Mardi 25 octobre 2022, une pénalité au bout du temps additionnel offre au XV de France militaire la victoire, lors de la finale de la première coupe du Monde militaire féminine de rugby, face à la Nouvelle-Zélande, pays hôte de la compétition. Heureuse et fière, la capitaine de l’équipe peut alors, comme il est de tradition, soulever le trophée. Elle s’appelle Pauline et elle est gendarme.

Pauline a passé le concours d’entrée en gendarmerie en 2017. « J’aimais bien suivre les reportages à la télé », dit-elle simplement pour expliquer son choix. Après l’école de Chaumont, elle est affectée, en mars 2018, à l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Sathonay-Camp… et immédiatement engagée à Paris pour un maintien de l’ordre sur une manifestation de gilets jaunes. « J’étais tout de suite dans le bain ! » Suivront de nombreuses missions et des déplacements en Martinique, en Corse, à La Réunion, à Tahiti…

Très jeune, elle avait plongé dans un autre bain, le grand, rempli d’eau chlorée. Nageuse de haut niveau, elle grimpe régulièrement sur les podiums régionaux, et remporte même, à l’âge de 17 ans, trois médailles d'or au championnat de France jeunes sur 50 mètres, 100 mètres et 200 mètres dos. Elle quitte pourtant les bassins, gagnée par une forme de lassitude. « C’était beaucoup de sacrifices et je commençais à ne plus avoir de résultats, j’ai donc préféré arrêter. »

Tout de suite dans mon élément

En 2014, à l’âge de 20 ans, elle accompagne une amie qui joue au rugby dans le club d’Amiens pour faire un essai. « Je voulais m’orienter vers un sport collectif, raconte-t-elle. Mon frère faisait déjà du foot, et je voulais me démarquer. J’ai tout de suite senti que j’étais dans mon élément. Je n’étais plus toute seule dans ma ligne d’eau. Au rugby, on avance ensemble. Dès la fin du premier entraînement, je savais faire une passe, un plaquage… » Essai transformé.

Après son affectation à l’EGM de Sathonay-Camp, elle rejoint la section féminine du LOU, le club de rugby de Lyon, où elle joue d’abord avec l’équipe élite, puis avec la réserve, « parce qu’il m’était difficile de concilier les entraînements et les matchs de l’équipe première avec les déplacements de l’escadron, notamment les week-ends ». En 2018, elle est sélectionnée dans l’équipe de la gendarmerie et, dans la foulée, rejoint le XV de France militaire. « C’est évidemment une grande fierté pour moi de porter ces deux maillots, et de représenter la gendarmerie et les armées sur les terrains. J’aime les valeurs du rugby, que je retrouve d’ailleurs en gendarmerie : la force du collectif, la cohésion, le combat, le respect. »

À jamais les premières

Quatre ans plus tard, elle fait donc partie de l’aventure du premier championnat du Monde militaire féminin, à l’automne 2022. « Nous avions suivi un stage de trois semaines à Mont-de-Marsan, à la fois pour affiner la sélection et présenter la meilleure équipe possible, mais aussi pour créer une cohésion. Nous nous connaissions toutes, parce que nous nous rencontrons souvent dans les matchs de championnat, mais nous ne jouions jamais ensemble. » Le staff propose à Pauline de prendre le capitanat, une responsabilité importante en rugby. « Une surprise pour moi, reconnaît-elle, même si j’étais l’une des plus anciennes de l’équipe. Je pense que les entraîneurs ont apprécié ma façon d’être, de motiver les autres sur le terrain. »

Le XV de France commence par une défaite, contre la Nouvelle-Zélande, lors du premier match de poules, mais prend sa revanche lors de la finale, à l’ultime seconde. « C’était beau, souffle Pauline. On partait un peu dans l’inconnu, et c’était compliqué de perdre d’entrée, mais ça nous a fait du bien finalement. Au coup de sifflet final, c’était un mélange d’euphorie, de libération et de fierté. Nous sommes à jamais les premières championnes du Monde militaire. »

Pauline a parallèlement pris part à une autre aventure sportive : la création d’une équipe militaire féminine de rugby à 7, devenue également championne du Monde, à Agen, en juin 2022. Et elle était capitaine bien sûr.