Au Centre national des sports de la Défense (CNSD), à Fontainebleau, les membres de l’équipe de France militaire de rugby ne ménagent pas leurs efforts. Les exercices s’enchaînent, les bandes élastiques de résistance s’étirent, les boucliers en mousse prennent de bons tampons. Sur le bord du terrain, l’adjudant Laurent, de la Compagnie de réserve territoriale (CRT) 46/2 de Cahors, n’en perd pas une miette. Ce gendarme a réalisé la majeure partie de sa carrière dans le Lot, à Vayrac-Payrac, puis au Peloton motorisé (P.Mo.) de Souillac. Parallèlement, il mène une carrière de joueur de rugby, au poste de 3e ligne, jusqu’en Fédérale 2, puis d’arbitre, jusqu’en Pro D2, de juge de touche, en Top 14, et aujourd’hui d’arbitre vidéo, en Top 14 et Pro D2, chaque week-end depuis deux ans. Responsable des arbitres militaires pendant 15 ans, Laurent était l’arbitre central de la finale du premier championnat du Monde militaire de rugby, en 2011, à Auckland, en Nouvelle-Zélande.

Nos principaux adversaires seront l’Angleterre, l’Australie et les Fidji

« En 2019, après le troisième championnat du Monde au Japon, on m’a proposé de devenir manager de l’équipe de France militaire pour la quatrième édition, explique-t-il, avec la pointe d’accent du sud-ouest qui convient à cette fonction. C’est une mission que je découvre, une grande fierté, et ce serait bien sûr un aboutissement, à la fois de ma carrière militaire et de mon parcours dans le rugby, si nous obtenions le titre de champion du Monde. »

Le XV de France militaire tentera effectivement de faire mieux que sa troisième place obtenue en Angleterre, en 2015, et au Japon, en 2019, et d’imiter ainsi l’équipe féminine, championne du Monde en Nouvelle-Zélande, à l’automne 2022.

Douze équipes prennent part à cette compétition, qui se déroule jusqu’au 10 septembre 2023, en Bretagne. « Nos principaux adversaires seront l’Angleterre, l’Australie et les Fidji, estime Laurent. On y va pour participer, mais surtout pour gagner ! » Après un stage à Mont-de-Marsan, du 24 juillet au 3 août, les joueurs ont été rassemblés le 7 août dernier au CNSD, avant le départ vers leur camp de base de Lanester, dans le Morbihan, pour préparer leur premier match contre l’Australie, samedi 19 août, à Plouzané. « On va être tout de suite dans le vif du sujet ! » Suivront le Japon, mercredi 23 août, à Concarneau, puis les Pays-Bas, dimanche 27 août, à Lanester… avant une éventuelle demi-finale.

Arriver au top au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard

Dans le staff de l’équipe de France, choisi par Laurent, on trouve deux autres gendarmes : le major Christian, chef de la Brigade motorisée de Saint-Sever, dans les Landes, qui occupe les fonctions de logisticien, et le major Gérard, de la CRT 11/2 de Carcassonne, dans l’Aude, qui a terminé sa carrière active à l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 13/6 de Narbonne. À 63 ans, ce préparateur physique est le plus ancien de l’équipe de France militaire, qu’il a déjà accompagnée lors du championnat du Monde de 2015. Il faisait également partie du staff de l’équipe de France féminine championne du Monde l’an dernier.

Préparateur physique du Racing club narbonnais, qui évolue en Nationale, où il est en charge des espoirs et des juniors, Gérard surveille le physique de « ses » sportifs comme le lait sur le feu. « Je dispose de 23 données corporelles qui me permettent d’établir un programme de préparation individualisé, sur-mesure. Il faut être très pointilleux pour ajuster la charge de travail, afin de gérer la fatigue et d’éviter les blessures. Les joueurs ont déjà des qualités physiques, puisqu’ils sont à la fois des militaires et des sportifs de haut niveau. Ils sont déjà habitués à une certaine charge de travail, avec une forte intensité. »

Pour Gérard, ce deuxième championnat du Monde avec l’équipe militaire masculine est « un privilège, mais c’est aussi une remise en question permanente. Chaque séance se termine par un débriefing où je demande ce qu’il faudrait changer, améliorer, avec toujours pour objectif d’arriver au top au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard. »

L’aventure commence samedi 19 août contre l’Australie. Comme on dit en Breton : Chañs vat !*

* Bonne chance !