Jeudi 31 août, à 18 heures, l’Airbus A319 transportant à son bord les 33 joueurs de l’équipe nationale de rugby d’Angleterre se pose sur le tarmac de l’aéroport du Touquet. Sélectionnée pour accueillir le « XV de la Rose », cette station balnéaire de la Côte d’Opale constitue un environnement idéal, niché entre mer et forêt. C’est ici que les joueurs de la sélection anglaise doivent séjourner et suivre durant plusieurs semaines leur programme de préparation et d’entraînement, dans le cadre de la Coupe du Monde de rugby, qui s’est ouverte ce vendredi 8 septembre. Ce sera leur camp de base durant la phase de poules. S’il conditionne la performance de l’équipe, le choix de ce lieu permet aussi au grand public de vivre la Coupe du Monde en dehors des stades.

Le Touquet-Paris-Plage, the place to be !

Considérée comme la plus britannique des stations balnéaires françaises, Le Touquet entretient avec la Grande-Bretagne des relations étroites. Lieu de prédilection des touristes venus d’outre-Manche, la ville présente de multiples atouts. Outre un cadre exceptionnel au cœur de la nature, la station offre de nombreuses infrastructures sportives de qualité. D’importants travaux ont été réalisés ces derniers mois pour améliorer les installations et accueillir la sélection anglaise dans les meilleures conditions.
À l’occasion de la cérémonie d’accueil - the Welcome ceremony - de l’équipe d’Angleterre, organisée le samedi 2 septembre au Palais des congrès, le maire du Touquet, Daniel Fasquelle, a souligné les liens profonds que sa ville entretient avec le rugby, et rappelé l’amitié vieille de plus d’un siècle unissant le Touquet à l’Angleterre. Lors de cette cérémonie protocolaire, où près de 1 500 personnes étaient réunies, les joueurs anglais ont été mis à l’honneur, mais également la ville du Touquet, ses représentants et ses habitants. Car tous ici sont extrêmement fiers et honorés de tenir ce rôle prestigieux, le temps de cette compétition mondiale, et d’accueillir sur leurs terres une équipe de premier rang. En témoigne le compte à rebours à l’effigie de la Rugby World Cup installé au centre du rond-point des sports, égrenant les minutes jusqu’au top départ de l’entraînement ouvert au public, qui a eu lieu le vendredi 1er septembre. Une rencontre symbolique entre joueurs anglais et touquettois, ayant rassemblé dans les gradins plus d’un millier de spectateurs, et nécessité la mobilisation de forces plurielles de sécurité.

Un dispositif de sécurité à la hauteur des enjeux

Depuis plusieurs mois s’organise en coulisses l’imposant dispositif de sécurité déployé pour l’événement. L’objectif : assurer la sécurisation de l’équipe de rugby d’Angleterre tout au long de son séjour, mais aussi celle des publics gravitant autour des joueurs, notamment lors des événements organisés par la ville.
La sélection anglaise, qui compte parmi les meilleures du monde, fait partie des équipes considérées comme particulièrement sensibles. Action terroriste, délinquance d’appropriation, espionnage sportif, mouvements contestataires… sont autant de risques à anticiper et à couvrir.
Face à l’enjeu que représente cet événement sportif majeur, un important dispositif de sécurité interservices a par conséquent été mis en place dès l’arrivée des joueurs anglais sur le sol français : militaires de la Force sécurité protection (FSP) du GIGN (Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale) déployés pour assurer la protection physique de l’équipe, surveillance policière aux abords de l’hôtel et des autres lieux d’intérêt, escortes de gendarmerie et de police lors des déplacements, mobilisation des forces de l’opération Sentinelle, des douaniers, protection contre le risque Nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC), intervention d’une unité de déminage de la Sécurité civile ainsi que d’une brigade cynophile de la Police aux frontières de Coquelles et d’une équipe cynophile du Peloton de sécurité maritime et portuaire (PSMP) de Dunkerque (gendarmerie maritime) pour rechercher d’éventuels explosifs (inspections de sécurité), dispositif de lutte anti-drone pour empêcher tout survol du terrain d’entraînement, vidéosurveillance renforcée…
Ces mesures exceptionnelles sont le fruit d’un long travail préparatoire, fondé sur une analyse des risques et une connaissance fine du terrain. Elles peuvent être réévaluées et modulées à tout moment en fonction du besoin.

Le Team security liaison officer au centre du jeu

Au centre de ce dispositif, un homme. Le lieutenant Aurélien Le Frapper, commandant de la Brigade territoriale autonome (BTA) de Ouistreham, détaché de ses fonctions le temps de la Coupe du Monde, tient le rôle de Team security liaison officer (TSLO) auprès de l’équipe d’Angleterre et de son staff.
« En tant qu’officier de liaison, ma mission consiste à coordonner les forces concourant à la sécurité de l’équipe d’Angleterre, de façon à assurer le bon déroulement de la compétition et que rien ne vienne perturber cet événement populaire. Les forces engagées assurent la sécurisation du camp de base, de l’hôtel aux lieux d’entraînement, de tous les déplacements, des cérémonies et, bien entendu, des matchs. J’assure l’interface entre les différents intervenants : les acteurs du monde sportif et de France 2023, les forces de sécurité intérieure, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, la Préfecture, la ville du Touquet, les services techniques… Il est essentiel de mettre du liant entre tous ces protagonistes, issus de milieux très éloignés, pour favoriser leur bonne coopération. »
Chaque jour, à 9 heures, se tient une réunion réunissant autour de la table le TSLO, le manager sécurité de l’équipe d’Angleterre et le chef d’équipe du GIGN. Sont alors discutés, et éventuellement réajustés, les besoins de sécurité, en fonction des risques identifiés, liés notamment à l’affluence du public.
« Nous avons un vrai rôle de conseiller auprès du staff de l’équipe pour la sûreté quotidienne et les déplacements », décrit le lieutenant Le Frapper. Le TSLO peut en effet opérer un redéploiement des forces et solliciter, le cas échéant, la Préfecture pour l’octroi de moyens supplémentaires.
Les forces engagées ici, comme dans les autres camps de base ou dans les stades, sont la traduction de la volonté du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, d’atteindre « un niveau de sécurité maximal », ainsi qu’il l’a annoncé lors de la conférence de presse qu’il a tenue le 6 septembre dernier. Cette 10e Coupe du Monde de rugby, à un an des J.O. de Paris 2024, permet ainsi à la France de tester en conditions réelles son dispositif de sécurité à grande échelle.