Adjudant Michaël Seillier : « Seul on n’est rien, ensemble on va très loin ! »

  • Par Pauline Hémon
  • Publié le 05 février 2023

L'adjudant Michaël Seillier et son équipe sous la tonnelle, le jour du défi.

© Facebook Elodie Seillier Cazet

En décembre 2022, l’adjudant Michaël Seillier décrochait un nouveau record du Monde, celui de l’endurance physique, récoltant à cette occasion la somme de 100 000 euros au profit de deux associations luttant contre le cancer et la mucoviscidose. Rencontre avec ce désormais quintuple recordman du Monde dans le domaine de l’effort physique, qui se prépare déjà à relever de nouveaux défis !

Un mental d’acier et des capacités physiques remarquables, voilà comment décrire en quelques mots Mickaël Seillier, adjudant au sein de la brigade de gendarmerie de Montargis, dans le Loiret, qui a battu le record du Monde d’endurance physique mercredi 21 décembre 2022. Ce défi hors normes a été relevé sur le marché de Noël de sa ville natale du Portel, dans le département du Pas-de-Calais. Sous une tonnelle installée pour l’occasion, le gendarme s’est ainsi lancé dans une série d’exploits sportifs, enchaînant ainsi 100 kilomètres à pied, 250 kilomètres à vélo, 10 000 pompes et abdos et 162 000 kg soulevés en développé-couché, le tout en un temps record de 53 heures. Cette performance lui a par ailleurs permis de récolter la somme de 100 000 euros au profit de deux associations qui luttent contre le cancer et la mucoviscidose : « La ligue contre le cancer » et l’« Association Journées Contre la Muco ». À 37 ans, le Portelois, qui a déjà battu des records du Monde dans diverses disciplines sportives, devient ainsi quintuple recordman du Monde diplômé au Guinness World Records.

Panneau d'information sur le défi sportif réalisé par l'adjudant Michaël Seillier.

© Facebook Michaël Seillier

Tout d’abord, pourquoi avoir choisi de soutenir ces causes en particulier ?

Le fils de l’un de mes très bons amis, qui est également adjudant à la brigade de Saint-Gély-du-Fesc (dans l’Hérault, NDLR), était malheureusement atteint de la mucoviscidose à la naissance. Cela m’a beaucoup touché, d’une part car je considère cet ami comme mon frère, et d’autre part car mon propre fils est né presque en même temps que le sien. C’est donc naturellement que ma famille et moi nous sommes tenus à ses côtés pour l’aider et le soutenir dans ce combat. Nous avons appris ce qu’était la mucoviscidose et avons été témoins de la difficulté de vivre avec cette maladie.

C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à réaliser quelques défis sportifs, et c’est pour cette raison que, depuis 2010, je suis un fervent défenseur de la lutte contre la mucoviscidose.

Puis, en 2015, j’ai moi-même été atteint d’un cancer de l’estomac. Je suivais alors un traitement par chimiothérapie, pour lequel je me rendais régulièrement à l’hôpital. C’est lors de ces visites que j’ai rencontré de très jeunes enfants atteints d’un cancer. Cela m’a profondément impacté, car j’ai réalisé que ces petits, âgés seulement de 1 à 3 ans, se trouvent souvent isolés et doivent en plus supporter de lourds traitements. C’est en les voyant que j’ai eu envie de leur rendre service et de trouver des solutions pour améliorer leur quotidien. Je souhaite donc montrer, en réalisant des conférences régulières avec les parents, les médecins et les enfants, que le sport peut contribuer au bien-être physique, mais qu’il peut également représenter une ouverture sociale. Mon but est de rendre les contraintes liées à la maladie plus supportables, via la pratique d’activités physiques.

Ainsi, depuis 2015, je réalise de nombreux défis sportifs en faveur de la Ligue contre le cancer et je reverse tous les bénéfices à des associations pour les enfants atteints de cette maladie.

Vous vous engagez donc avec ferveur dans le domaine caritatif, pour lequel vous vous lancez de nombreux défis sportifs. Cependant, au-delà de cet objectif, d’où vous vient cette envie de battre des records ?

Je souhaite tout simplement attiser l’intérêt des gens pour les sensibiliser aux causes que je soutiens. C’est une façon de faire entendre ma voix et de diffuser des messages d’espoir et de persévérance, tout en faisant une bonne action. J’essaie de battre des records pour attirer l’attention autour des associations et ainsi générer un maximum de dons.

Je ne cherche aucune notoriété. J’essaie simplement d’interpeller le regard des gens sur le manque que peuvent ressentir les enfants atteints du cancer. Certains traversent des difficultés quant à la prise des traitements ou à l’évolution de la maladie, c’est pourquoi je souhaite les accompagner et tenter de limiter au maximum leur souffrance. Nous essayons, mon équipe et moi, d’offrir à tous ces enfants une dose d’espoir, mais aussi, parfois, de réaliser un rêve. Nous voulons les soutenir et éviter autant que possible la négativité, afin de faciliter l’acceptation de la maladie.

Je pense aussi qu’il est important de montrer qu’une personne dans mon cas, qui a eu un cancer, peut accomplir ce genre de défi au même titre que n’importe qui. Si j’ai réussi, alors tout le monde peut réussir, voilà le message que je souhaite diffuser.

Votre record du Monde d’endurance physique individuel a été entériné par le Guinness Book des records. Pouvez-vous nous en dire plus sur les conditions pour valider un record ?

J’ai déjà quatre records du Monde à mon actif, c’est pourquoi pour ce cinquième défi, c’est l’équipe du Guinness Book des records elle-même qui m’a contacté. Mi-octobre, ils m’ont proposé de tenter de battre le record du Monde d’endurance physique, détenu par un Anglais, pour être le seul sur le plan mondial à être cinq fois recordman du Monde dans le domaine de l’effort physique. J’ai donc accepté, pour la prouesse sportive que cela représentait, mais aussi et surtout pour rendre service aux associations que je soutiens.

En revanche, pour mes précédents records, je n’ai pas été contacté, j’ai moi-même choisi de me lancer ces challenges. Pour cela, j’ai dû faire des recherches, trouver les références numériques et le contexte des records établis, afin de me mettre dans les mêmes conditions. Puis, je me suis fixé un objectif pour tenter de dépasser ces chiffres. En ce qui concerne le Guinness Book des records, c’est à nous d’apporter les preuves matérielles attestant de ce que l’on a accompli. Il faut donc se filmer, prendre des photos, contacter un huissier ou une personne de l’État faisant office de témoin afin d’approuver la réalisation du défi dans sa globalité.

La procédure habituelle pour valider officiellement un nouveau record peut prendre entre six mois et un an. Toutefois, ayant été contacté pour mon dernier record, la procédure a été beaucoup plus rapide. En effet, l’événement a été filmé en continu du 18 au 21 décembre et retransmis sous forme de live sur les réseaux sociaux. Des responsables du Guinness ont pu être présents et suivre en direct l’avancée du défi, en comptabilisant mes mouvements.

Réaliser de telles performances nécessite des capacités physiques importantes, mais également un mental solide. Comment avez-vous développé cette aptitude ?

Pour ma part, le côté mental a été largement consolidé par la maladie. Je n’ai jamais renoncé, j’ai toujours eu envie de me battre et c’est aujourd’hui une force dans toutes les situations ou épreuves de la vie.

Tous les records que j’ai battus sont des records individuels, mais ils sont le fruit d’une équipe. Certes, avoir un mental solide est important, mais selon moi, pour chaque victoire, c’est toute l’équipe qui remporte le titre avec moi. Sans nutritionniste, préparateur physique, coach ou médecin, on ne peut pas arriver à de tels résultats.

Depuis mon cancer, ma vie a été totalement chamboulée et cette force mentale que j’ai développée m’a également aidé dans mon quotidien. Par exemple, je n’ai pas arrêté mon activité professionnelle lorsque j’étais malade. J’ai également continué de pratiquer des activités sportives, telles que la natation, la boxe ou la course à pied, mais j’ai dû changer mes habitudes, m’adapter à mon nouveau mode de vie. Concrètement, je ne peux pas faire les mêmes mouvements qu’avant, mais cela ne m’empêche pas de continuer. Je travaille comme je m’entraîne, toujours à 100 %, je ne fais jamais les choses à moitié, car selon moi, la maladie ne représente pas un obstacle.

Au-delà de votre famille et de l’équipe qui vous suit et vous soutient, avez-vous également des camarades dans le milieu professionnel qui sont derrière vous pendant vos défis ?

Tout à fait. Beaucoup de camarades gendarmes me suivent dans mes aventures. Ils m’encouragent et me donnent surtout l’envie de continuer et de ne pas abandonner. Certains gendarmes entrent également en contact avec moi parce qu’ils ont déjà connu la maladie personnellement, ou l’ont traversée par le biais de leur famille. Ces témoignages montrent que malgré le côté dévastateur du cancer, qui affecte les personnes touchées et leur entourage, cela renforce et fédère les gens. Je considère cela comme un échange : les camarades qui connaissent la souffrance du cancer me soutiennent dans ma démarche, et je leur apporte en retour de la force et des ondes positives.

Au sein de l’équipe qui me suit dans mes aventures, il y a aussi trois gendarmes qui sont constamment à mes côtés. Leur présence et leur soutien jouent pour moi un rôle primordial. Cela témoigne également du côté familial de la gendarmerie que je trouve très important.

Pour finir, avez-vous des objectifs futurs ou des projets à venir dans le cadre sportif ?

Je suis inscrit à l’Enduroman, épreuve qui se déroule sous la forme d’un triathlon extrême reliant Londres à Paris. Il s’agit d’enchaîner 140 km à pied, 50 km de nage dans la Manche et 300 km à vélo. C’est un privilège pour moi, car il y a une sélection qui se fait en amont, et tous les athlètes qui le souhaitent n’ont pas la chance de participer à cette épreuve. Je suis vraiment satisfait, car tous les efforts fournis jusqu’à présent et les valeurs que j’ai essayé de transmettre payent et me permettent d’accéder à cet événement sportif. Actuellement, environ 3 000 personnes ont tenté cet Enduroman, et seulement 25 l’ont réussi. C’est une épreuve pour laquelle je vais me donner à fond, comme à chaque fois. La préparation va également jouer un grand rôle, car elle dure plus ou moins un an. Le rendez-vous est fixé en août 2024, je vais donc entamer ma préparation à partir du mois de mars 2023.

Une autre action est prévue en faveur de la mucoviscidose. Mon équipe et moi voulons tenter une ascension du Mont-Blanc avec un enfant atteint de la maladie. Ce nouveau défi est programmé pour septembre prochain.

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