Corse : sauvetage de deux randonneurs en haute altitude sur le Monte Cinto

  • Par Hugo Challier
  • Publié le 28 mai 2023
En bas de la montagne, les sauveteurs sont regroupés autour du camion de pompier qui a récupéré une des victimes.

Les pompiers récupèrent à la commune de Calacuccia, l'homme de 72 ans après une longue descente du massif de Cinto.

© PGHM-Corse

Le 17 mai, le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de la région Corse lance une opération de sauvetage sur le Monte Cinto, après le signalement, par le Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS), de deux randonneurs allemands épuisés, bloqués à 2 450 mètres d’altitude dans la face sud du Cinto. Les deux touristes seront récupérés sains et saufs mais dans un état de grande fatigue. Retour sur un engagement qui aura duré près de 24 heures.

Le 17 mai, à 17 h 00, le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) est informé par le Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (CODIS) que deux randonneurs allemands, âgés de 62 et 72 ans, sont bloqués sur le GR 20, à 2 450 mètres d’altitude, sur la face sud du Cinto, le plus haut sommet de Corse. Le sauvetage s’annonce compliqué. « Ils étaient bloqués « technique », c’est-à-dire qu’ils étaient dans l’incapacité de progresser. Le réseau téléphonique était mauvais, le couple ne parlait qu’allemand et la météo était mauvaise elle aussi », relate le lieutenant Christophe Bellet, commandant du PGHM de la région Corse.

La météo capricieuse rend le secours difficile

À bord d’un hélicoptère de la Sécurité civile, Dragon 2B, deux secouristes sont rapidement déposés dès 18 h 30 sur le flanc du Monte Cinto, à 1 450 mètres d’altitude. À travers la neige et le vent, les gendarmes parviennent à faire la jonction avec les randonneurs à 20 h 15. Une première tentative de sauvetage avec l’hélicoptère échoue à cause de la météo capricieuse qui règne sur le massif.
La descente est rendue impossible au regard de l’état d’épuisement du couple allemand. L’un comme l’autre ne peut plus se déplacer.
« À 20 h 45, les sauveteurs comprennent que la situation ne pourra pas se résoudre selon le plan initial. Ils demandent des renforts pour établir un bivouac sur zone », poursuit le lieutenant Christophe Bellet.
À 1 h 50, dans la nuit du 17 au 18 mai, une caravane terrestre, composée de trois gendarmes du détachement de Corte, arrive avec du matériel pour installer un bivouac à l’abri le plus possible des intempéries.
« La caravane arrive avec du matériel supplémentaire : tentes, duvets, de quoi s’éclairer, boire, manger et se réchauffer. Les deux randonneurs étaient partis avec du matériel pour une randonnée simple, or à partir de 2 000 mètres, il y a de la neige, donc il faut progresser en crampons à certains endroits », précise le commandant du PGHM.

 

Au sommet du mont Cinto, dans le brouillard, la tente est installée.

Au sommet, les sauveteurs ont installé le bivouac pour permettre aux victimes de se reposer.

© PGHM-Corse

Onze militaires et un hélicoptère mobilisés

À 6h30, après un point météo, les secouristes tentent de reprendre la progression avec les victimes. Les quelques heures de repos n’ont pas suffit et leur épuisement fait échouer la tentative.
À 7 h 30, Dragon 2B tente une nouvelle fois de récupérer les randonneurs, mais le temps n’est toujours pas au rendez-vous et le sauvetage s’avère impossible. Une heure plus tard, la femme ayant repris assez de forces, deux militaires commencent la progression en direction de la pointe des éboulis, alors que son conjoint reste au bivouac.
À 9 h 30, une nouvelle caravane composée de gendarmes du détachement d’Ajaccio du PGHM  et de militaires du Groupe montagne gendarmerie (GMG) de Haute-Corse arrivent en renfort avec du matériel de progression (cordes, perforateur, brancard, …) , à bord de l’hélicoptère Choucas de la Section aérienne de gendarmerie (SAG) d’Ajaccio. Ce sont désormais onze militaires et un hélicoptère qui sont mobilisés pour venir en aide à ces randonneurs imprudents.
La femme peut finalement descendre jusqu’au refuge de l’Erco, à 1671 mètres d’altitude, d’où elle est évacuée par hélicoptère à 12 h 50, à la faveur d’une éclaircie. Grâce au repos supplémentaire et à l’arrivée de la dernière équipe, l’homme, est quant à lui redescendu jusqu’à la commune de Calacuccia, à 847 mètres d’altitude, vers 16 heures. Il y sera pris en charge par les pompiers dans un état d’épuisement sévère.

« La haute montagne reste un milieu hostile »

Pour le lieutenant Christophe Bellet, cet événement n’est pas surprenant : « Nous nous attendions à un début de saison particulier. Nous avons eu beaucoup de neige cet hiver, or, comme tous les ans, la température se réchauffe sur le littoral, et les gens partent en randonnée sur le Monte Cinto comme si c’était une randonnée sur la côte. Ils ne sont pas conscients de ce que cela représente de partir en randonnée en haute montagne. » Et de conseiller aux randonneurs : « d’abord de se renseigner. La haute montagne sans encadrement, quand on ne connaît pas, reste un milieu hostile. Pour avoir des informations, il ne faut pas hésiter à appeler un bureau des guides ou le PGHM, que ce soit pour se renseigner sur les conditions météo, l’état de la montagne, savoir s’il faut du matériel ou encore pour confirmer un itinéraire. »

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