Comment les PSIG se préparent-ils à intervenir en forêt ?

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 12 avril 2022
© SIRPA - B.LAPOINTE

Saint-Just, Cévennes, Hautes-Alpes, Dordogne... Depuis un an, les Pelotons de surveillance et d’intervention de gendarmerie sont de plus en plus amenés à intervenir en milieu rural. Ce changement d’environnement force ces unités à adapter leurs modes d’action. Une transformation qu’elles opèrent en partenariat avec l’armée de Terre. Dans la région des Pays de la Loire, c’est au 6e régiment du génie que revient cette tâche. Du 29 au 30 mars, 38 gendarmes issus de quatre PSIG différents ont ainsi suivi une formation dédiée au combat en milieu ouvert.

Dans une forêt située en périphérie nord-ouest d’Angers, deux gendarmes du Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) de Château-Gontier-sur-Mayenne, treillis sur le dos, observent plusieurs individus installés dans une clairière voisine. Voilà près de vingt bonnes minutes que les militaires sont tapis dans les bois, aussi silencieux qu’ils peuvent l’être. À force de ne pas bouger, ils font presque corps avec la nature environnante. Deux biches passent même à quelques mètres de leur position.

Quelques craquements révèlent, au loin, la présence d’autres gendarmes, invisibles cependant à cause d’une végétation particulièrement dense. Mais les bruits permettent d’identifier un mouvement convergeant discrètement vers les cibles. Une fois en place, tous sortent en même temps de la lisière, arme au poing. Le calme de cet espace sans vie humaine est soudainement ébranlé au son des injonctions : « Gendarmerie, à terre ! »

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Aucun coup de feu n’a été tiré et un suspect a été appréhendé. Le second s’est enfui dans les bois. Au bout de quelques minutes de recherches, les hommes de l’adjudant-chef Christophe arrêtent la traque et se regroupent pour passer au débriefing. Toute cette manœuvre n’était en réalité qu’un exercice, encadré par des militaires du 6e Régiment du génie (6e R.G.).

 

Le combat en milieu ouvert

Pour les PSIG de la région des Pays de la Loire, à l’exception de ceux du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de la Sarthe, comme pour les militaires, ce type d’entraînement est une première. Du 29 au 30 mars, pas moins de 38 gendarmes ont ainsi suivi cette instruction, essentiellement tournée vers le combat en milieu ouvert. Pour les unités comme celle de l’adjudant-chef Christophe, c’est presque une découverte : « Nous sommes plus habitués à travailler en milieu urbain », admet le commandant du PSIG de Château-Gontier-sur-Mayenne

Pourtant, de Saint-Just, dans le Puy-de-Dôme, à la Dordogne, en passant par les Cévennes et les Hautes-Alpes, « on se rend compte que dorénavant, nous sommes de plus en plus amenés à intervenir en forêt », constate le chef d’escadron Sébastien. C’est grâce à sa casquette d’OIP (Officier Intervention Professionnelle) régional que ce stage a pu se monter. Pour lui, par habitude de travailler dans des milieux urbains et fermés, les PSIG « ont perdu l’essence même de leur notion de combattant et ce travail en milieu rural. »

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Sur le plan tactique, ce constat est partagé par le lieutenant Maxent, chef de section à la 4e compagnie de combat du 6e R.G. : « S’ils maîtrisent très bien le combat en milieu fermé, dès que l’on passe en milieu ouvert, c’est plus aléatoire. » Pour les commandants des quatre PSIG présents, l’analyse est juste : « Il faudrait revoir certains fondamentaux, notamment au niveau des réflexes que l’on a pu avoir durant la formation », précise de son côté l’adjudant-chef Christophe.

« C’est le terrain qui commande »

Concernant ces fondamentaux, le sous-officier fait référence aux tactiques utilisées pour progresser vers un objectif. Dans la verte, comme disent les militaires pour désigner la forêt, les obstacles pour se protéger sont bien plus ténus et fragiles que le béton des bâtiments. Ainsi, impossible de se déplacer en colonne comme il le ferait habituellement avec ses hommes, au risque d’être plus exposés. En milieu rural, mieux vaut privilégier une progression en appui mutuel, comme le conseille l’officier du 6e R.G.

On sent vraiment le prisme du combat urbain, où ils privilégient la colonne d’assaut pour arriver sur l’objectif. Nous, on a tendance à coiffer l’ennemi, à aller de l’avant, monter à l’assaut tout de suite, dès que le premier coup de feu est parti.

Pour l’adjudant-chef Christophe, ce retour aux sources est rafraîchissant : « Cet échange avec les militaires nous permet d’acquérir de nouveaux réflexes, ainsi que de nouvelles techniques. » Et surtout, cet enseignement constitue une vraie plus-value tactique dans son travail quotidien : « Le département de la Mayenne est un territoire rural, avec beaucoup de personnes retranchées. Des forcenés, il y en a de plus en plus. Et finalement, on se retrouve à travailler dans des corps de ferme très isolés, très proches d’un milieu de campagne. »

Une métamorphose nécessaire                                                                                 

Du côté du chef d’escadron Sébastien, ce stage est absolument nécessaire pour savoir agir lors d’opérations comme celles menées à Saint-Just, en Dordogne ou dans les Cévennes : « À titre d’exemple, avec les survivalistes, nous ne sommes pas à l’abri d’avoir en face de nous quelqu’un qui connaît le terrain, qui soit à proximité de chez lui, en pleine forêt, là où nous, on ne connaît pas les lieux. Il faut qu’ils (les PSIG) aient ces actes élémentaires en tête, afin qu’ils puissent manœuvrer plus facilement et en sécurité. »

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Et qui de mieux désignée que l’armée de Terre pour offrir ce type de savoir. Le chef d’escadron ne tarit pas d’éloges sur ses cousins : « L’armée de Terre, ce sont LES combattants. Nous aussi, nous sommes des militaires, mais soldat, c’est un vrai métier. Ils nous apportent tous leurs enseignements, toute leur formation, pour nous amener à un niveau plus élevé que ce que l’on a vu en école de sous-officier. »

Pour ce faire, les formations comme celle-ci se multiplient, et pas uniquement dans le département du Maine-et-Loire. Dans la Sarthe, 24 gendarmes des PSIG ont suivi une formation similaire, dispensée par le 2e Régiment d’infanterie de Marine (2e RIMa).

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