détachements. Désormais, nous devons embarquer toute la gendarmerie sur ce sujet. Nous sommes 150 enquêteurs à l’OCLAESP, mais cela ne suffit pas, et les gendarmes des brigades n’ont pas toujours pris conscience de la gravité de ces faits, et des conséquences qu’ils peuvent avoir sur l’environnement et sur la santé publique, avec aussi des risques incidents de tensions et de conflits, par exemple, entre un exploitant qui respecterait les restrictions d’eau et un autre qui ne les respecterait pas. Il y a donc un vrai sujet de formation. Il faut éclairer les gendarmes sur des contentieux parfois très complexes, leur donner une méthodologie. Ces enquêteurs environnement auront pour mission de rayonner au sein de leur unité, d’attirer l’attention des chefs sur les infractions à constater lors des patrouilles comme sur les actions de prévention à mener. Ils auront aussi un rôle à jouer auprès des élus de la circonscription et des policiers municipaux, dont ils seront les référents sur ces questions. »

Pour le général de brigade Hubert Charvet, commandant de l’école de gendarmerie de Dijon, « la formation des enquêteurs environnement est un premier jalon, qui a vocation à s’inscrire de manière pérenne dans le cadre de la formation continue, cœur de métier du Centre national de formation à la sécurité publique (CNFSP). Il faut aider nos militaires, nos gradés comme nos chefs, à se situer dans un champ infractionnel et réglementaire vaste, qui comprend de très nombreux acteurs. Il faut inscrire cette formation dans une logique de réseau, sur le même schéma que pour les violences intrafamiliales, pour accompagner ces référents. Les chefs et les encadrants doivent donc suivre aussi cette sensibilisation à l’environnement, afin que toute la gendarmerie monte en compétences. »

  • Des gendarmes participants à la formation prennent des notes.
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Vue de côté des bureaux avec un téléphone, une pochette, une main qui tient un stylo.
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Prise de notes d'un gendarme, de dos, lors de la formation
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Prise de notes d'un gendarme lors de la formation
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Un gendarme, de face au fond, forme des gendarmes, de dos au premier plan, à la communication.
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Des gendarmes participants à la formation prennent des notes.
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Vue de côté des bureaux avec un téléphone, une pochette, une main qui tient un stylo.
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Prise de notes d'un gendarme, de dos, lors de la formation
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Prise de notes d'un gendarme lors de la formation
    © GEND/SIRPA/A. FAURE
  • Un gendarme, de face au fond, forme des gendarmes, de dos au premier plan, à la communication.
    © GEND/SIRPA/A. FAURE

J’aborde ce nouveau rôle avec beaucoup d’enthousiasme !

Si les formateurs relais ont tous une appétence pour les sujets environnementaux, tous n’ont pas forcément d’expérience de formateur, et certains devront sans doute un peu forcer leur nature. D’où l’intérêt de disposer d’outils, comme cette mallette pédagogique, et de savoir s’en servir. « Formateur, ce n’est vraiment pas évident, on doit apprendre à faire passer le message », reconnaît l’adjudante Anne-Laure, de la brigade de proximité de Chaudes-Aigues, dans le Cantal, « un beau département à protéger », sourit-elle. « Transmettre, ce n’est pas inné, rebondit l’adjudant Yoann, de la brigade de proximité de Gannat, dans l’Allier. Mais j’ai la fibre écologique, et c’est important pour moi que mon travail reflète cet aspect de ma personnalité. »

Pour d’autres, ce rôle de formateur sera peut-être plus simple à endosser, comme pour l’adjudant Guillaume, de la brigade territoriale autonome de Poix-de-Picardie, dans la Somme. « Je suis formateur NRBC depuis 5 ans, et je me suis porté volontaire pour l’être également dans le domaine de l’environnement. On sent bien sur le terrain qu’il y a de plus en plus de faits, avec notamment de plus en plus d’actes de maltraitance animale. Il y a aussi une forte problématique de déchets, qui ne proviennent plus seulement du secteur du BTP, mais aussi de particuliers, et pour lesquels les élus ont besoin des gendarmes à leurs côtés. Il y a de nombreux acteurs à connaître, comme l’Office français de la biodiversité (OFB), les Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), les brigades vétérinaires, les magistrats référents environnement au sein des parquets… C’est donc important d’avoir aussi un gendarme référent clairement identifié dans chaque brigade. »

Les 3000 enquêteurs environnement seront déployés en métropole comme en outre-mer. Former ceux de Nouvelle-Calédonie, ce sera le rôle de l’adjudant-chef Stephen, pour l’heure affecté à la Brigade départementale de renseignements et d'investigations judiciaires (BDRIJ) de Loire-Atlantique, et qui sera muté cet été sur le « caillou ». « Ce sera sans doute l’une de mes missions prioritaires, confirme-t-il. Il y a de nombreux enjeux environnementaux en Nouvelle-Calédonie. »

Parmi les formateurs relais qui interviendront prochainement dans chaque compagnie de gendarmerie départementale, on trouve des militaires d’unités territoriales, d’unités de recherches, mais aussi d’unités spécialisées, comme les brigades nautiques et fluviales. « En brigade fluviale, nous sommes confrontés régulièrement à des atteintes à l’environnement, souligne l’adjudant Romain, de la brigade fluviale de Saint-Jean-de-Losne, en Côte-d’Or. C’est donc tout naturellement que j’avais souhaité devenir EAESP, et que je me suis porté volontaire pour être formateur relais, car il y a un réel besoin de formation. »

Pour sa camarade de la brigade fluviale de Rouen, l’adjudante Marie-Charlotte, « ce sera un atout pour les gendarmes de brigades d’avoir un gendarme référent pour les appuyer, les aider, notamment dans la connaissance de la législation. Pour ma part, je suis déjà formatrice en secourisme, ce sera une forme de continuité. Je suis sensible aux questions environnementales et j’aime transmettre, donc j’aborde ce nouveau rôle avec beaucoup d’enthousiasme ! »

 

 

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