Plongeuse et technicienne en investigation subaquatique
- Par Angelina Gagneraud
- Publié le 14 avril 2016

La MDC Karine Bilski, de la brigade nautique de Lézardrieux, est technicienne en investigation subaquatique. Elle nous présente son métier, dans l'eau, palmes aux pieds.
La fraîcheur est bien présente. 9 °C en moyenne sous la surface. De même que la houle, le fort courant, la mauvaise visibilité… Rien de tout cela n'est une légende lorsque l'on évoque les eaux bretonnes. Les conditions sont parmi les plus rudes de métropole. Karine, la plongeuse à l’accent chantant, s'en accommode avec le sourire : « J'aime quand ça bouge ! Dans l'eau et au travail, il me faut de l'activité, de la variété. » Adrénaline et importance de sa mission, telles sont les motivations qui l'habitent lorsqu'elle enfile sa combinaison bleue : « Lorsque nous remontons le corps d'un être cher, les familles sont soulagées. Elles peuvent enfin faire leur deuil.»
Des conditions de plongée souvent difficiles
En 2009, elle est devenue plongeuse professionnelle puis Technicienne en investigation subaquatique (Tis). Outre les missions inhérentes à tous les personnels des brigades nautiques, Karine coordonne également des équipes de plongeurs en tant que technicienne. Lorsqu'elle était en poste à Crozon (29), elle a eu à traiter une affaire qui sortait de l'ordinaire : « Le médecin légiste nous avait appelés car elle était en train d'autopsier un corps, repêché dans le port de Brest, mais… il lui manquait la tête. » Plusieurs plongeurs de la région s'étaient alors réunis pour retrouver cet élément manquant. « La coupe du cou était nette, le médecin suspectait un suicide. »
Le port brestois étant très vaste, les plongeurs avaient d'abord sondé une zone où une fine corde pendait d'un pont. Finalement, les équipes avaient trouvé des armes dans une poche plastique. « Rien à voir avec l'affaire mais une trouvaille inopinée qui a ouvert sur une autre enquête. » Afin de réorienter les recherches, la MDC Bilski avait proposé de retourner sur les lieux où le corps avait été vu flottant. « Nous nous sommes tous positionnés en ligne, les uns à côté des autres, en tenant une barre métallique.
Pour communiquer entre nous, nous frappions dessus selon un code. » Deux coups, « part-ez. », les plongeurs avançaient. Trois coups, « ar-rê-tez. », tous stoppaient. Une succession de coups ? « Trouvé ! » Karine confie que les conditions étaient particulièrement difficiles et le moindre mouvement superflu faisait remuer de la vase qui empêchait toute visibilité. « Nous nous entraînons à gérer notre stabilité sous l'eau, à évoluer au rythme de nos respirations. » Passé la surprise des enquêteurs restés à terre de voir remonter la partie manquante du corps, les remerciements envers les techniciens subaquatiques ne s'étaient pas fait attendre.
PTS en profondeur
Un Tis est l'équivalent d'un Tic (Technicien en identification criminelle) mais il évolue dans un milieu quelque peu différent. La police technique et scientifique effectuée dans l'eau n'en est pas moins rigoureuse. Les constatations réalisées dans le milieu sont primordiales : « Un tatouage dans l'eau reste visible, alors qu'en surface, du fait de la décomposition des tissus, il s'efface en une quinzaine de minutes. » De même, une arme s'oxyde rapidement.
Une fois l'objet découvert, le Tis balise le lieu au plus près de l'élément par des cônes numérotés auxquels sont attachés des « parachutes/bouées » qui remontent à la surface. Tout le protocole est respecté : « Quelques photographies, puis nous conditionnons l'arme dans son élément pour les relevés d'empreintes ou autres études de type balistique. Enfin, nous remettons au directeur d'enquête une pièce de procédure précise, qui reprend toutes nos constatations. »
Différents relevés d'eau sont effectués, près de l'objet, à la surface, en amont et en aval. « Les experts peuvent savoir précisément si le corps s'est noyé ici ou ailleurs, grâce à des colonies de bactéries propres à chaque milieu. »
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Si le protocole de police judiciaire est respecté à la lettre, celui du temps de plongée l'est également. « Plonger est exigeant. Nous chronométrons notre temps selon des tables qui ne nous quittent jamais. Nous nous entraînons en toutes conditions, été comme hiver, pour nous aguerrir mais il faut savoir se préserver et toujours travailler en sécurité. »
Les conditions de plongée ne sont pas les seuls dangers sous la surface. « En début d'année, un plongeur civil a découvert plusieurs obus sous le pont de Lézardrieux. Avec mes camarades, nous sommes allés confirmer la trouvaille puis, le temps que les plongeurs-démineurs les fassent exploser, nous avons empêché la navigation sur la zone. On a ressenti la déflagration à plusieurs centaines de mètres. Le jour de mon anniversaire, je m'en souviendrai ! »
ZOOM SUR
La spécialité vous intéresse ? Toute unité territoriale peut faire appel aux plongeurs par un message de demande de moyens pour des recherches dans des puits, étangs, lacs, rivières… Les brigades nautiques sont situées sur tout le territoire et ont une compétence régionale, voire zonale. Pour devenir plongeur, il faut répondre à un message d'appel à volontaires et réussir les premiers tests en région. S'ensuit un cursus comprenant la formation de pilote d'embarcation, celle de plongée à Saint-Mandrier et enfin le volet judiciaire du métier à Antibes. Tous les plongeurs suivent la formation Tis au cours de leurs premières années en unité nautique.
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