Florian Bouziani champion du monde du contre-la-montre
- Par Hélène THIN
- Publié le 27 septembre 2024
Sportif de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G), le paracycliste Florian Bouziani vient de remporter le championnat du monde du contre-la-montre, pour la deuxième fois, en battant le favori britannique, Graham Finley, pour deux petites secondes. Nous l’avions rencontré au printemps, en pleine préparation, au centre national d'entraînement en altitude de Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales. Portrait d'un champion déterminé.
Nichée à 1 800 mètres d’altitude, au cœur du parc naturel des Pyrénées Catalanes, en Occitanie, la station de sports d’hiver de Font-Romeu accueille le Centre national d’entraînement en altitude (CNEA). C’est ici que s’entraînent, depuis plus de cinquante ans, de nombreux athlètes de haut niveau. Une centaine de disciplines sportives y sont ainsi représentées. Situation géographique exceptionnelle, installations sportives modernes, experts pluriprofessionnels hautement qualifiés… Entièrement axé sur la performance, le CNEA est un lieu d’entraînement idéal, adapté aux exigences des sportifs de haut niveau.
En cette matinée d’avril, bien qu’un froid glacial règne sur Font-Romeu, un soleil éclatant brille déjà dans le ciel de la station de ski, connue pour être la plus ensoleillée de France. C’est dans ce cadre préservé que Florian Bouziani s’apprête à débuter son entraînement. Champion du monde du contre-la-montre au Portugal en 2021, le paracycliste de 33 ans est aujourd’hui au meilleur de ses capacités, tant sur le plan physique que mental, et espère bien conserver son titre à la fin du mois de septembre, à Zurich.
Originaire des Bouches-du-Rhône, où il s’entraîne habituellement, Florian a pris ses quartiers de printemps dans la station pyrénéenne. Un choix de destination qui ne doit rien au hasard, l’altitude présentant des bénéfices physiologiques. L’hypoxie à laquelle sont ainsi exposés les sportifs entraîne une meilleure oxygénation des tissus et des muscles, majorant la production d’énergie. Ce spot offre en outre une grande variété de terrains, permettant aux sportifs de diversifier l’entraînement.
L’histoire d’une reconstruction par le sport
En octobre 2013, Florian Bouziani est victime d’un dramatique accident, entraînant des brûlures sur 80% de la surface de son corps. Son pronostic vital est un temps engagé. Après de longues semaines en réanimation, il entame sa reconstruction. Elle sera longue et semée d’embûches, en raison de multiples séquelles et des souffrances endurées. Paralysé des deux pieds, Florian est également amputé de l’index de la main droite. Pour se réapproprier son corps, puis pour se rééduquer, il se tourne vers le vélo.
Pièce maîtresse de sa reconstruction, le cyclisme apparaît comme le sport le plus adapté à ses contraintes physiques. Pour cet ancien pilote de moto amateur, passionné de tout terrain, la pratique du motocyclisme est désormais impossible. Le vélo lui permet alors de s’échapper, et cultiver le dépassement de soi.
« Au fil des mois, malgré la difficulté, chaque coup de pédale est pour moi un pas vers l’avant. Le goût de l’effort est depuis toujours inscrit dans mon ADN. La passion commence alors à m’envahir, laquelle me conduira, quelques années plus tard, au plus haut niveau du paracyclisme français, au prix d’efforts inlassables et d’une envie inaltérable », se souvient-il. Première course, en Italie, en 2019. À la surprise générale, Florian décroche une médaille d’argent au mondial du contre-la-montre, sa discipline favorite. Dès lors, les courses sur le circuit mondial s’enchaînent, et Florian engrange les bons résultats. « Je m’épanouis à 100%, et remporte le titre tant convoité de champion du monde du contre-la-montre, au Portugal, en 2021 », poursuit-il.
2021 est donc une année charnière. En février, il devient sportif de haut niveau de la Défense (SHND) – Gendarmerie. « Ce fut un véritable déclic. J’ai alors pu franchir un cap, physiquement et mentalement. Ce partenariat m’a apporté une sérénité, fondamentale pour un sportif de haut niveau ». À force de résilience et de sacrifices, Florian s’est fait une place dans l’univers du cyclisme de haut niveau, en seulement quatre ans.
Chaque jour, chaque heure, chaque seconde… je me donne à 100 % !
Florian s’entraîne sous la houlette de Mathieu Jeanne, entraîneur national de l’équipe de France paracyclisme. Ce 22 avril, c’est à Llivia, en Catalogne, non loin de Font-Romeu, qu'il va s’entraîner. « C’est le seul plateau dans les environs me permettant de travailler le contre-la-montre. Lorsque le dénivelé est important, je suis défavorisé, en raison de ma stature. A contrario, je déploie sur le plat une force qui m’avantage par rapport aux petits gabarits, nous explique-t-il, du haut de son mètre 94. Le contre-la-montre est ma discipline de prédilection, celle où s’expriment toutes mes qualités. »
Avant de se lancer à l’assaut du bitume, Florian s’équipe d’une botte spécialement conçue pour son pied droit, entièrement paralysé. Ce jour-là, Florian pédalera durant trois heures. La performance alors réalisée sera enregistrée par le compteur fixé sur son vélo. À l’issue de l’entraînement, les données seront transmises à son entraîneur pour être analysées. Chaque semaine, un brief est organisé avec Mathieu Jeanne, afin d’établir le plan d’entraînement de la semaine à venir. Ce programme est adapté à la forme physique du cycliste, ainsi qu’aux résultats sportifs de la semaine écoulée. Les séances de préparation physique, qu’il suit une à deux fois par semaine avec un coach dédié, visent à renforcer son système musculaire.
Au CNEA de Font-Romeu, où il bénéficie d’équipements de pointe, il s’entraîne dans une salle hypoxique. Un espace étanche dans lequel l’air est filtré et contient une quantité d’oxygène réduite. « Ces séances d’entraînement permettent de simuler l’effort jusqu’à 5 000 mètres d’altitude. C’est très intense pour l’organisme , observe Florian. Durant mon séjour dans ce centre, je vis également dans une chambre hypoxique, dans laquelle je dors à 2 400 mètres d’altitude. » Également présents au CNEA, médecins et kinésithérapeutes réalisent un suivi et participent à la récupération des sportifs. L’alimentation du cycliste fait également l’objet d’un contrôle étroit. Les apports caloriques sont calculés par une nutritionniste en fonction des dépenses énergétiques. Autre facteur essentiel, le plus important selon Florian : le sommeil. « Il faut savoir se reposer. C’est primordial pour un sportif de haut niveau ! »
Le mental, enfin, tient une place centrale pour tout sportif professionnel. Florian est accompagné par un préparateur mental. Celui-ci participe directement à la performance du cycliste, en travaillant sur la gestion des émotions et la concentration. Un accompagnement essentiel, alors que Florian s’entraîne seul à Font-Romeu, loin de son environnement, dans des conditions éprouvantes. « L’entraînement en altitude met les sportifs à l’épreuve, car on respire moins bien. Malgré la difficulté, je parviens chaque jour à trouver la motivation dont j’ai besoin. Mon mental, c’est aujourd’hui ma force. Je suis résilient et je crois en moi. »
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