Alpes-de-Haute-Provence : les gendarmes en alerte pour secourir les touristes en montagne

  • Par le chef d'escadron Sophie Bernard
  • Publié le 12 août 2023
Un secouriste embarqué dans un hélicoptère gendarmerie survolant des montagnes.
Les gendarmes du PGHM de Jausiers embarquent avec la SAG de Digne-les-Bains pour porter secours en montagne.
© T.DOUBLET / SIRPAG

Les gorges du Verdon, le parc national du Mercantour, le Luberon, les grands lacs, les villages et cités de caractère… Autant de joyaux qui attirent les vacanciers dans les Alpes-de-Haute-Provence et participent à l’économie du département. Mais les « Basses-Alpes » ne sont pas si basses et les visiteurs peuvent rapidement s’y retrouver en difficulté. Aussi, les militaires du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Jausiers et de la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Digne-les-Bains restent prêts à réagir durant toute la saison.

Il y a du soleil mais aussi de la fraîcheur en montagne, des touristes mais qui ne masquent pas le chant des cigales, des lacs et des rivières faisant oublier la mer Méditerranée, et surtout un grand nombre d’activités possibles : randonnée, VTT, parapente, canyoning, etc. Pas de doute, les Alpes-de-Haute-Provence sont aussi attractives en été qu’en hiver et les gendarmes du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Jausiers ne risquent pas de s’ennuyer ! « Contrairement à d’autres départements, il n’y a pas d’alternance avec les CRS ou les pompiers, nous sommes constamment en alerte, explique le major Lionel, adjoint au commandant du peloton, qui compte quinze gendarmes. Nous avons aussi la particularité d’être éloignés de la Section aérienne de gendarmerie (SAG), qui se trouve à Digne-les-Bains. Aussi, à tour de rôle, un binôme prend une garde là-bas, deux autres sont d’alerte à Jausiers en renfort terrestre, un gendarme assure la régulation téléphonique, et ceux qui restent continuent de s’entraîner. »

Exercice au cœur d’un canyon

Ce matin-là justement, les militaires ont prévu un exercice dans le canyon de la Blache, un lieu connu des familles et des sportifs qui s’adonnent au canyoning. « Ce n’est pas l’activité la plus accidentogène, mais il y a beaucoup d’amateurs qui pratiquent sans l’aide de professionnels, et qui se font surprendre par le danger. Il y a différents niveaux de difficulté selon les sites, et celui-ci est l’un des plus difficiles au regard de sa verticalité », signale l’adjudant Vivien. Les deux gradés enfilent rapidement leur combinaison et leur baudrier, avant de partir enchaîner les toboggans naturels et les descentes en rappel sur des parois allant jusqu’à une trentaine de mètres.

Un gendarme du PGHM descend en rappel dans le canyon.
© T.DOUBLET / SIRPAG

 

« D’année en année, et selon les conditions météorologiques, les sites évoluent. Il peut y avoir des chutes de pierres, le niveau d’eau peut monter brutalement... Ce qui fait que certains peuvent plonger dans une vasque où il y a des roches au fond, ou se trouver aspirés par un siphon. » L’exercice permet ainsi aux secouristes de reconnaître les lieux, mais aussi de s’entraîner physiquement et de continuer à manipuler leur équipement pour intervenir en sécurité. « Entre la barquette de sauvetage, les cordes et la trousse de premiers secours, notre matériel représente une trentaine de kilos. Nous évitons au maximum de mouiller notre sac de secours et le descendons seul sur une corde afin de protéger le matériel », explique l’adjudant.

Un gendarme protège son sac de l'eau provenant d'un toboggan naturel.
© T.DOUBLET / SIRPAG

 

« Le plus souvent, dans nos interventions, ce ne sont pas de graves traumatismes : des entorses à la cheville ou au genou en se réceptionnant mal ou en glissant sur la roche. Mais ponctuellement, nous pouvons constater des accidents graves, voire mortels », déplore le major. En milieu de matinée, des groupes d’enfants et d’adultes encadrés par des guides rejoignent le parcours qu’ils enchaînent, les uns à la suite des autres. L’occasion pour les gendarmes de vérifier que les professionnels sont en règle. « Nous contrôlons régulièrement les documents des moniteurs : diplômes, assurances, URSSAF », énumère l’adjudant. C’est aussi un moyen pour les militaires de glaner des renseignements, comme ce guide qui vient à la rencontre du binôme expliquer qu’il a été victime d’un vol à la roulotte il y a quelques jours en ce même lieu. « Au-delà de l’exercice, notre présence dans ces sites touristiques s’avère dissuasive », note le major.

Une équipe en alerte prête à embarquer

Pendant ce temps-là, à Digne-les-Bains, un autre binôme du PGHM entame son deuxième jour de permanence aux côtés des gendarmes de la SAG et du médecin d’astreinte. Un binôme, ou plutôt un trinôme, puisque l’adjudant-chef Sylvain, maître de chien, monte la garde avec son fidèle compagnon à quatre pattes qualifié piste et recherche en avalanches. Hébergés sur place durant les deux à trois jours où ils sont d’alerte, c’est l’occasion pour eux de tisser des liens solides avec leurs camarades et de continuer à se former mutuellement entre deux secours. « Nous effectuons en moyenne 350 secours par an, et en été, nous pouvons en enchaîner parfois jusqu’à cinq ou six dans la journée. Aujourd’hui, c’est plus calme. Le médecin en a profité pour nous montrer comment poser une perfusion et, à notre tour, nous l’avons exercé au treuillage », décrit le gendarme Nicolas.

Une infirmière et un gendarme du PGHM rejoignent l'hélicoptère de la SAG.
© T.DOUBLET / SIRPAG

 

Mais l’instruction est vite écourtée par une alerte. C’est le lieutenant Cédric, commandant la SAG, qui vient de recevoir l’appel : une randonneuse a fait une chute de plusieurs mètres la tête face au sol. « Nous avons besoin d’éléments sur la situation générale et les obstacles éventuels qui se trouveraient autour pour l’hélicoptère. Nous étudions ensuite la météo, nos besoins en kérosène, et le lieu où transporter la victime en fonction de ses pathologies », explique l’officier avant d’embarquer. Le rayonnement de la SAG est large et dépasse largement les Alpes-de-Haute-Provence, puisqu’elle effectue toutes les missions de l’action de l’État en montagne dans au moins neuf départements du Sud-Est. Cette fois-ci, le secours se situe dans les Alpes-Maritimes.

Les secouristes et un médecin s'occupent d'une victime. Une civière est préparée au premier plan.
© Gendarmerie/SIRPA/V.MARTIN

 

Dans un premier temps, Sylvain est hélitreuillé pour évaluer la situation et rassurer les proches au chevet de la victime. Puis, le médecin descend à son tour afin d’administrer les premiers soins. La personne souffre de plusieurs contusions au visage, ainsi que de vertiges et de vomissements, donnant à penser qu’elle a subi un traumatisme crânien. Nicolas est hélitreuillé pour aider le binôme à déposer la victime sur la civière en la manipulant le moins possible. Sortir tout ce petit monde des gorges est une prouesse technique pour le pilote, qui doit composer avec les courants d’air chaud et la verticalité. Finalement, la randonneuse est évacuée vers l’hôpital de Nice, où elle sera soignée. « La coordination de toute l’équipe est très importante, d’autant que chacun va prendre le lead à un moment de l’intervention », observe le lieutenant. Pas de doute, le groupe est soudé et se tient déjà prêt à ré-embarquer pour secourir un autre vacancier !

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