C2NRBC : la boîte à outils de la gendarmerie contre les risques NRBC

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 28 octobre 2020
© MAJ - F. Balsamo

Pour faire face aux nombreux risques nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques, (NRBC), la gendarmerie a mis sur pied en 2001 la C2NRBC. Cette cellule, unique au monde, est rattachée au groupement blindé de la gendarmerie mobile, implanté à Versailles Satory. Elle peut être projetée partout sur le territoire métropolitain comme en outre-mer ou à l'étranger, en tous temps et en tous lieux.  

New-York, siège de l'ONU. Ce mercredi 3 octobre 2018, Samir Melki, coordinateur politique adjoint de la France auprès des Nations unies, dressait un état des lieux de la menace terroriste dans le monde. Durant son discours devant le conseil de sécurité, il s'attardait sur les risques que des matières nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques (NRBC) tombent entre les mains de terroristes : « Nous l’avons vu en Syrie et en Irak, et il a été clairement établi, par le mécanisme conjoint d’enquête des Nations unies et de l’OIAC*, que Daech avait utilisé de l’ypérite au moins deux fois en Syrie. »

À noter :

A noter : *Organisation pour l'interdiction des armes chimiques

Un risque endémique d'autant plus présent qu'il est assez simple de se fournir en matières premières et de fabriquer des « bombes sales », comme l'expliquait le chef d'escadron (CEN) Christophe Péré, commandant de la cellule C2NRBC (Cellule nationale nucléaire radiologique biologique chimique) de la gendarmerie nationale, au Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI) : « La facilité d’accès à certains produits ou agents précurseurs ainsi qu’aux recettes de fabrication de certaines substances NRBC (dark net, tutoriels en source ouverte...) sont une menace réelle prise en compte par les autorités. »

Une menace aussi réelle qu'anxiogène, comme en témoignent les nombreux exemples de l'Histoire récente : 1995 et l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, 2001 et les lettres à l’Anthrax envoyées à la Maison-Blanche, ou bien encore, cinq ans plus tard, à Londres, lors de l'empoisonnement de l'ex-agent du KGB, Alexandre Litvinenko, au polonium 210.

Du terrorisme aux accidents, les risques NRBC sont nombreux

Face aux risques d'attentats NRBC sur le territoire, le gouvernement dispose d'un schéma de gestion de crise spécifique, baptisé sobrement « Plan NRBC ». La gendarmerie, quant à elle, s'entraîne régulièrement pour faire face à ce type d'attaque, comme en 2019 lors de l'exercice « QUINTETO+ ».

Mais la menace NRBC ne se résume pas seulement au volet terroriste. Il peut aussi, par exemple, s’agir d’un accident industriel, comme lors de l'incendie de Lubrizol, à Rouen en octobre 2019. Les gendarmes de la C2NRBC avaient alors été envoyés sur place pour appuyer les unités d'enquête, l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) et l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN).

Accident industriel donc, et même domestique, catastrophe naturelle, sabotage et enfin attaque terroriste, ces menaces sont la raison d'être de la C2NRBC. Unique au monde, cette unité, créée en 2001, est aujourd'hui constituée d'une quinzaine de gendarmes, « chargés d’assurer la continuité de l’action de la gendarmerie en milieu contaminé », précise le patron de la cellule, le chef d'escadron Péré.

Ce rôle l'amène à réaliser un large panel d'opérations, principalement d'appui, que ce soit dans les domaines de l'intervention spécialisée, comme lors de «  QUINTETO+ », ou de l'ordre et la sécurité publics et enfin du judiciaire. À ces missions, s'ajoute l'entraînement des formateurs relais NRBC, référents locaux sur cette thématique auprès des commandements de rattachement.

Le risque zéro n'existe pas

L'appui à ces missions dites « jud », dans le langage des militaires, constitue une part importante des opérations réalisées par la C2NRBC. C'était notamment le cas le 24 septembre 2020, au port fluvial Edouard Herriot de Lyon, lors de « Territoires Propres », une opération de lutte contre les atteintes à l'environnement et le trafic de déchets.  

En cette matinée pluvieuse, l'objectif pour les enquêteurs était d'effectuer des vérifications sur le chargement de quatre conteneurs, suspectés d'être utilisés pour transporter illégalement des déchets. « Nous avons été mandatés par le commandement des voies navigables et l’OCLAESP (unités chargées de l'enquête N.D.L.R) pour garantir l’ouverture des conteneurs », précise d'ailleurs le chef d'escadron Péré.

Les gendarmes de la C2NRBC inspectent les conteneurs avant de les ouvrir, pour vérifier s'ils ne comportent aucun risque d'ordre chimique ou biologique.

© MI/DICOM/J.ROCHA

Grâce au camion scanner des douanes, les gendarmes ont une petite idée de ce que peuvent contenir ces quatre grosses boîtes métalliques. « Mais le risque zéro n'existant pas, il faut s'assurer qu'il n'y a rien de dangereux à l'intérieur », confie sur place l'un des enquêteurs. D'où l'attirail de guerre apporté par la « C2 ».

Dans leur poste avancé, les militaires s'équipent consciencieusement, comme avant chaque opération : combinaison de protection adaptée aux risques envisagées , masque couplé à un Appareil respiratoire isolant (ARI, avec des bouteilles d’air comprimé similaires à celles utilisées par les plongeurs), bottes en caoutchouc et deux à trois paires de gants. Ces Équipements de protection individuels (EPI) permettent « de nous protéger contre tous les risques chimiques et biologiques », indique le maréchal des logis-chef (MDC) Antoine, membre de l'unité.

Faire face au risque NRBC

© MAJ - F. Balsamo

En comptant les ARI, le poids de la tenue complète peut dépasser les 15 kilos. Un « barda » avec lequel il est difficile de manœuvrer, dans lequel les militaires transpirent énormément. « Intervenir dans cette tenue nécessite un véritable effort », concède l'un des gendarmes de la cellule.

Au final, l'opération du jour s'est déroulée sans anicroche, comme c'est, et heureusement, tout le temps le cas. Ces résultats plus que satisfaisants sont le fruit d'entraînements intensifs, menés dans toutes les conditions et circonstances.

 

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