Le terrain est rectangulaire : une table sans trou, ni poche, un tissu tendu à l’extrême, et trois billes, dont une rouge, baptisée la carambole. Oubliez l’ambiance de bar, la musique en fond sonore, la chope de bière à portée de main. Autour des quatre tables de jeu des championnats du Monde par équipe de billard français (ou billard carambole), qui se sont déroulés du 9 au 12 mars 2023, à Viersen, en Allemagne, les hommes en chemise et gilet de costume sont concentrés et silencieux. Entre les claquements des billes, on pourrait entendre une mouche voler.

Parmi les seize nations engagées, la France était représentée par le duo composé de Mickaël Devogelaere et Jérôme Barbeillon, respectivement numéro 2 et 3 nationaux, en l’absence du numéro 1, forfait sur blessure.

Comptant parmi les rares joueurs amateurs de la compétition, Mickaël est dans la vie professionnelle maréchal des logis-chef de gendarmerie. Il y est entré en 2005 et, après une première expérience en Escadron de gendarmerie mobile (EGM), à Maisons-Alfort, il avait opté, en 2013, pour la subdivision d’arme de la gendarmerie départementale, affecté à la Brigade de proximité (B.P.) de Périgueux, puis à celle de Beaumont-sur-Sarthe, depuis 2014.

Comme un musicien qui fait ses gammes

Il a 11 ans quand il se retrouve pour la première fois autour d’une table de billard, accompagnant son grand-père en compétition, au niveau régional. Quatre ans plus tard, en 1998, il remporte le premier de ses six titres de champion de France chez les juniors, empochant aussi au passage trois titres de champion d’Europe.

Chez les seniors, la moisson continue, avec neuf titres de champion de France, individuels et par équipe, sans oublier un titre de champion d’Europe des clubs, en 2019, l’équivalent de la Champions league en football, avec son équipe de La Baule. « Je m’entraîne environ une dizaine d’heures par semaine, décrit Mickaël. C’est indispensable, un peu comme un musicien qui doit faire ses gammes pour ne pas perdre la main. »

Bien installé parmi l’élite des joueurs français, Mickaël a été sélectionné une première fois en équipe de France, l’an dernier, pour disputer les championnats du Monde, et une deuxième fois cette année, en sa qualité de vice-champion de France. Malheureusement, le binôme tricolore est tombé dans une poule extrêmement relevée, avec notamment l’Espagne et les Pays-Bas, qui comptaient parmi les favoris du tournoi. Les Français terminent finalement à une honorable 11^e place, tandis que les Turcs sont devenus champions du Monde, à l’issue d’une finale face à la Suède.

« Nous avons échoué de très peu contre l'Espagne dans le match décisif pour la qualification, regrette Mickaël. L’absence du meilleur joueur français a incontestablement affaibli l’équipe, ce qui nous laisse un léger goût amer. Mais cela reste une épreuve enrichissante, où j'ai pu emmagasiner de l’expérience, et glaner quelques coups techniques à travailler pour le futur. C’est une grande satisfaction personnelle d’avoir pu participer à ces championnats, malgré mon statut d’amateur. »

Prochain rendez-vous cet été à Porto, au Portugal, où Mikaël disputera, avec son club de Soissons, récent champion de France, le championnat d’Europe des clubs.