De la Bretagne à La Réunion, le gendarme Maël au rythme des trails longue distance

  • Par le commandant Céline Morin et le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 09 décembre 2023
Le gendarme Maël en maillot de sport blanc portant plusieurs logos, casquette sur la tête, pose devant une bâche aux couleurs du Grand Raid de La Réunion avec sa médaille de finisher à la main.
© D.R.

Après avoir passé des années à avaler le bitume sur son deux-roues, le gendarme Maël, du Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie de Quimperlé, a troqué la pratique du cyclisme de haut niveau pour celle du trail longue distance, avec des épreuves mythiques dans son escarcelle, comme la Diagonale des fous ou encore l’Ultra-trail du Mont-Blanc.

Passionné de sport depuis toujours, le gendarme Maël est un compétiteur dans l’âme. Quand il intègre la gendarmerie en 2013, comme Gendarme adjoint volontaire (GAV) au sein du Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG) de Coutances, dans la Manche (50), il a 23 ans, et déjà une longue carrière sportive derrière lui, qui lui a forgé un mental d’acier et une appétence certaine pour « la gagne ».

Son sport de prédilection : le cyclisme, qu’il pratique depuis ses 14 ans en compétition, jusqu’à atteindre un niveau national. « Malheureusement, je n’ai jamais eu l’opportunité de passer dans le peloton professionnel, mais j’en ai conservé cette envie de compétition, avec l’envie d’aller gagner. »

Du cyclisme de haut niveau au trail

En 2017, il réussit le concours de sous-officier et intègre l’école de Châteaulin (Finistère). À la fin de sa formation, il choisit la gendarmerie mobile et rejoint l’escadron de Pithiviers, dans le Loiret (45), où il restera six ans, avant d’être affecté au PSIG de Quimperlé (Finistère) en juin 2023. Un retour aux sources pour ce trentenaire breton originaire de Lorient.

Tout en poursuivant sa carrière professionnelle, le gendarme Maël ne décroche pas du sport. Au contraire, en même temps qu’il rejoint la gendarmerie en 2013, il intègre l’équipe de France cycliste de la défense, où il représente l’Institution lors de compétitions nationales et internationales. « J’ai eu la chance d’être appelé en sélection pour plusieurs épreuves, comme le Tour du Togo, le Tour du Cameroun, le Tour de République Démocratique du Congo, de Nouvelle-Calédonie, de Martinique… »

Et puis, après 17 années de cyclisme à haut niveau, il éprouve l’envie de « découvrir autre chose » et se met au trail, « avec une préférence pour l’ultra-trail », un sport qui « se complète d’ailleurs très bien avec le cyclisme ». Un de ses rêves est de participer à une course réputée pour être la plus dure au monde : « La Diagonale des Fous », une des épreuves du Grand Raid de La Réunion. « Je regardais le départ à la télévision chaque année et je trouvais l’ambiance de cette course incroyable, vraiment magique. »

Il débute par des courses locales, de petite et moyenne distances, en Bretagne, « afin d’acquérir de l’expérience, des automatismes et la technique essentielle pour la gestion de l’effort ». Enfin, en 2019, il participe pour la première fois à cette fameuse Diagonale des Fous. Une blessure au tendon ne lui permet pas d’exprimer son plein potentiel, et même en étant finisher, son chrono, frôlant les 50 heures, ne le satisfait pas. Il décide donc d’y retourner l’année suivante, mais l’épreuve est annulée pour cause de pandémie. En 2021, le voici de nouveau dans les starting-blocks, cette fois mieux préparé. Il boucle d’ailleurs l’épreuve en 36 heures et termine, « encore frais », à la 136e position.

Double objectif en 2023 : le Trail des Ducs de Savoie et la Diagonale des fous

En 2023, il se fixe deux objectifs de taille, pour tester sa capacité à « enchaîner deux gros chantiers de niveau international » : le Trail des Ducs de Savoie (TDS), fin août 2023, une des courses du circuit UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc), affichant 153 km et 9 700 de dénivelé positif, et bien évidemment la Diagonale des fous, fin octobre.

Particulièrement dur cette année, le TDS aura mis la résilience des concurrents à rude épreuve. « Les conditions étaient dantesques, confirme le militaire. Le mauvais temps nous a accompagnés tout le long de la course. Je me suis retrouvé à plus de 2 500 mètres d’altitude avec du vent, de la neige, de la boue et quasiment -5 degrés. Jamais je n’aurais pensé me retrouver avec 10 cm de neige en plein mois d’août. » La course enregistre d’ailleurs plus de 650 abandons. Mais le gendarme Maël parviendra à aller jusqu’au bout, franchissant la ligne d’arrivée au bout de 27 heures de course et s’octroyant une très belle 98place au classement sur 1 700. « Dans ce genre d’ultra-trail, le dépassement de soi est omniprésent. Je trouve intéressant de voir que le corps humain est plutôt bien fait et que l’on est capable de le pousser loin. Quand physiquement on est dans le dur, le mental doit prendre le dessus, avec en ligne de mire la ligne d’arrivée. »

Désormais, sa préparation est centrée sur La Réunion. « Plutôt que de m’entraîner seul, je m’appuie beaucoup sur les compétitions, même si je conserve quand même des séances d’entraînement », confie le militaire, qui enchaîne ainsi les courses et les podiums, à l’instar de la 16e édition du Trail de Quéven, début octobre 2023, où il arrive en tête des 25 km, signant une 12e victoire de bon augure à moins de trois semaines de la Diagonale.

En parallèle des compétitions, il parvient à s’entraîner en moyenne trois à quatre fois par semaine environ, avec des sorties de 1 à 3 heures. « Je fonctionne surtout à la sensation, un peu à l’ancienne. Si mon corps est fatigué, je préfère récupérer. Si j’ai envie d’aller courir, j’y vais, mais si je n’en ai pas envie, je n’y vais pas. » Il doit aussi concilier sa pratique sportive avec une activité professionnelle très prenante au sein du PSIG, comprenant beaucoup de travail de nuit. « J’essaie de trouver mon rythme et de m’organiser. Pour l’instant, ça marche correctement, car j’ai la chance d’avoir un commandement et des camarades qui me soutiennent à fond, même s’ils me prennent pour un fou de courir de telles distances. » Un équilibre qu’il doit aussi trouver avec sa vie de famille.

19 octobre 2023 : top départ à La Réunion !

Le 19 octobre 2023, un coup de feu donne le top départ aux 2 900 coureurs en lice pour la Diagonale des Fous, une épreuve qui porte bien son nom, car à la distance déjà étourdissante de 166 km, s’ajoutent un dénivelé positif d’environ 10 000 mètres et autant en négatif, sans compter cette année de fortes chaleurs, frôlant les 40 degrés dans le cirque de Mafate.

Des gendarmes dans la course et autour

Quelque 70 gendarmes ont pris part aux différentes courses de cette 31e édition du Grand Raid de la Réunion, organisée du 19 au 22 octobre 2023, tandis qu’une centaine de militaires de la gendarmerie de La Réunion (cadets, gendarmes adjoints volontaires, sous-officiers et officiers) œuvraient à la sécurisation de l’événement et au secours des sportifs.

« Lors des deux précédentes éditions, il a fait chaud, mais il y avait de plus grosses variations de température entre la nuit au sommet, où on avait 4 °C, et la journée en plaine, comme à Mafate, où il faisait 35. Cette année, ça descendait péniblement à 14 degrés la nuit sur les hauteurs et on frôlait les 40 en bas. Dans le cirque de Mafate, c’était carrément horrible. Tout le monde a subi. »

La course s’avère en effet difficile pour les concurrents et les abandons sont nombreux : 700, un record ! S’il boucle une nouvelle fois l’épreuve, en 37 heures et 20 minutes, qui plus est avec un classement des plus honorables (177e sur 2 900), le gendarme Maël en garde toutefois une certaine amertume, du moins une petite déception.

Le gendarme Maël, vêtu d'un short noir et d'un maillot blanc avec les manches et le col jaunes, portant le logo du Grand Raid, pose devant des palmiers, tenant son dossard numéro 626 entre les mains.
© D.R.

« J’étais bien préparé pour boucler l’épreuve en 30 ou 32 heures et viser le top 50. En début de course, j’étais même 12e. Mais au final, cette troisième participation s’est moyennement bien passée. » Il faut dire qu’une invitée surprise est venue contrecarrer ses projets : « j’ai commencé à avoir un peu mal à la gorge à mi-parcours. Au bout de 90 km, j’étais épuisé, avec des pics de fatigue et j’ai fini à plat. Je suis rentré directement en métropole le lundi suivant l’arrivée et je me suis fait tester. Le résultat était sans appel : j’étais positif Covid. Je ne me cherche pas d’excuses, mais ça a dû jouer un peu. Ce n’est pas de bol, mais ce sont les aléas de la course. Je suis quand même fier d’avoir bouclé l’épreuve, car je suis bien conscient de l’exploit que cela représente. Mais quand on est compétiteur dans l’âme et qu’on a passé un an à se préparer, il y a quand même une certaine frustration. »

Retour sur les trails et nouveaux objectifs

Remis physiquement, Maël a repris ses entraînements dès le début novembre, avec déjà dans le viseur de nouvelles courses. Ce sera d’abord le Trail du resto, dans le Morbihan, une épreuve de 19 km qu’il boucle en 1 h 24 min et 13 sec, terminant 2e au général sur 176 coureurs et 1er de sa catégorie (M0M). Il se mesure ensuite une nouvelle fois à l’un des trails mythiques de Bretagne, Le Grand Ménestrail, disputé le 2 décembre dernier à Montoncour, dans les Côtes-d’Armor. Le gendarme parcourt les 54 km et 2 000 m de dénivelé positif en 5 h 07 min et 48 sec, s’octroyant la 6e place au général sur 704 concurrents et la 2e dans sa catégorie.

La saison des trails touche désormais à sa fin. En attendant le calendrier 2024, le gendarme breton réfléchit à ses prochains objectifs. Une nouvelle Diagonale des fous ? « C’est trop tôt, mais c’est certain, j’ai envie d’y retourner, car je veux me prouver que je vaux un top 50. Et puis l’ambiance est vraiment à part, je n’ai jamais connu ça ! Tout s’arrête sur l’île pour vivre cette course. Du départ à l’arrivée, il y a du monde tout le long pour applaudir les concurrents, quelle que soit l’heure, nuit et jour, c’est incroyable ! C’est vraiment une belle expérience ! Pour l’année prochaine, je pense que ce sera l’Ultra trail de l’île de Madère (le Madeira Island Ultra Trail / MIUT), qui se déroulera fin avril prochain au Portugal. C’est une épreuve très réputée dans le milieu du trail, avec un gros niveau international. Ça va encore être un beau challenge ! »

À noter

Le départ de la MIUT 115 sera donné de Porto Moniz le 27 avril 2024, à 00h00, pour arriver à Machico, 115 km plus loin. Cet ultra trail, qui compte plus de 7 000 m de dénivelé positif, traversera l'île de Madère d’un bout à l'autre, du nord-ouest au sud-est, en passant par les plus hauts sommets de l'île.

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