Héros du quotidien : l’adjudant Marc et le maréchal des logis Johan sauvent un homme pris à partie dans une rixe

  • Par le capitaine Charlotte Desjardins
  • Publié le 14 février 2023
L'adjudant Marc et le maréchal des logis Johan
© D.R.

Le 11 avril 2022, alors qu’ils étaient en contrôle routier, l’adjudant Marc et le maréchal des logis Johan, affectés à la brigade territoriale autonome de Dinan, sont appelés sur une altercation au sein de la commune. Violemment pris à partie par une foule véhémente, ils parviennent à secourir la victime et à évacuer le secteur pour la conduire à l’hôpital. Une action courageuse qui leur vaudra d’être décorés le 16 février aux Invalides : la médaille de la gendarmerie avec étoile de bronze leur sera décernée.

 

Pour l’adjudant Marc et le maréchal des logis (MDL) Johan, rien ne laissait présager ce qui allait se passer cette journée du 11 avril. « C’était une journée normale, il faisait beau, on était en contrôle routier avec l’adjudant, tout se passait bien ! », explique le jeune MDL. Ils sont à ce moment-là en « PAM 3 », donc « premiers à marcher », mais en troisième rideau pour les interventions. C’est vers la fin du service qu’ils sont appelés à la radio pour une rixe déclenchée dans un des quartiers de Dinan. Ils se rendent donc sur place, le gendarme adjoint volontaire de 22 ans au volant. A l’arrivée l’atmosphère est plutôt calme, quelques groupes éparses se trouvent dans la rue. Les deux militaires recherchent donc le renseignement pour localiser les faits, ce qui est fait rapidement. Ils arrivent alors à hauteur de la rixe, et à partir de là tout bascule: « On aperçoit un individu au sol, pris à partie par plusieurs autres, roué de coups avec autour plusieurs dizaines d’autres individus qui attisent la situation, explique le chef de patrouille. On sort du véhicule, tout de suite mon camarade fait usage du conteneur lacrymogèneafin dedisperser cette foule et nous permettre d’accéder à la victime pour l’extraire, et le cas échéant porter les soins nécessaires à son état. »

Cependant les choses ne s’arrêtent pas là car le jeune gendarme adjoint volontaire a vu un autre danger : « Je m’approche d’eux et réalise que l’un des assaillants est porteur d’un couteau dans le dos, le deuxième individu, qui était parti à notre arrivée, revient et pointe un couteau en direction de l’adjudant ». Réfléchissant à toute vitesse sur la meilleure solution à apporter, avec beaucoup de lucidité, le maréchal des logis Johan finit par utiliser le conteneur lacrymogène grande capacité pour écarter les agresseurs. Mais le gradé se retrouve dans la trajectoire du jet de gaz, rendant un peu plus difficile sa progression. Néanmoins il parvient à en distinguer suffisamment pour se porter à hauteur de la victime avec son camarade, afin de le transporter dans le véhicule de service.

Une extraction sous le signe de l’urgence

La difficulté monte alors d’un cran car les individus qui attisaient la bagarre se ruent sur eux : tout en usant de gaz lacrymogène, le jeune militaire échange quelques coups avec eux pour se dégager et les repousser. Mais impossible de quitter les lieux, explique l’adjudant Marc « le véhicule est assailli, c’est une vraie foule qui arrive de toutes parts pour nous empêcher de partir, et donne des coups de pieds et coups de poings sur la carrosserie ». L’un des assaillants empêche le MDL Johan de fermer la porte, le tire par le bras, alors que celui-ci essaye à la fois de redémarrer et de tenir la portière tant bien que mal. Il finit par réussir à évacuer les lieux malgré ce déferlement de violence, faisant appel à toute sa volonté « je ne voyais plus rien tellement il y avait des gens sur la voiture, ils nous jetaient tout ce qu’ils pouvaient », ajoute le jeune militaire. La patrouille se rend alors immédiatement à l’hôpital afin de faire examiner la victime. Le tout a duré moins de cinq minutes.

Pendant ce temps là, les renforts arrivés sur les lieux sécurisent la zone et le calme est rétabli. Une fois les soins effectués, les deux militaires accompagnent la victime jusqu’à chez elle afin de récupérer quelques affaires et repartir avec un membre de sa famille.

« J’ai fait ce que j’avais à faire »

Bien que frappés par une montée en puissance soudaine de violence, l’adjudant et le maréchal des logis ont su immédiatement avoir les bon réflexes et adopter les bons gestes pour porter secours à la victime et se sortir de la situation. « Je reste convaincu qu’on a eu la bonne attitude. Ça a été très rapide, on voit la victime qui se fait rouer de coups sur place, il n’y a même pas à réfléchir. On ne pouvait pas attendre de renforts, il fallait y aller. [...] Le seul moyen de force intermédiaire qu’on pouvait utiliser était le conteneur lacrymogène, éventuellement le taser. On a su adapter la gradation de la force etJohan a eu les bons réflexes.», ajoute le gradé de 47 ans. Son jeune camarade renchérit « Si je devais recommencer je le ferai. J’ai fait ce que j’avais à faire et c’est tout ». Cette réaction va de pair avec l’une des raisons principales de leur choix de carrière : aider les gens, porter assistance à la population. Et ce parfois au péril de sa vie ou de son intégrité.

Décorés le 16 février comme héros du quotidien

L’adjudant Marc et le maréchal des logis Johan seront décorés pour leur action le 16 février, jour où la gendarmerie honore ses héros du quotidien. La médaille de la gendarmerie avec étoile de bronze leur sera remise, au premier par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, au second par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. L’adjudant reconnaît que c’est une fierté « je ne m’y attendais pas, c’est agréable de voir son travail félicité. Ça nous conforte aussi dans le fait d’avoir bien agi sur cette intervention, car on se pose toujours la question a posteriori, tout en soulignant le travail d’équipe, je suis très fier de mon camarade, je lui dois beaucoup ». Quant au jeune MDL, qui a intégré la gendarmerie dès qu’il l’a pu et a réussi le concours de sous-officier, il a encore du mal à réaliser : « je ne suis pas quelqu’un qui fait les choses pour les récompenses, je ne m’y attendais pas. Bien sûr je suis fier ! ».

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